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Publié le 5 oct. 2023 à 18:20Mis à jour le 5 oct. 2023 à 19:37
Grenade était un bon endroit pour organiser la troisième rencontre de la Communauté politique européenne (CPE), cette enceinte de coopération créée en 2022 qui réunit 47 pays de l’Europe géographique.
Le palais de l’Alhambra, sur les hauteurs de Grenade, rappelle que la ville andalouse fut la dernière étape de la Reconquista, en 1492. Une statue, sur la place Isabelle la Catholique, représente la reine de Castille avec Christophe Colomb, qui pose le pied en Amérique la même année et lance ainsi la première globalisation. Autant de rappels que les empires, les aires culturelles, les routes commerciales et migratoires fluctuent.
Alors que la guerre en Ukraine a provoqué un choc géopolitique qui pousse l’Union européenne à s’élargir et s’approfondir en même temps pour se stabiliser, la rencontre n’a pas commencé sous les meilleurs auspices. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, l’a boudée, protestant ainsi contre le soutien européen à l’Arménie . Le président turc Erdogan, soutien de Bakou, n’a pas non plus fait le déplacement, retirant des discussions une importante puissance régionale.
Drame humanitaire
« Nous ne pourrons donc pas parler ici de quelque chose d’aussi grave que le fait que plus de 100.000 personnes aient dû abandonner à la hâte leurs maisons pour fuir un coup de force militaire », a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, en arrivant à la réunion.
Cela n’a pas empêché les diplomates de multiplier les bi, tri et quadrilatérales. Emmanuel Macron, le chancelier Scholz, le président du Conseil européen, Charles Michel, ont ainsi parlé dans l’après-midi au Premier ministre arménien, Nikol Pachinian.
L’Azerbaïdjan s’est au même moment dit prêt à des pourparlers avec l’Arménie sous médiation de l’UE, après son offensive victorieuse au Haut-Karabakh. « Ces discussions ont beaucoup de valeur, assure un diplomate européen, et avec l’Arménie nous défendons les mêmes principes que dans le dossier ukrainien. »
Les Vingt-Sept n’envisagent pas de prononcer à l’heure actuelle des sanctions contre Bakou. «Adopter des sanctions serait aujourd’hui contre-productif», a déclaré Emmanuel Macron, «car pour l’instant il faut continuer à dialoguer avec l’Azerbaïdjan». La France souhaite agir en médiateur dans ce conflit «chaque fois que cela sera possible», a souligné le Président de la République.
Rassurer les Ukrainiens
Le sommet a aussi permis de rassurer Volodymyr Zelensky, alors que des premières fissures se sont fait jour dans le soutien occidental à Kiev, notamment de la part de Washington .
C’est une « période d’élection difficile aux Etats-Unis » à un an de la présidentielle et « des voix discordantes » sur l’aide à l’Ukraine, parfois « très étranges », s’expriment, a diagnostiqué avec inquiétude le président ukrainien.
« Evidemment, l’Europe ne peut remplacer les Etats-Unis », avait annoncé dès la matinée Josep Borrell, tout en rappelant que l’UE étudie la création d’un fonds de 20 milliards d’euros sur quatre ans pour continuer à soutenir l’armée ukrainienne.
Aide supplémentaire
Les Vingt-Sept doivent prochainement valider une autre enveloppe indépendante de 50 milliards d’euros proposée par la Commission en juin, sur quatre ans aussi. Mais il faudra probablement, pour la graver dans le marbre, débloquer avant des fonds européens en faveur de Budapest jusqu’ici gelés. En référence aux Etats membres de l’UE que l’ont dit atteints d’une forme de lassitude à l’égard de l’assistance à l’Ukraine, Emmanuel Macron a sobrement déclaré qu’«on n’a pas le droit d’être fatigués».
Le Président de la République s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky, réaffirmé l’appui de la France, demandé quels étaient les besoins de l’Ukraine pour l’hiver, salué les efforts ukrainiens pour rétablir un corridor en mer Noire pour l’exportation des céréales ukrainiennes – indispensables à la sécurité alimentaire mondiale.
Dans le dossier céréalier qui oppose Kiev à trois pays de l’UE, l’Ukraine a envoyé jeudi un rameau d’olivier aux trois capitales concernées : Varsovie, Budapest et Bratislava. Le vice-ministre ukrainien de l’Economie, Taras Katchka, a annoncé jeudi avoir mis en « pause » les poursuites engagées auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie.
Conseil européen informel
La troisième réunion de la CPE a aussi permis de faire avancer « les sujets communs », à savoir la cybersécurité, la mobilité continentale (notamment ferroviaire) et la lutte contre le crime organisé. Ce format a donc continué à apporter à ses participants une plus-value. Les Britanniques, qui en organiseront en 2024 la quatrième édition, compte lui donner une grande ampleur, car ils y voient un moyen de retrouver une influence diminuée par le Brexit.
Vendredi, seuls restent à Grenade les Vingt-Sept. Au menu de leurs discussions : l’Ukraine encore, mais plus sous l’angle de sa possible adhésion à l’UE, une éventualité que plusieurs Etats membres regardent avec circonspection, vu l’ampleur des réformes internes à l’UE à mener auparavant et les transferts financiers que cela impliquerait .
Posture électorale
Il sera aussi question des migrations, après l’accord intervenu mercredi, à l’arraché, sur le dernier texte du pacte migration et asile. Le gouvernement polonais, à dix jours des législatives, a annoncé jeudi qu’il mettrait son « veto ferme » à la réforme migratoire, dénonçant le « diktat de Bruxelles et de Berlin » à propos du texte.
« Pure posture », juge un diplomate, dans la mesure où le texte est adopté à la majorité qualifiée. Varsovie peut bien sûr l’attaquer devant la justice européenne, pour la gloire. Oui, des grains de sable entravent la machine européenne, sans l’arrêter.
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