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[AVIS D’EXPERT] Avec la hausse des taux, la contraction du recours au crédit par les ménages s’accélère et pourrait amener à un « credit crunch ». Décryptage avec notre expert Guillaume Almeras, fondateur du site de veille et de conseils Score Advisor.
Dans la récente publication de la Fédération bancaire française (FBF) fournissant les derniers chiffres sur les crédits aux particuliers, apparaissent plusieurs chiffres alarmants.
La publication se veut pourtant rassurante: certes, en France, la production de crédits à l’habitat et à la consommation ralentit mais elle reste positive en volumes en septembre 2023 (respectivement de +1,8% pour les crédits à l’habitat et de +1,9% pour les crédits à la consommation). Et, à cet égard, la France fait mieux que ses principaux voisins.
Pourtant, les perspectives ne sont guère flatteuses: 3,9% des ménages envisagent de souscrire un crédit immobilier au cours des prochains mois. Ils étaient 4,8% fin 2021. Et qu’apprend-on surtout? Qu’en France moins de 43,4% des ménages (chiffre à fin 2022) détiennent au moins un crédit.
Il est probable que ce pourcentage sera à peine remarqué. Il est pourtant très inquiétant. Au début des années 90, près de 53% des ménages français détenaient au moins un crédit. Au cours de la décennie, ce pourcentage ne fut pas inférieur à 49,1% (en 1995). Il s’est dégradé ensuite, à partir de 2010. Mais en 2016, 46,4% des ménages français accédaient encore au crédit. Pour en arriver à 43,4% aujourd’hui, un chiffre jamais vu depuis au moins trente ans.
Chute des crédits à la consommation
C’est pour le crédit à la consommation que les chiffres sont les plus impressionnants: 30,2% des ménages détenaient ce genre de crédit en 2005. Ils étaient encore 27,4% en 2019 et ils sont moins d’un quart aujourd’hui (21,8% en 2022).
A écouter les récents propos du gouverneur de la Banque de France, la faute serait surtout imputable aux banques – les suspects habituels – dont les refus de crédit seraient trop nombreux et trop sévères.
Pourtant, les chiffres de la FBF montrent assez exactement le contraire. Pour sauver leur production de crédits immobiliers, les banques en allongent considérablement les délais de remboursement. La durée moyenne des crédits octroyés s’établit ainsi à un niveau rarement observé: 21,6 ans en octobre 2023. La même durée moyenne était de 13,6 ans en 2001. Le mois dernier, 63,7% des prêts bancaires à l’accession à la propriété ont été octroyés sur une durée comprise entre 20 et 25 ans, alors qu’en 2019 le poids relatif de cette tranche s’établissait à 46%.
Les conditions d’accès au crédit ont donc moins changé que la capacité des ménages à y faire face.
Il y a une quinzaine d’années, avec le renforcement drastique des contraintes réglementaires encadrant les crédits bancaires, notamment en termes d’exigence de fonds propres, beaucoup alertèrent sur le risque d’un « credit crunch », c’est-à-dire sur le risque que les banques ne soient plus en mesurer d’assurer la même production de crédits qu’auparavant. Une prédiction qui fut vite oubliée dès lors que rien ne se produisit de tel. Mais dans un contexte de taux d’intérêt exceptionnellement bas, ce qu’on oublia sans doute également. Avec la remontée des taux, ce credit crunch paraît bien être en train de se produire sous nos yeux, sans qu’on ne le remarque encore vraiment.
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