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À l’occasion d’une émission spéciale de C’est Votre Argent, Marc Fiorentino a distillé quelques conseils aux spectateurs désireux de faire fructifier leur portefeuille.
Après une heure d’échanges avec des experts sur le thème « Placements: comment constituer un portefeuille? », Marc Fiorentino a répondu aux questions des spectateurs présents en plateau à l’occasion d’une émission exceptionnelle de C’est Votre Argent. L’occasion pour notre éditorialiste financier de promulguer quelques conseils.
Public: Vous avez parlé des enveloppes fiscales comme le PER, l’assurance vie, le PEA… Sauf qu’on ne peut pas mettre tout ce qu’on veut dans ces enveloppes. Et en plus, il y a pas mal d’intermédiaires avec des taux de commission: l’assureur, le courtier, etc. Est-ce que ce n’est pas un problème?
Marc Fiorentino: Je ne suis pas d’accord avec vous. Je pense qu’aujourd’hui, on peut mettre énormément de choses dans ces enveloppes. Y compris le private equity, c’est-à-dire du capital investissement. On peut en mettre dans l’assurance vie.
De toute façon, je conseille toujours aux gens que je rencontre d’utiliser les enveloppes fiscales. L’assurance vie est une enveloppe absolument incroyable. Le PER est une enveloppe absolument incroyable, le PEA aussi pour les actions… Donc je pense qu’il faut d’abord aller vers les enveloppes fiscales. Évidemment, si vous avez des besoins qui sont spécifiques, il faut des enveloppes un peu spécifiques. C’est notamment le cas de l’assurance vie luxembourgeoise. Il y a des gens qui ne veulent pas avoir le risque d’État français ou autre et qui veulent avoir la protection du duché de Luxembourg. Ça c’est possible. Mais je crois qu’on peut tout faire aujourd’hui avec ces produits.
Mais vous avez mis le doigt sur quelque chose de très important qui est mon combat depuis des années: je ne comprends pas pourquoi on continue à aller investir dans des produits qui ont des taux de commissionnement qui sont extrêmement importants. Et ça, j’ai envie de vous dire c’est votre responsabilité.
Pourquoi des gens vont faire des heures de queue pour payer quelque chose 5 euros moins cher mais, d’un autre côté, ils vont acheter un produit de placement qui existe sur une étagère juste à côte et à un prix à zéro droit d’entrée. Et ils vont le prendre avec 3% de droit d’entrée. Quand on a des taux de rendement, comme en ce moment, qui sont difficiles avec des marchés qui sont difficiles, quand gagner 3 ou 4%, ce n’est pas simple, on ne va pas lâcher 1, 2 ou 3% dans des frais. Donc j’ai envie de vous répondre: oui, vous avez raison. Sur les frais, il faut être ultra vigilant et encore plus vigilant dans les périodes compliquées comme aujourd’hui. Mais par contre, les enveloppes, pour moi, c’est une priorité.
Sur le secteur de la transition énergétique, il y a eu un espèce de crack. On a fait moins 25%. J’aimerais savoir pourquoi et est-ce qu’il faut y retourner?
M.F.: Pourquoi? C’est très simple. Il y a eu une bulle verte, c’est-à-dire qu’on a peint des trucs qui n’étaient pas verts. On a mis un coup de peinture, on appelle ça du greenwashing. Et puis on nous a vendu du rêve avec une transition énergétique où tout le monde serait gagnant. On nous a déjà fait le coup sur Internet, on nous a fait le coup sur le « métavers ». On nous a fait le coup sur plein de domaines.
La différence, et j’ai envie de dire que là, ça ressemble quand même à Internet, c’est qu’il y aura une transition écologique et une transition climatique comme Internet a fini par entrer dans les usages.
Donc c’est évidemment un secteur dans lequel il faut investir. Mais c’est un métier de spécialiste. C’est-à-dire que savoir aujourd’hui qui vont être les gagnants et les perdants de la transition écologique, c’est très dur. Et ensuite croire aux rêves que peuvent nous vendre parfois certaines entreprises qui ne mentent pas mais qui se disent « Je vais révolutionner, je vais disrupter l’énergie fossile », en fait, ce n’est pas aussi simple que ça. Souvent, des gens me disent: « En fait, on se trompe dans la transition écologique et notamment sur ceux qui vont être les acteurs de la transition écologique ».
