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(BFM Bourse) – Vinfast, Arm ou Birkenstock… De plus en plus de sociétés cèdent aux sirènes d’une cotation en dehors de leur place boursière d’origine, et notamment aux Etats-Unis. La recherche de visibilité et d’une base d’investisseurs plus solides sont les principaux arguments cités par ces entreprises pour justifier cet « exil ».
Vinfast, ARM, Birkenstock… Ces trois entreprises de secteurs bien différents ont un point commun, celui d’avoir tenté l’expérience boursière hors de leurs frontières. La première société est un constructeur automobile vietnamien dont les premiers pas en Bourse ont plus qu’été remarqués en août dernier. Vinfast a rejoint Wall Street en fusionnant avec une SPAC,arm une coquille vide cotée dont le but est de racheter une société pour faciliter son introduction en Bourse.
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Créée en 2017, la société espère se faire une place aux Etats-Unis en proposant des modèles moins chers que son célèbre rival Tesla et un système de location mensuelle de la batterie, censé faire baisser la facture pour le client. Mais jusqu’à présent, la société n’a jamais dégagé le moindre bénéfice, d’après CNBC. Le jeune parcours boursier de la société a connu une forte volatilité. Après des débuts tonitruants, le titre évolue autour de 12 dollars sur le Nasdaq à Wall Street, bien loin du record atteint à 82 dollars fin août.
« La moitié des IPO aux États-Unis proviennent de l’étranger »
Autre introduction remarquée, celle du groupe de semi-conducteurs Arm, une division du conglomérat japonais Softbank, lui-même présent dans la téléphonie et les services d’accès à Internet. Arm est une société britannique qui avait été rachetée en 2016 par Softbank, et qui a ainsi snobé la Bourse de Londres pour son retour en Bourse au bénéfice de Wall Street. Il s’agit de la plus grande introduction en Bourse (IPO) de l’année à Wall Street et même dans le monde, et de l’une des plus importantes dans le secteur technologique depuis celle d’Alibaba à New York en 2014.
« La moitié des introductions en Bourse aux États-Unis au premier semestre de cette année provenaient de l’étranger, un record absolu, avec en tête des sociétés chinoises, canadiennes et israéliennes. Ces sociétés viennent pour trouver une base d’investisseurs plus importante, qui peut mieux comprendre leur activité, avec des titres plus comparables, et qui est souvent prête à payer une évaluation plus élevée », explique Ben Laidler, global market strategist chez Etoro.
C’est d’ailleurs le futur pari de Birkenstock. Le fabricant de sandales allemand autrefois mal-aimé compte sur son regain de popularité pour garantir le succès de son introduction en Bourse à Wall Street et lever plus de 1,5 milliard de dollars à cette occasion. La marque a en effet collaboré avec des grands noms du luxe tels que Dior, Valentino ou Givenchy. Birkenstock a surtout profité d’une formidable exposition dans le film à succès de cet été, Barbie. Les tenues portées par l’actrice Margot Robbie sont devenues des pièces iconiques de mode, dont le modèle Arizona en cuir velours de couleur Light Rose de la marque Birkenstock.
« Le timing de ce placement de produit n’aurait pas pu être plus parfait: il ne profite pas seulement de l’engouement marketing autour du blockbuster de cet été. Il attire également à nouveau l’attention sur le fabricant allemand de chaussures juste avant son entrée en Bourse prévue aux États-Unis », rapportait cet été le quotidien économique allemand Handelsblatt.
La tentation de la double cotation
Une fois exilées, certaines entreprises européennes songent à renouer avec leurs racines. C’est le cas du parfumeur américain Coty (mais d’origine française), qui a fait ses premiers pas sur le compartiment professionnel de la Bourse de Paris le 28 septembre dans le cadre d’une double cotation. Coty est en effet présent à Wall Street depuis 2013. Le groupe fondé à Paris en 1904 mais qui était solidement ancré aux Etats-Unis, avait dès le printemps dernier manifesté son souhait de se rapprocher de l’Europe pour gagner en visibilité.
Et c’est Paris, terre de ses origines, qui a été privilégié par Coty en vue de renforcer sa présence en Europe et « d’offrir un moyen supplémentaire d’atteindre les investisseurs inexploités du marché », expliquait la société en mai dernier. Le groupe compte ainsi s’offrir une vitrine supplémentaire en étant présent à Paris, la Ville Lumière étant considérée comme l’épicentre du luxe mondial.
D’ailleurs, ce secteur est clairement le secteur dominant, avec une capitalisation cumulée représentant 35% au total du CAC 40 en intégrant LVMH, Hermès, Kering mais aussi le groupe de cosmétiques L’Oréal, aussi désignés sous l’acronyme « KHOL ». Ce chiffre passe à 38,56% en ajoutant EssilorLuxottica, parfois intégré dans ce secteur par les analystes financiers couvrant le luxe.
« Paris est le berceau historique de la beauté, et le secteur exerce toujours un attrait particulier sur les investisseurs de la région », soulignait Peter Harf, président de Coty.
