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Publié le 13 déc. 2023 à 7:19Mis à jour le 13 déc. 2023 à 10:19
Les nuits blanches ont payé. Cinq minutes à peine après l’ouverture de la plénière finale de la COP28, son président Sultan al Jaber a annoncé, sous une salve d’applaudissements, que le texte principal de la 28e conférence de l’ONU pour le climat était adopté. Une décision « historique pour accélérer l’action climatique », s’est-il félicité.
Ce texte, le « bilan mondial » de l’Accord de Paris, comporte, pour la toute première fois dans une décision de COP, la mention d’une sortie des énergies fossiles. Cheffe de file de la délégation française, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a salué « une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique ».
« Le texte appelle pour la première fois à la sortie progressive des énergies fossiles, en cohérence avec l’objectif de 1,5 degré. C’est la première fois que tous les pays convergent sur ce point », a-t-elle également déclaré.
Texte de compromis
Ce nouveau texte avait été publié un peu après 7 heures du matin ce mercredi. La présidence avait manifestement travaillé toute la nuit, en rencontres bilatérales avec les 195 Etats membres. S’assurant ainsi d’un accord de chacun, et permettant ce dénouement inattendu.
Comme il fallait s’y attendre, c’est toutefois un texte de compromis. Sultan al Jaber s’était fixé comme objectif d’obtenir une mention des énergies fossiles, et en avait fait l’un des marqueurs du succès de la grand-messe climatique onusienne.
Subtiles nuances
Après le tollé suscité par le texte publié lundi soir jugé beaucoup trop faible par de nombreux pays, l’accord ne mentionne toutefois pas la sortie progressive (« phase out ») des fossiles. Il « invite » les pays à « engager leur transition en dehors (« transition away », NDLR) des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément aux préconisations scientifiques ».
« Phase out », « transition away » : au-delà des débats sur la façon de traduire ces termes en français, les nuances subtiles qui existent entre les deux termes reflètent la difficulté à sortir de l’impasse où les négociations semblaient s’enliser. Face au volontarisme du bloc constitué de l’Union européenne, des petits Etats insulaires (Aosis), et de certains pays d’Amérique latine, qui poussaient pour une formulation ambitieuse, les pays producteurs de pétrole, Arabie saoudite en tête, ne voulaient pas en entendre parler. Avec cette nouvelle formulation, Sultan al Jaber a réussi à rallier les extrêmes.
Chaque mot du texte a été pesé, de manière à prendre en compte les lignes rouges de chaque partie et obtenir le consensus. Il appelle à accélérer la transition « dans cette décennie cruciale » – une exigence des pays les plus volontaristes, face à l’urgence. Il évoque également le triplement des capacités mondiales d’énergies renouvelables et le doublement de l’efficacité énergétique d’ici à 2030, la réduction du charbon (déjà actée à la COP26 de Glasgow), la fin des subventions inutiles aux énergies fossiles.
Surtout, il laisse la porte ouverte aux technologies permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre, citant « entre autres, les renouvelables, le nucléaire, les technologies d’élimination des émissions comme la capture et le stockage du carbone, particulièrement dans les secteurs difficiles à décarboner, ou la production d’hydrogène bas carbone ». De quoi laisser les pays libres du choix de la façon dont ils réduiront leurs émissions.
Soulagement, mais…
Après le texte publié lundi soir, les ONG et la société civile se disent plutôt soulagées. « C’est un progrès incontestable : même si le langage retenu est un peu plus doux que phase out, il reflète bien la notion d’une sortie des énergies fossiles », relève Caroline Brouillette, directrice du Réseau action climat pour le Canada. « Le terme phase out était devenu tellement totémique, il fallait trouver autre chose, pour moi c’est plus fort que phase down [réduction progressive] », abonde Romain Ioualalen, de Oil Change international.
Beaucoup regrettent toutefois que le texte n’aille pas assez loin, et continue à mentionner le stockage de carbone , qu’elles qualifient de « distraction dangereuse ». Gaia Febvre, du Réseau action climat France, estime ainsi qu’« il y a de nombreuses mentions très inquiétantes : le gaz comme énergie de transition, la capture et le stockage du carbone ou encore le nucléaire. Cette COP n’est pas à la hauteur des ambitions promises », dit-elle, regrettant aussi l’absence de « moyens financiers mis sur la place pour accompagner les pays qui en ont le plus besoin ».
Avant la plénière, le ministre danois du Climat, Dan Jørgensen, avait qualifié le texte d’« historique ». L’alliance des petits Etats insulaires (Aosis) avait salué une « amélioration » mais fait part de ses « inquiétudes ». L’émissaire chinois pour le climat, Xie Zhenhua, était lui arrivé tout sourire et les deux pouces levés.
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