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Début 2014, alors que le président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovytch vient d’être chassé du pouvoir, des « petits hommes en vert », des militaires masqués et sans insignes, s’emparent de la Crimée. Parmi eux, des soldats de sociétés militaires privées russes. Quelques mois plus tard, quand la guerre entre séparatistes pro-russes et troupes loyales à Kiev éclate dans le Donbass, plusieurs centaines puis milliers de paramilitaires russes sont en première ligne.
En sous-traitant sa politique étrangère à des groupes privés, que le Kremlin qualifie de « groupes de volontaires », Moscou peut mener une guerre couverte chez son voisin tout en niant son implication. Fort de ce premier succès, la Russie décide de ne pas en rester là. Plusieurs contingents de mercenaires sont déployés en Syrie pour soutenir le régime de Bachar Al Assad, puis un peu partout dans le monde. Le Slavonic Corps, puis Wagner ou E.N.O.T. Corp subissent des pertes que la Russie n’est pas prête à assumer avec son armée régulière. Ces groupes se structurent et, comme le note le Center for Strategic and International Studies, font main basse sur un important trésor de guerre, des gisements de pétrole ou de gaz.
Le catalyseur ukrainien
Avec l’invasion de l’Ukraine fin février 2022, le recours aux groupes paramilitaires privés s’accélère. « Les milices pullulent depuis à peu près un an, depuis qu’on a de sérieux doutes sur le succès de « l’opération militaire spéciale » russe, confirme Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Iris et auteur de « Géopolitique de la Russie ».
Si Prigojine et Wagner accaparent toute la lumière, d’autres groupes combattent plus discrètement sur le champ de bataille. La Task Force Rusich, groupe paramilitaire néonazie connu pour ses exactions, est ainsi déployée en Ukraine . La société pétrolière Gazprom a également des hommes sur place. Plus étonnant encore, « la Confrérie orthodoxe, qui serait plus ou moins liée à l’Eglise russe », combattrait également sur place, selon Stephen Hall, de l’Université de Bath, au Royaume-Uni.
Alors que Wagner échappe au pouvoir russe, le Kremlin « cherche vraisemblablement à développer et à parrainer d’autres sociétés militaires privées pour à terme [le] remplacer », indiquait une note du renseignement britannique publiée le 4 avril dernier. Patriot, un groupe paramilitaire très proche de Sergueï Choïgou, le ministre de la Défense russe – objet des invectives les plus crues de Prigojine – prend ainsi de l’ampleur en Ukraine. Ramzan Kadyrov a de son côté envoyé les Kadyrovtsy, les membres sa garde personnelle, sur le front.
A couteaux tirés
« Les régions russes frontalières à l’Ukraine ont récemment eu le feu vert pour créer leurs propres groupes paramilitaires. Et d’autres régions du centre de la Russie ont également décidé de créer les leurs. Il s’agit d’un secteur en plein essor en Russie à l’heure actuelle… » soutient Stephen Hall. Avec toutes ces factions armées, la Russie prend de plus en plus l’allure d’un Etat féodal. « On peut l’interpréter de deux façons : il y a une fragmentation qui ressemble parfois aux prémices d’une lutte entre différents clans qui fourbiraient leurs armes pour l’après, décrypte Lukas Aubin. Mais on peut aussi imaginer que cette multiplication des clans et des milices pourrait arranger Poutine parce qu’elle divise les élites, qui cherchent à plaire au prince avec des succès sur le terrain ».
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