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Face à l’inflation, de plus en plus de Parisiens louent une pièce vide de leur appartement comme « chambre privée » sur Airbnb. Entre charge mentale et belles rencontres, deux hôtes racontent leur quotidien.
« Ils ont accès à toutes les pièces, à part ma chambre évidemment ». Romain a 31 ans, il est artiste en freelance et depuis sept mois, il loue sa deuxième chambre, inutilisée, via la plateforme Airbnb. Et il n’est pas le seul, puisqu’à Paris, 20% des logements proposés sur le site Airbnb sont des chambres privées. Un chiffre en hausse de 13% sur un an selon l’entreprise américaine, qui s’explique notamment dans un contexte d’inflation.
Une étude du cabinet de conseil économique Astères commandée par Airbnb rapporte qu’avec un revenu médian de 3916 euros, les hôtes Airbnb ont vu leur pouvoir d’achat augmenter de 6,6%, soit plus d’un point supplémentaire par rapport à l’inflation. Romain le reconnait: grâce à sa chambre en location, les hôtes peuvent gagner l’équivalent « d’un smic, voire deux pour certains ».
Pour Romain, l’argent n’était cependant pas le seul motif pour s’inscrire sur la plateforme. « A la base, l’argent je m’en fichais, ce n’était pas du tout ça l’objectif, c’était vraiment de rencontrer des gens », explique-t-il. Quand il achète son appartement avec deux chambres, il a dans l’idée de prendre un ou une colocataire. « Je travaille en freelance, je n’ai pas forcément de collègues, je rencontre très peu de gens », reconnaît-il.
Alors, quand l’expérience « coloc » se passe mal, il se tourne vers Airbnb: « j’ai des gens qui se relaient absolument tout le temps ».
« Je rogne sur une partie de ma vie intime »
Sur l’appli, les hôtes ont la possibilité de bloquer certaines dates. Romain a décidé de garder les réservations « ouvertes tout le temps » et de mettre des conditions d’annulation « très cools ». « Ça ouvre beaucoup plus de réservations et l’algorithme met le profil en avant quand les conditions sont favorables pour Airbnb », confie Romain. Une charge de travail lourde qui « se marie très bien » avec son mode de vie freelance.
Mais être disponible H24 pour ses locataires a aussi un coût. « Je rogne sur une partie de ma vie intime, ça vient avec des contraintes », reconnait Romain.
Des contraintes que Julien [le prénom a été modifié, ndlr] essaie de limiter. A 57 ans, ce fonctionnaire célibataire s’est lui lancé dans l’aventure Airbnb pour des raisons financières. « Ca me paye mes charges de copropriété, ma taxe foncière, mon électricité, même une partie de mon alimentation. Sans Airbnb, j’aurais du mal », confie-t-il. A la différence de Romain, il ferme donc régulièrement ses réservations pour « préserver [sa] santé mentale ».
« Il y a des moments où je ferme les réservations parce que je suis fatigué. Le maximum que je peux tenir, c’est 20 nuits dans le mois », analyse Julien.
Même s’il essaye de « garder ses distances », il reconnaît tout de même que « c’est de l’humain ». « Je passe du temps à leur demander ce qu’ils veulent faire et à les guider dans le quartier, je les emmène au marché, explique-t-il. Je n’ai rien à voir avec les locations touristiques, qui font du cash pour du cash ».
« On nous demande un service exceptionnel »
Derrière le contact, recevoir chez soi très régulièrement demande une logistique au cordeau. Lessives, ménage à répétition, la charge mentale d’une chambre privée se ressent pleinement.
Romain a le statut de « Superhôte ». Une aubaine, puisque l’algorithme d’Airbnb pousse son annonce dans les premières et le petit badge, qui donne confiance aux voyageurs, permet d’augmenter le prix de la chambre. Mais ces avantages se payent cher. Pour le garder, il faut répondre à des critères très précis: répondre en une heure aux nouvelles demandes au risque d’être déclassé ou encore ne jamais annuler.
« Si jamais j’ai un imprévu, il faut que je me débrouille, on nous demande un service exceptionnel », explique Romain.
« Le monde entier débarque chez vous », remarque Julien. Pour lui, le plus difficile à gérer, ce sont les différences culturelles. « Je reconnais qu’il y a des nationalités sur lesquelles je suis plus réservé, dévoile-t-il, les Américains, c’est l’enfer! » Des anecdotes négatives sur les Américains, Julien n’en manque pas. Problèmes d’hygiène, « odeur pestilentielle », bruits forts au milieu de la nuit, meubles abimés.
« La semaine dernière, je suis tombée sur une américaine du Texas, complètement disjonctée. A 4h00 du matin, elle était tellement ivre qu’elle n’arrivait pas à faire le code d’entrée, et quand je lui ai ouvert, elle a essayé de m’embrasser », se remémore Julien.
« En amitié pérenne »
Pour se protéger, Julien a mis en place des règles. « Dans mon annonce, je verrouille tout ce que je peux verrouiller, sinon Airbnb ne me protège pas », explique-t-il. Pas de visiteurs extérieurs, interdiction de faire du co-working dans la chambre, horaires d’arrivée et de départ précis, interdiction de faire des aller-retours dans la nuit, interdiction de faire la cuisine, pas de remboursement intégral en cas d’annulation…
« Je ne suis pas un hôtel », se défend Julien.
Romain, lui a très peu de règles, et n’a d’ailleurs jamais vécu de très mauvaise expérience avec des guests. Ne pas fumer, ne pas ramener une personne extérieure et ne pas marcher sur le parquet avec ses chaussures. « Ils ont accès à toutes les pièces, sauf ma chambre évidemment », rappelle-t-il. Quelle que soit la situation à laquelle ils ont été confrontés, les deux hôtes sont unanimes sur le soutien d’Airbnb. « Plusieurs fois j’ai appelé Airbnb pour des problèmes avec des voyageurs, ils m’ont rappelé tout de suite et ont été réactifs et bienveillants », se remémore Julien.
Malgré ses aventures parfois rocambolesques au milieu de son quotidien de freelance, Romain ne regrette pas son choix. Avoir une chambre privée sur Airbnb a beaucoup d’aspects positifs.
« Principalement ce que j’en retire, c’est que ça se transforme en amitié pérenne », explique le jeune homme. Il se remémore une voyageuse de Malaisie, la cinquantaine, venue avec ses enfants. « On a parlé des heures et des heures, elle m’a offert le restau tous les jours. On a connecté sur le thème du deuil et elle m’a dit que ça l’avait énormément aidée ». Aujourd’hui, Julien est toujours en contact avec elle, « elle m’a même invité en Malaisie ».
Avec les JO, jackpot en vue?L’arrivée des Jeux Olympiques à Paris en 2024 attire du monde sur le marché des meublés touristiques et des chambres privées, même si Airbnb n’a pas encore communiqué de chiffres sur la hausse des mises en location.Ce qui est déjà connu en revanche, ce sont les tarifs. En forte hausse sur cette période, du moins sur les annonces. L’appât du gain va même très loin puisque, d’après Romain, pour la période des JO 2024, il connaît « des amis qui vont énormément augmenter leurs prix, allant jusqu’à 1000 euros la nuit ». »Ils pensent que ca va être le jackpot financier mais ils vont tomber de haut, ils ne se rendent pas compte du travail que ça demande », tempère Julien. Reste aussi à voir si les voyageurs souscriront réellement à de tels tarifs.
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