[ad_1]
Le rinçage des plaquettes de semi-conducteurs nécessite une quantité importante d’eau potable. Or dans la région de Grenoble les projets d’extension des industriels locaux vont encore considérablement augmenter les besoins en eau.
« De l’eau, pas des puces ». Le slogan scandé par des centaines de manifestants, samedi 6 avril à Grenoble, résume à lui seul les raisons de cette mobilisation. Organisée à l’appel du collectif « Stop Micro », les différents blocages et manifestations, qui se sont poursuivis jusqu’à ce lundi, visent à contester une nouvelle fois le projet d’extension de l’usine locale de STMicroelectronics. Implanté à Crolles, au nord-est de Grenoble, le fabricant de composants électroniques franco-italien entend en effet doubler sa capacité de production de plaquettes 300 mm, composants clé des semi-conducteurs, d’ici à 2035.
À 2km de là, à Bernin, Soitec, un autre spécialiste des semi-conducteurs prévoit de construire une nouvelle unité de production de 2.000 m2.
Considérée comme la Silicon Valley tricolore de l’électronique, la région grenobloise abrite de nombreuses activités du secteur et notamment des usines dédiées à la production de semi-conducteurs. Ces puces intègrent de nombreux appareils du quotidien, des smartphones aux voitures et avions en passant par les machines à laver
« Sur une journée, chaque personne utilise environ 250 puces électroniques présentes dans son environnement (téléphone, automobile, cafetière, bouton d’ascenseur, moyen de transport, électroménager, etc.), peut-on lire dans le dossier de concertation portant sur le projet.
Mais, et c’est la principale raison des protestations contre les projets d’extension industriels, la production des semi-conducteurs est particulièrement gourmande en eau. C’est d’ailleurs pour bénéficier d’une eau de montagne en grande quantité que ces entreprises ont choisi de s’implanter dans la région, comme le souligne le site de Novethic.
Une hausse de 190% des besoins en eau
Lors du processus de fabrication, le rinçage des plaquettes de puces représente l’étape la plus consommatrice d’eau. D’autant que celle-ci doit être réalisée à l’aide d’une eau potable afin de ne causer aucune imperfection sur ces éléments. Pour fabriquer ses semi-conducteurs, STMicroelectronics s’approvisionne donc auprès du réseau public de la métropole grenobloise.
Or, en doublant sa capacité de production, l’entreprise va aussi accroître ses besoins en eau. C’est précisément ce qui avait déclenché la colère des militants écologistes dès l’été 2022, lors de l’annonce de la construction d’une « mégafab » à Crolles, conjointement avec l’Américain GlobalFoundries. D’autant qu’elle intervenait en plein épisode de sécheresse.
« Il faut 1.700 litres pour rincer une seule plaquette de silicium », prévient le collectif « Stop Micro 38 » sur son site.
« Le projet sera source de consommation d’eau supplémentaire. Le dossier indique qu’à terme, le site consommera jusqu’à 1 400 m³/h soit 33 600 m³/jour30, ce qui représente une augmentation d’environ 190 % par rapport à la consommation de 2021 », souligne de son côté la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) dans un avis publié en 2022.
Plus que les seuls projets d’extension de STMicroelectronics et de Soitec, c’est plus largement la gestion et l’usage à vocation industrielle des ressources qui est interrogé.
« Nos efforts nous ont permis de recycler 43% de l’eau utilisée à Crolles en 2022. En 2023, ST Crolles vise un taux de recyclage de l’eau de 49%. L’ambition du site est de passer à un taux supérieur à 60% et devenir un des premiers sites de semi-conducteurs en Europe à recycler ses eaux usées pour la fabrication d’eau ultra-pure », se défend STMicroelectronics.
Mais le collectif « Stop Micro 38 » dénonce des mesures cosmétiques. « Les « 60% de recyclage » annoncés par l’industriel ne diminuent pas sa consommation d’eau, car il n’y a pas de recyclage chez STMicroelectronics, juste une « réutilisation » de l’eau qui sert à la climatisation des salles (25% de sa consommation) », estime l’organisation.
7,5 milliards d’euros d’investissement
Après une enquête publique menée à l’été 2023, la Commission nationale du débat public a décidé d’organiser une concertation publique. Menée du 22 mars au 19 avril prochain, cette concertation a déjà été marquée par le départ de plusieurs organisations de défense, dont StopMicro et Confédération paysanne Isère. Ils ont notamment dénoncé un « simulacre de concertation », rapporte le Dauphiné Libéré.
La construction de la méga-fab représente un total de 7,5 milliards d’euros d’investissement, dont 2,9 milliards doivent être débloqués par l’Etat français. Selon ST Microelectronics, un millier d’emplois directs et 3.000 emplois indirects devraient être créés. Bien que critiqué, le projet s’inscrit dans le cadre du « Chips Act » qui prévoit notamment de doubler la production des semi-conducteurs au sein de l’Union européenne d’ici à 2026.
Un objectif d’autant plus important que ce marché en pleine croissance est aujourd’hui dominé par l’Asie. Au total, 70% de la capacité de production mondiale de ces puces électroniques se trouve en Corée du sud, à Taïwan et en Chine, selon l’organisation professionnelle des semi-conducteurs.
[ad_2]
Source link