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Publié le 22 sept. 2023 à 21:11Mis à jour le 22 sept. 2023 à 21:12
Le Roi George, comme l’avaient surnommé les Italiens, est mort. Et avec la disparition de Re Giorgio, qui fut, jusqu’en 2015, le président de la République italienne, c’est une page de l’Histoire du pays qui se tourne. Celle de sa première République qui a vu le jour en 1946 et sera marquée, pendant près d’un demi-siècle, par l’affrontement entre la Démocratie-Chrétienne et le Parti Communiste.
Giorgio Napolitano, né à Naples en 1925, s’inscrit au Parti Communiste Italien à tout juste vingt ans. Le choix du PCI est tout naturel pour le jeune homme, engagé pendant la Seconde Guerre mondiale dans la Résistance au régime de Benito Mussolini. Si la littérature, le théâtre et la poésie sont ses passions, sa vie sera placée sous le signe de la politique. Il décroche dès 1947 une licence en droit avec une thèse d’économie politique sur l’absence de développement industriel du Mezzogiorno après l’unité de la Péninsule.
Député communiste durant plus de trente ans
Mais c’est sur les bancs du Parlement et non sur ceux de l’Université qu’il rêve de s’asseoir. De 1953 à 1963, ce père de deux fils est élu une première fois député dans la circonscription de Naples. Puis, il sera réélu, sans discontinuer, de 1968 à 1996. C’est le début d’une brillante carrière qui le propulse aux postes les plus éminents au sein de son parti comme des institutions de la République.
Giorgio Napolitano adhère au « courant réformiste » du PCI. Cette aile modérée du parti prône une « voie italienne vers le socialisme », via des réformes progressives et avec l’aide des partis socialistes, inspirés par les partis sociaux-démocrates européens. En 1956, il soutient pourtant l’écrasement de l’insurrection de Budapest par les chars soviétiques, n’hésitant pas à la qualifier de « contribution à la paix mondiale ». Commence néanmoins un travail d’autocritique qui le portera cette fois à condamner la répression du Printemps de Prague par l’URSS en 1968. Giorgio Napolitano intègre alors le comité national du PCI, devenant un de ses dirigeants les plus influents.
Un visa pour les Etats-Unis
Au cours des années 1970, il est, aux côtés du secrétaire général Enrico Berlinguer, l’artisan d’une évolution réformiste du PCI, prônant un dialogue plus soutenu avec les social-démocraties européennes. Les deux hommes sont persuadés que le courant eurocommuniste permettra au PCI d’évoluer, remettant en cause la conception soviétique du communisme.
Des liens sont tissés avec la RFA de Willy Brandt qui mène alors une Ostpolitik synonyme de détente avec le bloc de l’Est. En 1978, Giorgio Napolitano est le premier dirigeant du PCI à obtenir un visa pour se rendre aux Etats-Unis, et tenir des conférences au sein d’instituts et d’universités, dont Harvard.
Un notable de la République
Durant la décennie 1980 Giorgio Napolitano conquiert l’Assemblée Nationale. Il devient président du groupe des députés communistes, le premier parti d’opposition, de 1981 à 1986, et siège à la Commission des Affaires étrangères de 1984 à 1992.
L’année 1992 est celle où il occupe le perchoir de Montecitorio. C’est le troisième politicien issu des rangs du PCI promu à ce poste prestigieux. Il s’y fait respecter et apprécier par tous pour sa modération malgré la période trouble : à l’époque, l’Italie est secouée par l’effondrement de la Première République à la suite de l’opération Mains Propres qui dévoile au grand jour la corruption la gangrenant. C’est aussi la période des attentats mafieux et de l’arrivée sur la scène politique de Silvio Berlusconi .
Ministre de l’Intérieur
En 1996, Romano Prodi arrive au pouvoir et le nomme ministre de l’Intérieur, premier titulaire anciennement communiste de ce ministère régalien. Il le dirigera jusqu’en 1998, date de la chute de son gouvernement. L’année suivante Giorgio Napolitano retrouve les bancs du parlement européen où il avait été élu de 1989 à 1992. Il préside notamment la commission des affaires constitutionnelles jusqu’en 2004.
Deux ans plus tard s’ouvre la succession du président Carlo Azeglio Ciampi qui refuse de briguer un second mandat. Les regards se tournent alors vers celui qu’il a nommé quelques mois plus tôt sénateur à vie : Giorgio Napolitano. Il devient le premier ancien communiste à accéder à la magistrature suprême.
L’Europe, « seconde patrie » des Italiens
Dans son discours d’investiture le 15 mai 2006 cet européen convaincu réaffirme l’importance de l’engagement de l’Italie vis-à-vis de l’UE, qu’il présente comme la « seconde patrie » des Italiens. Il réclame aussi « plus de justice et de cohésion sociale » et souligne l’importance de l’unité du pays ou encore de la réforme de ses institutions.
Il se donne pour objectif de « changer le climat politique », et veut favoriser un dialogue constructif entre la majorité, souvent fragile, et l’opposition. Une tâche à laquelle il s’attèle avec sérieux au cours de son mandat marqué par le retour de Silvio Berlusconi au pouvoir, avec des débats de société clivants qui divisent le pays mais aussi la crise de la zone euro ou encore l’émergence de mouvements populistes tels que le M5S.
Réélu malgré lui
Garant de l’unité nationale, il joue un rôle de stabilisateur de la vie politique transalpine affichant un flegme total malgré l’exacerbation des tensions. A l’issue de son premier septennat en 2013, Re Giorgio est réélu malgré lui. Du jamais vu dans l’Histoire de la jeune République Italienne. Le pays est plongé dans une crise politique à l’issue d’élections législatives incertaines. Et il accepte, pour aider à le sortir de l’impasse de prolonger son mandat, ne faisant cependant pas mystère de son intention de quitter sa fonction bien avant la fin de son second terme en raison de son grand âge et de sa santé. Il démissionne en 2015.
A la présidence, Giorgio Napolitano aura vu se succéder cinq présidents du Conseil, dont Silvio Berlusconi, Mario Monti ou encore Matteo Renzi. Après avoir quitté le pouvoir, il s’était cantonné dans son rôle de Vieux sage de la politique italienne. Très certainement l’un des derniers.
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