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Publié le 2 nov. 2023 à 9:51Mis à jour le 2 nov. 2023 à 14:10
Astana un 1er novembre. La capitale du Kazakhstan , dont la construction a commencé il y a trente ans, est sous une tempête de neige. Le cortège présidentiel parcourt à vive allure les immenses artères de cette ville-champignon, née au milieu de la steppe, file entre les gratte-ciel tentaculaires, staliniens ou en verre, entre les mosquées gigantesques en béton et les constructions grandiloquentes plus kitsch les unes que les autres.
Direction le palais présidentiel où Emmanuel Macron retrouve son homologue kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev. L’homme, qui recevra le président turc Recep Tayyip Erdogan le lendemain et le hongrois Viktor Orban ensuite, est particulièrement courtisé ces temps-ci.
La soif de métaux critiques
« Le Kazakhstan est de loin le pays d’Asie centrale avec lequel l’Union européenne et la France commercent le plus, notamment parce qu’il dispose de matières premières telles que le pétrole et l’uranium. Ce pays éveille, en parallèle, un intérêt de plus en plus prononcé pour ce qui concerne les terres rares, illustré par la conclusion d’un accord d e partenariat avec l’UE en novembre 2022, en marge de la COP 27 à Charm el-Cheikh.
Le potentiel de l’Asie centrale en général en matière de terres rares n’a pas non plus échappé aux Etats-Unis, dont le président Joe Biden a affiché des ambitions claires en présence de ses homologues centre-asiatiques, tous reçus à New York en septembre dernier », rappelle Michaël Levystone, chercheur associé au Centre Russie-Eurasie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Olaf Scholz, le chancelier allemand, a lui aussi reçu les cinq chefs d’Etat d’Asie centrale fin septembre pour les mêmes raisons.
A Astana, Emmanuel Macron a rappelé l’intérêt pour la France de ces métaux critiques, indispensables à la transition énergétique puisqu’ils permettent entre autres de produire les aimants nécessaires aux batteries, dans les smartphones ou les voitures. Et le besoin de « sécuriser les approvisionnements » qui a abouti à la signature d’un accord entre les deux pays. La Chine est en effet en position ultra-dominante dans ce domaine.
La volonté de s’émanciper
Mais il y a aussi raison géopolitique à ce voyage du président français, qui s’est aussi rendu en Ouzbékistan, moins riche que son voisin mais plus peuplé. « Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan sont les deux pays d’Asie centrale les plus frondeurs vis-à-vis de la Russie et de la guerre lancée par Vladimir Poutine en Ukraine, le 24 février 2022. S’ils s’abstiennent systématiquement, depuis, de voter les résolutions des Nations unies sur ce sujet, comme tous les autres pays de la région, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan laissent transparaître, dans les faits, une certaine réprobation de l’action conduite par le Kremlin en Ukraine », souligne Michaël Levystone.
D’ailleurs, le président français a tenu à remercier Kassym-Jomart Tokaïev pour ses « positions sur la guerre en Ukraine et sur la lutte contre le contournement des sanctions ». Le Kazakhstan compte en effet 3 millions de Russes ethniques sur son territoire et la langue russe est couramment utilisée par la totalité des 20 millions d’habitants.
La longue frontière avec la Russie
D’où une crainte, attisée par des proches de Vladimir Poutine, tel que le philosophe Alexandre Douguine, de faire bouger la frontière avec le pays, la plus longue du monde entre deux Etats. Interrogé par des étudiants d’une université d’Astana, Emmanuel Macron leur a expliqué que « si nous étions faibles avec la Russie, cela serait une très mauvaise nouvelle pour tous les pays qui ont une frontière avec ce pays ».
Xi Jinping s’en inquiète aussi. Lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai qui s’est tenu en septembre 2022 à Samarcande, le président chinois a assuré les dirigeants kazakhs du soutien de la Chine pour la défense de leur intégrité territoriale. « La Russie était le seul pays contre lequel cette garantie avait un sens », explique l’historien ukrainien Serhii Plokhy, professeur à Harvard, dans son dernier ouvrage, publié en septembre dernier.
Entre deux géants
Doté d’un territoire grand comme cinq fois la France, peu peuplé et pris entre deux géants, la Russie et la Chine , le Kazakhstan qui n’a que trente ans d’existence doit gérer finement sa relation avec ses encombrants voisins. Le président français y voit le refus de « la vassalisation derrière quelques puissances » et la volonté « de construire des partenariats multiples et équilibrés avec plusieurs d’entre elles ». Autant dire que, vu le poids économique et militaire des deux puissances, le chemin sera long et difficile , s’il se concrétise un jour. En 2021, la Russie restait encore de très loin le premier fournisseur du pays avec 42 % de ses importations.
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