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Publié le 11 déc. 2023 à 18:52Mis à jour le 11 déc. 2023 à 19:19
A Dubaï, c’est la consternation qui régnait quelques heures après la publication d’un nouveau texte par la présidence de la COP28, ce lundi après-midi. En tout cas au sein des délégations des pays les plus volontaristes, qui avaient nourri l’espoir d’une formulation assumée sur la sortie des énergies fossiles . Le projet précédent comportait des options plus ou moins fortes en ce sens, évoquant explicitement une « sortie progressive » des fossiles, avec plus ou moins de technologie.
Au grand dam des pays les plus allants, dont l’Union européenne et la France, mais aussi la coalition des petites îles (Aosis) ou des pays d’Amérique latine comme la Colombie, une telle mention explicite est absente du nouveau texte. Celui-ci évoque une « réduction rapide » du charbon « unabated » (c’est-à-dire dont les émissions ne sont pas compensées par la technologie), et la « réduction de la consommation des énergies fossiles […] avant ou autour de 2050 ».
Espoir retombé
Mais aussi toute une liste de technologies que pourraient utiliser les pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre : les renouvelables, le nucléaire, le stockage de carbone, la production d’hydrogène bas carbone. « Ce texte comporte des messages contradictoires », commente Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Iddri. « Il empile les priorités des différents pays, mais la clarté du signal se perd en cours de route… ».
Même si les fossiles sont effectivement mentionnées pour la première fois lors d’une COP, il ne s’agit que de les « réduire ». Et l’échéance de 2050 paraît beaucoup trop lointaine. « On a besoin d’un signal fort à court terme, car tout se joue au cours de cette décennie », rappelle la spécialiste. Même sur le charbon, le texte revient en arrière par rapport à la COP26 de Glasgow, qui mentionnait une « sortie progressive ».
L’espoir qu’avait suscité la version précédente du texte, parmi certains pays et ONG, est retombé comme un soufflet lundi après-midi. A la sortie des salles de réunion des délégations ou devant le média center, les réactions ne se sont pas fait attendre.
La ministre espagnole Teresa Ribera, qui représente l’Union européenne, a jugé le texte « clairement insuffisant ». Pour Agnès Pannier-Runacher, qui a beaucoup oeuvré en coulisses pour pousser un texte ambitieux, il comporte « des éléments qui ne sont pas acceptables en l’état, nous ne pouvons pas accepter ce qu’il contient sur le mix énergétique », a-t-elle déclaré, évoquant notamment le retour en arrière sur le charbon, ou le fait que les technologies comme le stockage de carbone soient réservées aux seules émissions impossibles à supprimer.
Condamnation à mort
Les Etats-Unis ont également estimé que le texte devait être « substantiellement renforcé », en particulier sur la question des énergies fossiles. Quant aux représentants des petites îles, ils sont consternés. « Nos voix ne sont pas entendues », a dénoncé le ministre samoan Cedric Schuster, qui préside l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis). « C’est une condamnation à mort pour les îles Marshall », a de son côté rappelé John Silk, le ministre des Ressources naturelles et du Commerce de l’Archipel.
Du côté des ONG et de la société civile, le ton est moins policé. « C’est un véritable coup de machette , réagit l’un d’eux en coulisses. Ce texte, c’est le festival des mauvaises idées… ».
Toute la question désormais est de savoir si ce nouveau texte, présenté par la présidence émiratie au terme de plusieurs jours de pourparlers diplomatiques, peut retrouver une certaine ambition. Au risque, sinon, de ne pas parvenir à un consensus et de terminer la COP sans accord.
« Nous avons fait des progrès mais nous avons encore beaucoup à faire », a déclaré lundi soir Sultan Al Jaber, qui veut terminer la COP28 mardi à 11 heures (locales) – un objectif jugé intenable par certains négociateurs. Les chefs des délégations des 195 parties, qui ont été convoqués à 21 heures (18 heures, heure de Paris lundi) à huis clos pour un ultime round de négociations, semblent bien partis pour une nuit blanche.
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