Eh bien, ce sont les acteurs de l’énergie actuelle. Ce sont les acteurs qui sont déjà les acteurs d’aujourd’hui (Totalenergies, Saint Gobain…). C’est assez simple à comprendre. La transition énergétique va coûter une fortune. Il faut des investissements massifs, il faut de la recherche et du développement. Est-ce qu’une start-up qui démarre en levant dix millions peut réellement révolutionner le monde? Ça a existé, ça va arriver. Il y en a qui vont le faire, mais j’ai envie de dire « ça dépend ».
Ça dépend de votre profil de risque. Si votre profil de risque, c’est de dire « moi, je veux quelque chose de relativement sûr », il faut jouer sur des acteurs déjà bien implantés. Par contre, si on a une poche de son portefeuille qu’on veut investir dans des actifs plus risqués, là on peut jouer des entreprises plus jeunes. Et là, vous avez le risque d’avoir une explosion, mais vous avez aussi la possibilité de trouver un nouveau Google.
Est-ce qu’investir dans la transition écologique nuit aux performances financières?
M.F.: Non, pas du tout. On dit tellement tout et n’importe quoi sur ce sujet. Quand on estampille ESG ou ISR vert des produits qui ne veulent rien dire, évidemment on va dans le mur. Mais si on a une entreprise, un fonds qui investit dans la durée, sur une tendance de fond, il faut y aller. Non seulement cela ne va pas obérer la performance, mais ce sont des vecteurs de performance.
Dans le cas des actions, on souhaite toujours qu’elles montent et gagner de l’argent quand elles montent. Mais on peut aussi en gagner quand elles descendent avec des Turbos (des produits dérivés, NDLR)?
M.F.: Vous avez raison. Pour les gens qui ne savent pas ce que c’est, ce sont des produits que l’on dit spéculatifs qui permettent de faire un pari sur la baisse d’un titre. (…) Mais sur des produits de ce type-là, je pense qu’il faut vraiment avoir une formation. Quand les gens m’en parlent, je leur dis de ne pas les utiliser s’ils n’ont pas suivi quatre ou cinq jours de cours sur Internet ou des séances de formation.
Le sous-jacent c’est « j’achète une action, j’achète un indice, il monte ou il baisse », et finalement c’est presque normal de pouvoir jouer à la baisse comme à la hausse. Par exemple, on peut se dire à un moment donné « Je pense que Tesla c’est n’importe quoi ». Ce n’est pas ce que je pense mais on peut se le dire. (…) Si un investisseur a la conviction que Tesla est une bulle, il y a des instruments qui permettent de jouer là-dessus.
Mais il faut être sûr de soi. C’est une poche qui est très spécifique, qui est spéculative et surtout qui n’est à aborder que si on a une formation.
Ça ne veut pas dire qu’il faut avoir un diplôme d’une grande école de commerce, ça veut dire qu’il faut avoir passé quelques heures, quelques jours dans un cadre, quel qu’il soit, sur le web ou en physique pour se former. Mais je suis d’accord avec vous: ce sont des instruments intéressants mais à ne pas mettre entre toutes les mains.
Quels sont les secteurs qu’il faut privilégier aujourd’hui?
M.F.: C’est une question très compliquée. Il y une méthodologie à avoir. Je vais vous donner la mienne: c’est d’écouter les spécialistes. Moi, je n’ai pas de certitude. Ce que j’entends des experts, c’est qu’on est plutôt dans une ambiance de relative prudence.
L’avis général des gérants sur les dernières semaines, c’est qu’il faut être ultra sélectif. Ils sont moins secteur que valeur. Ce que je n’entendais plus depuis longtemps.
