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Publié le 10 oct. 2023 à 13:36
La monnaie est un attribut de la souveraineté et de l’indépendance. Faute d’Etat, les Palestiniens n’en disposent pas. Et la guerre actuelle déclenchée par le mouvement terroriste du Hamas éloigne encore cette perspective. Déjà, sous mandat britannique, la Palestine avait certes une monnaie, la livre palestinienne, créée en 1927 mais adossée à la livre sterling. Elle avait été remplacée par le dinar jordanien en Cisjordanie en 1950, puis par la livre égyptienne un an plus tard à Gaza quand ces territoires tombèrent dans le giron de la Jordanie et de l’Egypte. La monnaie israélienne devint la monnaie de référence à l’issue de sa victoire lors de la Guerre des Six jours en 1967.
Aujourd’hui, le shekel a conforté sa place de principale monnaie de Cisjordanie et de la bande de Gaza du fait de leurs échanges commerciaux et de leurs flux financiers dominants avec Israël. Il représente 41 % des dépôts bancaires, suivi par le dollar (36 %) et le dinar jordanien (20 %), selon le rapport annuel pour 2022 de l’autorité monétaire palestinienne.
Les 150.000 Palestiniens qui travaillent chaque jour en Israël sont rémunérés en shekels et en « cash ». Cet argent, l’équivalent de 4 milliards d’euros par an, repart dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ces flux atterrissent dans le système bancaire palestinien qui croule sous l’excès de shekels. « Avant 2009, les banques opérant à Gaza et en Cisjordanie pouvaient renvoyer une partie de leurs shekels (billets et pièces) à leurs deux banques correspondantes en Israël (Discount Bank et Bank Hapoalim) afin d’alimenter leurs comptes dans ces banques. Ces flux ont été limités car la bande de Gaza est considérée comme une « entité hostile » depuis 2007 » constate un rapport (1) du Fonds Monétaire International (FMI).
Les flux financiers avec Gaza sont surveillés de près par Israël qui met en avant sa sécurité nationale (financement d’actes terroristes…). Les institutions financières palestiniennes ne sont pas seulement isolées du système financier israélien mais aussi du système international. Leurs shekels restent dans leurs coffres. Ces excès de liquidités pèsent sur la rentabilité du système bancaire palestinien, faute d’investissement pour les rentabiliser.
Banque centrale sans monnaie
Le poids excessif de la monnaie israélienne est critiqué par les Palestiniens qui y voient une forme d’annexion monétaire rampante. Sans monnaie à émettre, ni politique monétaire à mener, l’autorité monétaire de Palestine – créée en 1994 – est une banque centrale amputée de ces prérogatives. Elle a un périmètre réduit essentiellement à la supervision des 13 banques (palestiniennes et jordaniennes) et des 240 bureaux de change implantés dans les territoires sous son contrôle. Ces derniers permettent à la population d’échanger des devises comme le dollar, l’euro, la livre égyptienne, le dollar, le dirham des Emirats arabes unis et le dinar jordanien.
Si le shekel reste dominant dans la vie quotidienne, sont aussi utilisés le dollar puis le dinar jordanien qui a un taux de change fixe face au billet vert avec un dollar équivalent à 0,7090 dinar depuis 1995. A Gaza et en Cisjordanie, les employés des banques sont payés en dinars jordaniens mais les salaires versés par des groupes privés le sont en dollars. Les achats d’immobilier et de terrains s’effectuent aussi le plus souvent dans la devise américaine tout comme l’envoi d’argent depuis l’étranger par la diaspora palestinienne. L’or est considéré comme une monnaie à Gaza et ceux qui le peuvent l’utilisent comme valeur refuge.
(1) « Excess cash in the palestinian banking system », septembre 2022
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