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la dépêche de l’Agence France-Presse (AFP) a titré « 118 femmes tuées en 2022, chiffre quasi stable », avant de synthétiser le « bilan » publié ce samedi par le ministère de l’Intérieur. Comment peut-on évoquer la stabilité quand une femme est tuée tous les deux ou trois jours sous les coups de son petit ami, conjoint ou ex-compagnon ? Et que cette fréquence perdure, quatre ans après le Grenelle des violences conjugales, dont on célébrait ce dimanche le 4e anniversaire.
Depuis 2006, date à laquelle a commencé officiellement le funèbre recensement, les femmes représentent toujours plus de 80 % des victimes de mort violente dans le couple. Cette année, « nous soulignons une légère baisse car chaque vie compte », a commenté la ministre chargée de l’égalité femmes-hommes Bérangère Couillard, dans un communiqué. L’an dernier, quatre femmes de moins que l’année précédente ont péri, et depuis 2019 le sommet de 146 féminicides n’a plus été atteint. Pour autant, les tentatives d’homicides au sein du couple ont gravement augmenté (45 %) et là encore, leur cible est constituée en large majorité de femmes. Les auteurs sont toujours à 84 % des hommes.
des classements sans suite systémiques
Comme le confirme le dernier féminicide recensé, survenu jeudi dans un village de Savoie au vu et au su de tous, l’agresseur est souvent connu des services de police. Pour 31 % de ces victimes de meurtre, ce n’était pas la première fois qu’elles subissaient des violences dans leur foyer ; 65 % d’entre elles avaient déjà porté plainte. « Certaines femmes tuées avaient déjà signalé des faits de violences : il y a eu des failles dans la réponse judiciaire, pas assez de mesures de protection ou de suivi, beaucoup trop de plaintes sont classées sans suite. Les sanctions sont insuffisantes au regard des violences subies », a réagi Françoise Brié, directrice de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), association qui gère le numéro d’appel d’écoute et d’orientation 3919.
« Depuis toujours, on n’octroie pas assez de budget à la justice mais en particulier pour les violences faites aux femmes », complète l’avocate spécialisée Violaine de Filippis. Celle qui est aussi porte-parole de l’association Osez le féminisme ! dénonce un manque de formation des personnels de justice et de police sur ces questions-là et souligne les biais sexistes qui imprègnent autant la société que les institutions : « Les classements sans suite sont systémiques parce qu’ils résultent de notre culture judiciaire. »
Comment réussir enfin à infléchir la courbe des féminicides ? En investissant dans l’éducation des plus jeunes, la formation continue des magistrats, des avocats, des policiers, des médecins sur les violences sexuelles et sexistes. En priorisant ces questions et en octroyant enfin des moyens, réclamés sans relâche par les associations féministes. « Dans un rapport à sortir fin septembre, la Fondation des femmes a chiffré que, depuis le Grenelle des violences conjugales, le budget dépensé par l’État pour chaque femme victime de violences accompagnée a baissé de plus de 25 %. Si le budget de l’État a augmenté depuis 2019, il n’a pas suivi l’explosion des demandes d’accompagnement », alerte la Fondation des femmes. L’association vient de lancer une collecte d’urgence. Son objectif : pallier la pingrerie dangereuse de l’État et reverser 1 million d’euros aux associations les plus en difficulté.
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