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Publié le 1 déc. 2023 à 7:34
Près de 80.000 participants, c’est le chiffre record du nombre de visiteurs attendus cette année à la COP28 de Dubaï. Près du double de l’an passé à Charm el-Cheikh. Pourtant certains, dans la société civile, ont choisi de ne pas y aller et de boycotter l’évènement.
C’est le cas de plusieurs chefs d’entreprises engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique en France, dont 180 ont signé une tribune dans « Le Monde » fin septembre. Parmi eux, le président de la Camif, Emery Jacquillat, ou encore l’entrepreneur Gilles Babinet, un habitué des COP qui, cette fois, restera à Paris. « Cette COP ne peut entériner qu’un compromis moins-disant. Face à l’urgence de la situation climatique, les logiques incrémentales finissent par nous mener dans le mur », pointe-t-il pour expliquer sa décision.
Politique de la chaise vide
La principale motivation de ce boycott tient au choix des Emirats arabes unis comme lieu d’accueil de la COP. Parmi les premiers pays producteurs de pétrole de la planète, les Emirats ont choisi comme président de la COP le PDG de la compagnie pétrolière nationale, Adnoc.
Si le choix de Dubaï divise toujours une bonne partie des multiples acteurs qui travaillent sur le réchauffement climatique, cette politique de la chaise vide n’a pas fait beaucoup d’émules. Y compris parmi les ONG, notamment le Réseau action climat, qui regroupe des ONG de tous les pays dans le monde.
« Bien sûr, il y a des interrogations et des inquiétudes sur ce que va être cette COP, mais lorsque nous avons interrogé les membres de notre réseau dans les pays du Sud, leur réponse a été claire : « le boycott est un luxe que nos pays ne peuvent pas se permettre ». L’urgence climatique est telle dans ces régions du monde qu’ils ne peuvent pas perdre une pareille occasion d’obtenir des avancées dans la lutte contre le réchauffement climatique », raconte Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau action climat.
« Une COP des fossiles »
Le boycott est d’autant plus problématique pour ces ONG que cette COP n’est pas anodine. Deux points majeurs doivent y être discutés : le bilan mondial avec les engagements des pays en termes d’émissions pour les prochaines années, et un fonds « pertes et préjudices » pour aider les pays les plus vulnérables au changement climatique.
« Ce sera une COP des fossiles », estime Gaïa Febvre. Ce qui veut dire à la fois que les industriels du pétrole seront très présents – les lobbyistes du secteur des énergies fossiles étaient déjà plus de 600 lors de la dernière COP, dont 200 directement intégrés aux équipes de négociation des pays – et en même temps, qu’il ne sera pas possible de laisser ce sujet de côté, tant il est existentiel pour un pays comme les Emirats.
Une opération de « greenwashing »
Le boycott est aussi jugé sévèrement par ceux qui estiment que les entreprises, et notamment les plus émettrices de gaz à effet de serre, ne peuvent pas être laissées de côté, et qu’elles font partie, qu’on le veuille ou non, de la solution. « Si on méprise les pays producteurs de pétrole pour rester entre ‘gens de bonne compagnie’, on ne va pas aller très loin », estimait dans un post récent le politologue et spécialiste du climat François Gemenne.
Pour Nicolas Pereira, partisan du boycott et président du World Impact Summit, qui s’exprimait il y a quelques jours sur le sujet, « il s’agira pour les Emirats arabes unis d’une opération XXL de greenwashing ». La tentation est en effet grande de mettre en avant les sujets qui conviennent aux pays du Golfe – les investissements dans les énergies renouvelables, la compensation des émissions via les marchés carbone ou encore le captage de CO2 – pour mieux éviter le sujet qui fâche : la sortie des énergies fossiles . Un point de vigilance qui n’a pas échappé à la grande majorité des ONG qui ont décidé de se rendre sur place.
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