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Publié le 7 déc. 2023 à 9:05
Quel est le principal enjeu du sommet UE-Chine de cette semaine ?
Dans un contexte de surcapacité industrielle chinoise, les Européens veulent plus de réciprocité entre les deux marchés pour établir une concurrence plus équitable et renforcer leurs exportations. Les Européens se montrent prêts à utiliser leurs instruments de défense commerciale face à un marché chinois de plus en plus verrouillé par les clauses de contenu local et les réglementations contraignantes. Après l’ouverture de l’enquête anti-subventions sur les véhicules électriques chinois , d’autres enquêtes sont évoquées s’il n’y a pas de signaux d’ouverture de la part de Pékin.
En plein ralentissement économique, la Chine est plus dépendante encore de la demande européenne. Cette interdépendance pousse à saisir cette fenêtre d’opportunité pour obtenir plus d’accès au marché chinois pour les entreprises européennes, y compris dans le secteur des services.
On a vu, après que Washington a imposé des restrictions d’exportation au spécialiste néerlandais de semi-conducteurs ASML, qu’une logique de rétorsion peut vite se mettre en place…
Les Etats-Unis ont imposé deux séries de restrictions aux exportations d’ASML vers la Chine, en juin et en octobre. La réponse de Pékin a été immédiate avec des contrôles sur ses exportations de graphite, en plus de ceux exercés sur le gallium et germanium, annoncés dès juillet. Il y a bien un risque d’escalade de mesures de rétorsion.
C’est pourquoi il faut recadrer le dialogue entre l’UE et la Chine autour de l’objectif commun de lutte contre le changement climatique. L’UE a un intérêt vital à conserver ses accès aux composants stratégiques pour la fabrication des technologies vertes . Les Européens veulent des garanties contre de possibles initiatives chinoises qui ralentiraient la transition énergétique de l’UE.
La Chine sera aussi au coeur de la stratégie de « sécurité économique » que la Commission doit adopter début 2024 ?
Oui, mais plus largement la sécurité économique sera un objectif transversal de la prochaine Commission . Il s’agira d’abord de renforcer la coordination et les exigences du contrôle des investissements étrangers entrants, ce qui implique plus de coordination des Etats membres dans l’appréciation des risques.
Il y a aussi l’enjeu du contrôle des investissements sortants. C’est un chantier plus complexe encore qui doit aboutir à un nouvel instrument. Il faut définir le périmètre des technologies concernées, pour lesquelles on veut empêcher des transferts de propriété intellectuelle, tout en évitant un effet négatif sur la compétitivité des entreprises européennes.
L’agenda de « derisking » de l’UE par rapport à la Chine est-il déjà en cours ou encore à ses prémices ?
Le derisking, vous le voyez déjà à l’oeuvre cette année dans le fort recul des investissements directs des entreprises européennes en Chine, par rapport au niveau élevé de 2022. Cette frilosité s’explique moins par le ralentissement de la demande interne chinoise que par un cadre réglementaire de plus en plus discriminatoire et évolutif. Les sondages auprès des entreprises européennes révèlent une volonté de diversification en Asie du Sud-Est.
Mais ce mouvement ne comporte-t-il pas, lui aussi, des risques ?
Il faut prendre garde, en effet, à ne pas investir dans des entreprises de pays voisins de la Chine qui utilisent beaucoup des composants chinois, sinon on déplace à peine le problème en créant de fortes dépendances indirectes.
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