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Pas un jour sans un coup d’éclat. Depuis un mois, le dictateur nord-coréen Kim Jong-un enchaîne les provocations militaires et les discours bellicistes, au point de pousser certains experts aguerris à mettre en garde les puissances de la région contre l’imminence d’un conflit catastrophique dans la péninsule.
Jeudi, le régime a confirmé, dans ses médias d’Etat, qu’il avait bien testé la veille une nouvelle génération de missiles de croisière stratégiques de type « Pulhwasal-3-31 », qui doit venir compléter l’arsenal militaire développé avec de plus en plus d’intensité, en complète violation des interdictions formulées par l’ONU.
Des discours bellicistes
Fin 2023, le pays avait réussi la mise en orbite d’un premier petit satellite espion pour traquer les mouvements de troupes ennemies. A la mi-janvier, son armée a lancé un missile hypersonique à carburant solide et procédé à des tirs d’artillerie à munitions réelles près de la frontière maritime avec le Sud. La semaine dernière, Pyongyang a encore affirmé, sans le prouver, qu’il avait testé un « système d’armement nucléaire sous-marin » capable de répondre aux manoeuvres navales sud-coréennes.
Ces mises en scène d’essais d’armes, dont certaines sont potentiellement capables de détruire des cibles en Corée du Sud, au Japon et même aux Etats-Unis, s’accompagnent d’une rhétorique de plus en plus jusqu’au-boutiste.
Accélérer les préparatifs
Dénonçant « la crise incontrôlable » provoquée par Washington et Séoul, qui organisent des exercices militaires conjoints, Kim Jong-un a récemment demandé à son armée d’accélérer ses préparatifs en vue d’un conflit qui pourrait, selon lui, éclater à tout instant. Rejetant toute perspective de dialogue avec Séoul, le leader, tout juste âgé de 40 ans, vient d’expliquer que la Corée du Sud était désormais le « principal ennemi » du Nord.
Dans la foulée, il a démantelé ses administrations dédiées à la réunification et aux contacts avec le Sud et vient même de faire dynamiter l’arche de la réunification, un grand monument construit en 2000, lors d’une période de détente entre les deux nations, sur la route allant de Pyongyang à la zone industrielle de Kaesong, développée avec l’aide du Sud mais aujourd’hui fermée.
Pointant cette agressivité et l’intensification du thème de la guerre dans la propagande interne au régime, deux experts reconnus des enjeux coréens, Robert Carlin et Siegfried Hecker, ont affolé les chancelleries en affirmant dans une note du 11 janvier que Kim Jong-un « avait pris la décision stratégique d’entrer en guerre ».
« Nous ne savons pas quand ni comment Kim prévoit d’appuyer sur la gâchette, mais le danger va déjà bien au-delà des avertissements habituels de Washington, Séoul et Tokyo concernant les ‘provocations’ de Pyongyang », écrivent les deux analystes sur le site du Stimson Center, 38North.
La perspective du retour de Trump
Leur alarmisme ne fait toutefois pas l’unanimité. « Si la situation est effectivement inquiétante, Kim Jong-un est plutôt en train de faire monter les tensions dans la perspective de l’arrivée d’une nouvelle administration Trump aux Etats-Unis », explique Alastair Morgan, l’ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Corée du Nord.
Kim Jong-un sait très bien qu’une guerre aurait des conséquences catastrophiques pour la survie même de son régime.
Edward Howell Chercheur à l’Université d’Oxford
Pyongyang, qui s’est beaucoup rapproché de la Russie de Vladimir Poutine, aurait compris qu’il n’obtiendrait aucune concession, ni aucune considération, de l’administration Biden et tente donc de réveiller progressivement l’intérêt de Washington, dans l’espoir d’obtenir, peut-être, de nouvelles négociations et une levée potentielle des multiples sanctions économiques qui étouffent son pays. « Mais il le fait tout en affirmant que son pays n’abandonnera jamais ses armes nucléaires », remarque l’expert, désormais en poste au Tokyo College.
Le risque d’un incident
Sur cette même ligne, Edward Howell, un chercheur de l’Université d’Oxford, estime que la proximité de l’élection présidentielle américaine (novembre) et des législatives sud-coréennes (avril) pousse Pyongyang à multiplier les provocations. « La politique étrangère de la Corée du Nord est certes imprédictible mais elle n’est pas irrationnelle », insiste l’expert qui voit le clan Kim suivre une « stratégie de la délinquance » enchaînant les phases de menaces et les offres de dialogue.
« Kim Jong-un sait très bien qu’une guerre aurait des conséquences catastrophiques pour la survie même de son régime », insiste Edward Howell, qui ne voit pas Pyongyang enclencher un mécanisme suicidaire.
S’ils ne croient pas à la décision délibérée d’ouvrir un conflit, les experts reconnaissent que la multiplication des provocations sur la frontière avec le Sud et l’intransigeance du président conservateur sud-coréen Yoon Suk-yeol, qui ne peut pas se permettre d’apparaître faible avant les élections, pourrait devenir périlleuse. « Le risque d’un incident qui dégénérerait est maintenant très élevé », prévient Alastair Morgan.
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