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L’afghani, la monnaie de l’Afghanistan, a réalisé la meilleure performance mondiale de ce 3ème trimestre. Comment les talibans, qui ont pris Kaboul à l’été 2021, y parviennent-ils?
Si l’on suit données trimestrielles de l’agence américaine Bloomberg, avec une appréciation de près de 10 % face au dollar, l’afghani achève le 3ème trimestre devant le peso colombien. Sur l’année, la devise de l’Afghanistan fait ainsi partie des trois plus fortes hausses mondiales, avec celles de la Colombie et du Sri-Lanka.
Bien sûr, cela ne veut absolument pas dire que les cambistes -les spécialistes des opérations de change entre différentes devises- de New York, Londres ou Tokyo s’arrachent soudainement la monnaie d’une des nations les plus pauvres au monde. Mais cette étonnante performance mérite une explication.
Plusieurs facteurs d’explication
L’explication immédiate, ce sont d’abord les flux d’aide internationale vers cette économie exsangue, la seule en dehors du continent africain qui, en parité de pouvoir d’achat par habitant, compte parmi les dix plus défavorisées au monde. Or, depuis que les talibans ont repris le pouvoir à l’été 2021, les Nations unies ont apporté 5,5 milliards d’euros.
L’Afghanistan, toujours sous le coup de diverses sanctions, demeure largement coupé des circuits financiers internationaux. Mais, en plus de l’argent de l’ONU, les opérateurs de change locaux voient revenir l’argent que leurs compatriotes à l’étranger envoient à leur famille. Et, autre clé de compréhension de cette poussée de l’afghani, les fondations caritatives de pays du Golfe recommencent à aider.
Il y a également l’orthodoxie des politiques monétaire et de change des talibans. Le contrôle des transferts s’avère strict. Les autorités ont interdit, dans le commerce, l’utilisation de toute monnaie étrangère, y compris la roupie du Pakistan voisin. Les mouvements physiques sur les devises sont donc contraints et les transactions en ligne sur les devises, bannies. Dans ces conditions, la demande intérieure ne peut que se reporter sur la monnaie nationale.
Chute du PIB de 20% en deux ans
La banque centrale à Kaboul se félicite, par communiqué, des éléments compilés par Bloomberg. L’institution contrôlée par les fondamentalistes religieux fait valoir « son excellente gestion et la mise en œuvre de politiques monétaires saines ». La Banque d’Afghanistan soutient que, de la sorte, l’afghani est « largement accepté comme une devise stable ».
Il apparaît en tout cas marquant que, ces derniers jours, nombre de médias en Inde comme au Pakistan donnent du crédit à cette version, alors même que depuis la victoire des talibans, le produit intérieur brut s’est effondré de 20%. Mais le nouveau régime donne à entendre que cette chute vertigineuse est à présent enrayée.
Dans un rapport, la Banque mondiale admet, en tout cas, un début de maîtrise à Kaboul sur un plan macro-économique. Une croissance en 2024 semble possible, dans un contexte où l’inflation reflue, notamment par cet effet favorable du taux de change. L’institution financière internationale constate une forme de normalité dans le versement à temps des traitements des fonctionnaires et dans le transit des salaires formels par les établissements bancaires. Le ministre par intérim de l’Économie, Din Mohammad Hanif, a salué ce document comme une « représentation exacte des faits ».
Au défi d’attirer des capitaux étrangers
Tout l’objet à Kaboul devient, maintenant, de convaincre les capitaux extérieurs de s’y aventurer. Pour cela, les dirigeants talibans ont opté pour redonner vie au récit de l’eldorado minier afghan, au-delà de ces immenses écueils juridiques, industriels et logistiques. Fin août, ils ont déclaré avoir signé sept contrats miniers pour un montant global de 6,5 milliards de dollars, en incluant des intérêts chinois, indiens et turcs, entre autres. Il s’agirait d’extraire du minerai de fer, du plomb, du zinc et de l’or.
Un conseiller gouvernemental afghan a affirmé à la chaîne qatarie Al Jazeera que ces projets sont « sur le point de renforcer l’afflux de devises étrangères dans le pays », puisque, selon ses dires, chacune de ces sept mines « peut se targuer d’avoir des partenaires européens et asiatiques ». Un ancien haut fonctionnaire du ministère des Mines refuse de donner foi à ce propos, au regard, d’après lui, de « l’absence de transparence » concernant les textes de ces accords.
Tout ceci s’inscrit dans une phase diplomatique intense. Pour la première fois depuis le retour des talibans, une grande capitale, Pékin, vient de nommer un nouvel ambassadeur à Kaboul. Et le 29 septembre à Kazan (Russie), il a été entamé des discussions conjointes avec les Russes, les Chinois, les Indiens, les Iraniens et les Pakistanais, aussi bien sur une reconnaissance pleine que sur une normalisation commerciale. Le processus n’est qu’engagé.
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