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Les bâtiments représentent 26% des émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie, selon l’Agence internationale de l’énergie. Les architectes doivent donc trouver des solutions.
Alternatives au béton, prise en compte du quartier, densité… Les architectes voient leur métier bouleversé par le défi climatique qui impose de construire autrement, malgré de fortes résistances du côté des constructeurs. La construction est l’un des secteurs qui doit le plus révolutionner ses pratiques pour réduire ses émissions.
Les bâtiments représentent en effet 26% des émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie, selon l’Agence internationale de l’énergie. Des émissions provenant de leur construction (8%) -la production de béton et métaux étant très énergivore- et de leur usage (18%), avec électricité et chauffage alimentés par des énergies fossiles.
Sans compter celles dues aux transports (23% des émissions), en partie encouragées par un aménagement du territoire centré autour de la voiture individuelle. La multiplication des évènements climatiques extrêmes fait aussi prendre conscience de l’inadaptation des villes, souligne l’architecte mexicaine Rozana Montiel, lauréate en 2019 d’un prix pour l’architecture durable. « Les villes ne sont pas préparées pour ces changements, qui sont radicaux », dit-elle, citant les dégâts que l’ouragan Otis a provoqués à Acapulco.
« Je veux pouvoir atténuer les émissions de gaz à effet de serre »
Pour mieux l’adapter, les architectes doivent « chercher un langage avec l’usage de matériaux locaux, les proportions, la végétation », dit-elle. « Concilier transition écologique et problématiques sociétales et sociales, c’est aujourd’hui notre enjeu en tant qu’architectes. Dans une société où il y a de grandes inégalités, penser la transition écologique, c’est aussi assurer à ceux qui n’ont pas de patrimoine de pouvoir survivre dans des conditions climatiques extrêmes, de pouvoir se loger… », justifie Christine Leconte, présidente de l’Ordre des architectes français.
Elle cite plusieurs récents lauréats du prix Pritzker, le « Nobel d’architecture », engagés sur cette voie : les Français Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, chantres de la réhabilitation, le Chilien Alejandro Aravena, spécialiste du logement social, le Chinois Wang Shu, champion du réemploi de matériaux… Le changement est déjà porté par les jeunes aspirants, témoigne-t-elle.
Les motivations avancées sont « je veux aider les gens, je veux pouvoir atténuer les émissions de gaz à effet de serre, aider à adapter nos villes au changement climatique », dit-elle. « Les diplômes de fin d’études sont renversants et sont extraordinaires, il n’y en a pas un qui ne parle pas de réhabilitation, ils parlent tous de territoire à une plus grande échelle que le projet ».
« C’est compliqué »
Mais les acteurs traditionnels de la construction font de la résistance et la plupart des constructions continuent à se faire selon les schémas anciens, avec du béton par défaut. « Il faut renoncer à plein de choses. Et là, c’est compliqué. Certains acteurs arrivent à suivre et d’autres vont devoir se requestionner plus fort », dit aussi Christine Leconte. « On est là pour montrer et dire : regardez les solutions qu’apporte l’architecture, regardez comment on peut créer une architecture respectueuse des limites planétaires, des milieux et des habitants, et en même temps dire : regardez la diversité des manières qu’on a de le faire ! »
Au Mexique, les pouvoirs publics refusent encore les matériaux alternatifs, estimant qu’ils n’ont pas assez prouvé leur solidité, déplore Rozana Montiel, qui à cause de cela n’a pas pu expérimenter des structures en bambou. « C’est inévitable et ça doit se faire. Et il faut commencer d’une manière ou d’une autre », défend-elle. Pour accélérer le changement, il faut rompre avec l’idée qu’un seul type d’urbanisme peut convenir partout, affirme l’architecte allemande Jana Revedin.
Après la Seconde Guerre mondiale, le modernisme inspiré par Le Corbusier, promouvant « des villes +table rase+ adaptées à la voiture, le zonage et les unités d’habitation », a colonisé toute la planète, déplore-t-elle. « Ce qu’on doit élaborer aujourd’hui, ce ne sont pas de nouvelles doctrines planétaires, au contraire, il faut éradiquer les vieilles doctrines », plaide Jana Revedin, appelant à en finir avec « la table rase et la répétition aveugle de schémas uniformes ». Le mouvement réformiste du Bauhaus, dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, était selon elle bien plus proche des nécessités actuelles. « Tout était là: la densité urbaine, le polycentrisme, la multifonctionnalité, les quartiers verts activement vécus, les techniques de construction adaptées au climat, les structures et matériaux économes et recyclables ».
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