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Publié le 28 déc. 2023 à 16:02Mis à jour le 28 déc. 2023 à 18:30
En Pologne, ceux qui espéraient une transition politique en douceur en sont pour leurs frais. A peine le nouveau Premier ministre, Donald Tusk, a-t-il pris des fonctions, le 13 décembre, que le conflit avec le président de la République, Andrzej Duda, a éclaté au grand jour.
Les deux hommes sont à l’opposé de l’échiquier politique polonais, de plus en plus polarisé. Duda, élu chef de l’Etat en 2015, est issu du PiS, le Parti Droit et justice qui était à la tête du gouvernement pendant huit ans , jusqu’aux élections législatives d’octobre. Une formation nationaliste, très conservatrice sur le plan des moeurs, et qui a multiplié les conflits avec les institutions européennes. Son mandat court jusqu’en 2025.
Mainmise sur les médias
Tusk, le chef du gouvernement, est à la tête d’une coalition allant de la gauche modérée à la droite modérée qui est plus progressiste, libérale politiquement et favorable à une coopération étroite avec Bruxelles et les autres Etats membres de l’UE.
La première grande crise de la nouvelle ère Tusk s’est cristallisée sur la question brûlante des médias . Dans l’opposition pendant huit ans, Donald Tusk et ses alliés n’ont cessé de dénoncer la mainmise du PiS sur l’audiovisuel public.
Les médias contrôlés par l’Etat « ont été transformés en porte-voix de la propagande gouvernementale », a estimé Reporters sans frontières dans un rapport en 2020. Le gouvernement nationaliste a aussi orchestré le rachat d’un groupe de presse régionale par le géant public de l’énergie Orlen.
Droit de véto
Dès son arrivée à la tête du gouvernement, Donald Tusk a commencé par limoger d’un coup tout l’état-major de l’audiovisuel public. Le PiS ne s’est pas laissé faire. De hauts responsables politiques du parti ont occupé les locaux de la télévision. Andrzej Duda a estimé que le gouvernement ne respectait pas « l’ordre public » et l’accuse de « violer la Constitution ». Un organe contrôlé par les partisans du PiS a nommé une direction différente de celle qui a été désignée par le gouvernement.
Duda va aussi exercer son droit de véto pour bloquer les mesures budgétaires du nouveau gouvernement, y compris celles concernant le financement des médias publics. La constitution polonaise attribue au président de la République un large droit de véto, que seule une majorité des deux tiers des parlementaires peut désamorcer. Or Donald Tusk et ses alliés ne jouissent pas d’une telle majorité. Duda a annoncé qu’il présenterait au Parlement ses propres mesures budgétaires.
« Attachez vos ceintures »
Cette première utilisation du véto présidentiel augure très mal de la cohabitation entre les deux hommes forts de la Pologne. « Mes attentes et mes espoirs envers les actions du président ont fortement diminué récemment », a déclaré Donald Tusk mercredi. Les tensions sont vives, également, avec le gouverneur de la Banque centrale, nommé par le PiS. Le ministre des Finances a tenté de calmer le jeu en assurant, la semaine dernière, qu’il « respecterait l’indépendance » de la Banque.
Le nouveau Premier ministre tente d’avancer malgré tout. Le Parlement a mis en place des commissions d’enquête sur certaines décisions prises par le PiS ces dernières années, en particulier des marchés publics passés pendant la crise sanitaire. Avec le risque de donner l’impression de « régler les comptes » avec le gouvernement sortant.
Compétences partagées
La Pologne va aussi adhérer au Parquet européen de Luxembourg, ce que le PiS refusait de faire. Le gouvernement espère que cette décision contribuera à débloquer les fonds européens gelés par la Commission de Bruxelles pour non-respect de l’Etat de droit. L’annulation des réformes judiciaires du PiS, accusées d’avoir mis le système judiciaire sous tutelle, fait partie des sujets sur lesquels Andrzej Duda a de fortes chances d’opposer son véto.
«La restauration de l’Etat de droit est l’un des domaines de conflit potentiel entre Duda et le gouvernement, estime Weronika Kiebzak, du think tank Polityka Insight. Des difficultés pourraient aussi se faire jour en matière de politique étrangère, où les compétences du président et du gouvernement sont partagées et se chevauchent souvent». « Attachez vos ceintures », a lancé Donald Tusk mardi.
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