Dans ce secteur du luxe, Prada songe aussi à une double cotation en Europe, un peu à la manière de Coty. La société a reconnu en juillet que s’introduire à la Bourse de Milan constituait une possibilité mais a quelque peu tempéré les ardeurs en assurant qu’il ne s’agissait pas d’une priorité stratégique.
« Une double cotation en Europe ouvrirait l’action à un nouveau groupe d’investisseurs et augmenterait potentiellement la liquidité si la famille était disposée à vendre un peu plus de sa participation à un moment donné sans être diluée », appréciait HSBC dans une note consacrée à la griffe italienne. Le flottant actuel de la société ne se situe qu’à 20%…
Le difficile exil des sociétés françaises à l’étranger
Les valeurs françaises sont elles aussi tentées par l’aventure hors de nos frontières pour gagner en visibilité. Dès les années 1990, plusieurs sociétés tricolores ont souhaité être cotées aux Etats-Unis en plus d’être présentes à Paris. Ou tout simplement sans être cotées au préalable à Paris comme Business Objects, un pionnier du data mining, qui est entré dès 1994 sur le Nasdaq en levant modestement une trentaine de millions de dollars. En 2008, la société a fait l’objet d’une offre publique d’achat (OPA) amicale du géant SAP, pour près de… 4,8 milliards d’euros.
Le Nasdaq est en effet la terre d’accueil privilégiée de ces sociétés à la pointe de l’innovation en mal de visibilité et d’investisseurs en capacité de comprendre leur modèle économique. C’est notamment le cas des sociétés biotechnologiques qui peuvent accéder à des financements plus importants grâce à un écosystème plus réceptif de l’autre coté de l’Atlantique.
La dernière en date est Abivax, qui a annoncé en début de semaine avoir déposé son document d’enregistrement Form F-1 auprès de la SEC, le gendarme boursier américain, dans le cadre de son projet d’introduction en Bourse aux Etats-Unis. La société spécialisée dans la modulation de la réponse immunitaire chez les patients souffrant de maladies inflammatoires chronique avait annoncé en août dernier ce projet de cotation outre-Atlantique en vue de trouver les fonds nécessaires pour son traitement contre la maladie de Crohn.
Abivax est cotée à la Bourse de Paris depuis juin 2015 pour développer ses vaccins thérapeutiques contre le Sida et l’hépatite B, avant de se spécialiser dans les maladies inflammatoires et de l’intestin.
Avant cette société, plus d’une dizaine de sociétés françaises se sont lancées en Bourse outre-Atlantique. Et pour la plupart, dans le secteur des biotechnologies à l’image de DBV Technologies, qui a voulu chercher des fonds supplémentaires pour financer la poursuite du développement de son traitement de l’allergie aux arachides, Viaskin Peanut. Ou Cellectis, le spécialiste des outils d’édition du génome pour le traitement de maladies graves qui fait son entrée en 2015 sur le Nasdaq, huit ans après son introduction à Paris.
Et le succès n’est pas au rendez-vous pour la plupart de ces sociétés, comme nous l’évoquions dans un précédent article consacré au parcours boursier de ces rares entreprises ayant tenté l’expérience d’une cotation aux Etats-Unis.
Sur l’ensemble des biotechs tricolores cotées outre-Atlantique, ces dernières ont vu leur cours de bourse baisser en moyenne de 80% par rapport à leur cours d’introduction, dont les plus lourds replis sont essuyés par les biotechs comme Cellectis, DBV Technologies ou Biophytis qui perdent plus de 90% (*) sur le Nasdaq.
Le cas L’Occitane à Hong Kong
Les Etats-Unis ne sont pas la seule terre d’exil qui a la préférence des sociétés françaises. Rappelons que le groupe tricolore L’Occitane a privilégié en 2010 la place financière de Hong Kong pour accroître l’exposition du groupe (fondé en 1976) au marché asiatique, son premier client, qui représentait alors 40% de ses ventes entre avril et décembre 2009. L’Occitane qui détient les marques Melvita ou Erborian, devenait ainsi la première société française à se faire coter à Hong Kong.
« L’image de L’Occitane en Asie, la part importante de l’Asie dans les ventes consolidées ainsi que les fortes perspectives de développement de cette région expliquent le choix de la place de Hong Kong », avait expliqué Reinold Geiger pour justifier son choix. En 2010, le contexte de marché en Europe était aussi différent. L’Europe boursière se débattait avec la crise de la dette grecque, qui menaçait de s’étendre à l’ensemble de l’Union européenne.
Un retour de L’Occitane en Europe était aussi dans les tuyaux. En juillet, Bloomberg News a affirmé en juillet que son président Reinold Geiger étudiait les options pour racheter les titres de la marque qu’il ne possède pas encore, en faisant appel à une société holding qui détenait plus de 70% de ses actions.
Il avait étudié la possibilité d’une nouvelle cotation de L’Occitane en Europe dès l’année prochaine et même à Paris croyait savoir Bloomberg. Mais ce scenario a été balayé d’un revers de mains quelques semaines plus tard. Son actionnaire majoritaire a finalement abandonné l’idée de retirer le groupe de cosmétiques de la Bourse de Hong Kong.
(*) cours arrêtés au 5 octobre 2023
Sabrina Sadgui – ©2023 BFM Bourse
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