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Si les revenus des exploitants agricoles sont difficiles à estimer, ils dépendent en grande partie des subventions, essentielles pour la survie des exploitations.
Au quatrième jour du mouvement, la détermination des agriculteurs ne faiblit pas. Depuis jeudi, plusieurs dizaines d’exploitants bloquent l’autoroute A64, qui relie Toulouse à Bayonne (Haute-Garonne), pour exprimer leur mécontentement contre des charges financières et des normes environnementales qu’ils jugent trop lourdes.
Suivie de près par le gouvernement, la mobilisation pourrait prendre de l’ampleur dans les prochains jours alors que le patron de la FNSEA, principal syndicat agricole, a prévenu que des « actions » seraient menées « aussi longtemps qu’il sera nécessaire » dans « chaque département », jusqu’à obtenir des « mesures concrètes » pour améliorer les conditions de travail des agriculteurs.
Si la réduction des normes est une de leurs principales revendications, les agriculteurs alertent aussi sur l’évolution de leur rémunération, certains reprochant aux industriels de ne pas tenir compte intégralement de la hausse de leurs coûts de production dans le cadre des négociations commerciales. La hausse progressive de la fiscalité sur le gazole non routier décidée par le gouvernement dans le cadre de la transition écologique est une autre source d’inquiétude au sein de la profession.
Certains agriculteurs peinent en effet à vivre décemment de leur travail. Mais les situations sont très hétérogènes dans ce secteur. Il est par ailleurs difficile de mesurer précisément le revenu des agriculteurs, ces derniers étant, à l’exception des salariés agricoles, indépendants.
Des écarts de revenus importants
L’indicateur le plus souvent retenu pour estimer les revenus des agriculteurs est le revenu courant avant impôts (RCAI) par équivalent temps plein non salarié. Celui-ci correspond à la somme du résultat d’exploitation et du résultat financier avant déduction des cotisations sociales de l’exploitant. Il comprend par ailleurs les aides et subventions perçues par ce dernier.
Selon les données de l’Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, le revenu courant avant impôts des agriculteurs s’élevait en moyenne en 2022 à 56.014 euros, en hausse de 28% par rapport à l’année précédente. En effet, si l’année 2022 a été marquée « par une hausse importante de la valeur des charges (+10,8% en euros courants), dans un contexte d’inflation particulièrement soutenue, (…) la production de l’exercice des exploitations augmente également de manière marquée (+12%) », souligne l’Agreste.
Cette moyenne cache cependant d’importantes disparités. Car si le RCAI des éleveurs porcins s’établit à 124.409 euros en 2022 (+371%), celui de la filière ovine et caprine ne s’élève qu’à 19.819 euros (-18%). De la même manière, le revenu moyen des exploitations des éleveurs de volailles a progressé de 57% en 2022, à 58.317 euros, tandis qu’il a chuté de près de 39% pour les producteurs de fruits (29.360 euros).
Il convient d’interpréter ces données avec prudence. D’abord parce que ces données ne prennent en compte les petites exploitations, certes peu nombreuses, dont la « production brute standard » est inférieure à 25.000 euros. Ensuite, parce que le revenu courant avant impôts ne correspond pas aux revenus que perçoit réellement un agriculteur. Une partie peut en effet être consacrée à ses investissements dans l’exploitation. Ce n’est donc qu’une source de rémunération potentielle.
Le RCAI doit ainsi être distingué du revenu du ménage agricole. A titre de comparaison, le revenu disponible (revenus d’activité + revenus du patrimoine + prestations sociales, nets des impôts directs) moyen annuel des ménages agricoles s’élevait à 52.400 euros en 2018, selon les derniers chiffres connus par l’Insee. D’après l’institut de la statistique, un tiers de ce montant seulement provenait de l’activité agricole, le reste étant issu des revenus du conjoint, salarié agricole dans sept cas sur dix, voire de l’agriculteur lui-même qui peut exercer une activité salariée en dehors de l’exploitation.
Des subventions essentielles
La rémunération des agriculteurs repose en grande partie sur les subventions. En 2022, 92% des agriculteurs ont perçu des subventions pour un montant moyen de 39.586 euros, soit plus de 70% du revenu courant avant impôts moyen.
Dans le détail, les agriculteurs ont perçu cette année-là 7146 euros en moyenne d’aides nationales (aides de crise, calamités agricoles et autres subventions publiques nationales). Un montant en hausse de 74,4% en raison de la croissance des montants d’indemnisation au titre des calamités agricoles, de l’influenza aviaire, ou encore des soutiens aux éleveurs liés au plan de résilience dans le contexte de guerre en Ukraine.
Le reste des subventions (32.440 euros en moyenne) relève de la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne et dont la France est la première bénéficiaire avec 9 milliards d’euros par an.
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