C’est surtout du stock-picking (sélectionner au cas par cas les titres avec un bon potentiel, NLDR). C’est-à-dire qu’ils n’ont pas envie de se mouiller sur des secteurs entiers parce que dans un même secteur, il y a des entreprises qui ont des profils totalement différents. Je vais prendre un exemple très simple: prenez le secteur de l’habillement. C’est un désastre, une débâcle. Mais si vous prenez Zara, ce sont des résultats spectaculaires. Donc on pourrait ce dire qu’il faut éliminer ce secteur mais non, parce qu’il y a une ou deux firmes qui font des résultats spectaculaires dans un secteur qui est pourtant en crise.
Je pense que le maître-mot, c’est prudence. Le maître-mot, c’est stock-picking et donc ce n’est pas forcément d’avoir un raisonnement de secteur, mais plutôt d’avoir un raisonnement valeur par valeur.
L’investissement dans l’immobilier locatif a-t-il encore de l’avenir malgré les normes environnementales, écologiques comme par exemple avec le DPE?
M.F.: Sur l’investissement locatif, je vais vous donner mon opinion qui est un peu brutale: l’investissement locatif physique est trop compliqué. Au-delà même des normes environnementales, on va créer un bordel inimaginable dans les trois, quatre ou cinq ans qui viennent. Parce que les autorités, Bruxelles, le gouvernement, n’ont pas compris que dans transition énergétique, il y a le mot transition. Ça ne peut pas être brutal. On ne peut pas changer le monde en six mois en prenant des mesures sans réfléchir à leur impact.
Je prends d’ailleurs l’exemple de l’automobile. En prenant des mesures dans ce secteur, on favorise les constructeurs chinois au détriment des constructeurs européens. Donc on favorise un production à des milliers de kilomètres de chez nous qui va consommer encore plus de CO2 et qui va détruire de l’emploi. On marche sur la tête.
Donc aujourd’hui, l’immobilier locatif physique, je n’y touche pas. Surtout que les carottes fiscales sont de plus en plus limitées.
Est-ce qu’en tant qu’investisseur, peut-on « profiter » du contexte économique compliqué?
M.F.: Il ne faut pas essayer « de faire timing ». Je pense qu’un profil équilibré, il doit avoir en fond de portefeuille permanent avec les taux d’intérêt qu’on a aujourd’hui 25% d’actions, 25% de produits taux, il doit avoir en fonction de ses besoins 15 ou 20% de liquidités. Ces liquidités, on peut les placer sur un Livret A, sur un compte à terme ou sur des fonds en euros. Dîtes-vous bien qu’il y a des fonds en euros en contrat d’assurance vie qui vont rajouter un bonus de 2% sur le taux de l’année donc on va avoir des fonds en euros qui vont rapporter 4%. Donc ça c’est sur la poche.
Ensuite, il y a évidemment 15% d’immobilier papier, 5 à 8% de private equity. Ce qui peut se passer, c’est par exemple au moment du Covid, je vais me dire que je vais passer de 25 à 35% sur les actions parce qu’il y a une vraie opportunité. Mais je sais que je vais devoir redescendre à 25%. Je ne suis pas en train de jouer les traders.
Il faut avoir une allocation dans la durée. Après, il y a des opportunités. Quand il y a des taux d’intérêt négatifs, tu mets zéro dans ta poche obligation. Mais quand tu as des rendements à 4, 5 ou 6%, tu mets 25% dans ton portefeuille. C’est cela qu’on veut apprendre aux gens. Ce n’est pas de leur dire « Devenez trader, achetez des actions à la Bourse au plus bas ». Il y a des familles de placements, il faut avoir des produits dans chaque famille de placements en fonction de son profil.
L’or est-il toujours un bon placement?
M.F.: J’ai toujours le même raisonnement. Je repète la même phrase depuis 50 ans. Je dis: l’or, c’est un anxiolytique financier. Si ça vous aide à dormir la nuit d’en avoir, continuez à en prendre parce qu’il n’y a pas de problème d’addiction. (…) Si ça vous rassure, il faut en avoir.
Que mettre dans un PEA en ces temps mouvementés?
M.F.: Je miserais sur des fonds qui sont des fonds de spécialistes, avec plutôt de la value, c’est-à-dire des choses qui sont assez résistantes, qui pourraient résister à un ralentissement de l’économie et à une récession.
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