[ad_1]
Publié le 19 déc. 2023 à 15:25Mis à jour le 19 déc. 2023 à 19:39
Dans la ville verte, la tension est palpable. A Saint-Etienne, tout le monde se demande ce qu’il adviendra des salariés stéphanois de Casino. Les syndicats, les commerçants, les élus locaux, les habitants retiennent leur souffle.
Il est presque acquis qu’il y aura de la « casse », craint Jean Pastor, délégué CGT et porte-parole de l’intersyndicale, avec la vente de 313 magasins à Auchan et Intermarché et le rachat du reste du groupe par Daniel Kretinsky, Fimalac et le fonds Attestor.
Chômage élevé
« Tous les salariés sont inquiets, notamment ceux du siège car 80 % d’entre eux travaillent pour les magasins qui sont vendus », résume Laurent Milazzo, délégué central de la CFDT.
Les syndicats estiment qu’environ 1.000 emplois sur 4.000 dans la Loire devraient faire les frais des synergies entre les acquéreurs et le cédant, essentiellement au siège social, qui emploie 1.800 personnes. Auchan et Intermarché assurent qu’ils vont maintenir les deux entrepôts logistiques, en apportant d’autres flux, soit environ 500 permanents, sans compter les intérimaires.
Dans cette agglomération de 406.000 habitants toujours marquée par les stigmates de la désindustrialisation, le taux de chômage reste à un niveau élevé, à 15,6 % selon l’Insee. A la mairie et la métropole, Gaël Perdriau et Sylvie Fayolle restent muets sur la question Casino.
Agacements et inquiétudes
Sur le terrain, on semble résigné face à la « catastrophe annoncée », dit une employée à la sortie du siège social. Peu de salariés rencontrés envisagent de débrayer vendredi et samedi à l’entame du week-end de Noël, le plus gros de l’année pour la grande distribution, alors qu’un appel à la grève a été lancé.
Il est inimaginable de fermer le siège de Saint-Etienne.
Daniel Kretinsky
Un vieux connaisseur de la distribution s’étonne que dimanche 17 décembre, seuls 1.700 à 3.000 personnes, selon les comptages, aient manifesté en soutien du siège de Casino à Saint-Etienne, alors que celui-ci compte près de 2.000 employés. Il rappelle que le 21 octobre 1997, « Le Progrès » avait compté 10.000 manifestants contre l’OPA de Promodès à l’occasion de laquelle Jean-Charles Naouri s’était posé en chevalier blanc de la famille fondatrice de Casino.
Que fera Daniel Kretinsky ?
Les promesses réitérées par Daniel Kretinsky de confirmer le siège de Saint-Etienne, quitte à y transférer une partie des équipes de Monoprix et de Franprix, paraissent s’écrire désormais en pointillé.
« Il est inimaginable de fermer le siège de Saint-Etienne. Notre projet est clairement un projet de développement industriel. Nous avons pour ambition de grandir et de créer des emplois, notamment dans les formats de proximité », avait déclaré l’homme d’affaires tchèque aux « Echos » en juillet, lors de la conclusion de l’accord de reprise du groupe Casino.
Une solution qui avait le mérite, selon la direction, d’éviter que le groupe créé par la famille Guichard il y a près de 125 ans ne soit « cassé en morceau après un bain de sang », d’après les mots de son PDG, Jean-Charles Naouri, qui a finalement dû mettre en vente en urgence ses magasins Casino devant l’hémorragie des comptes.
« Jean-Charles Naouri a déjà tenté de déménager le siège social à L’Isle-d’Abeau [Isère]. Saint-Etienne n’est pas dans ses priorités », se souvient un entrepreneur qui veut garder l’anonymat.
Rendez-vous en janvier
A l’époque, le maire, Michel Thiollière, avait négocié un terrain auprès de la SNCF pour que Casino construise son nouveau siège face à la gare de Saint-Etienne Châteaucreux. Un bâtiment flambant neuf qui pourrait bien se vider dans quelques mois.
Une source proche de la direction évoque « une ambiance constructive ». Les représentants de la direction ainsi que ceux du consortium mené par Daniel Kretinsky ont donné mardi aux élus syndicaux des éléments détaillés sur le processus de restructuration et les offres effectuées lundi par Intermarché et Auchan. Les syndicats ont naturellement exprimé leurs attentes en matière sociale. Un nouveau rendez-vous a été pris le 4 janvier.
Stéphane Frachet avec P. B. (Correspondant à Lyon)
[ad_2]
Source link