[ad_1]
À l’approche de Noël, une nouvelle tradition venue des pays anglo-saxons se propage dans les entreprises françaises: le Secret Santa, un échange de cadeaux entre collègues. Si certains s’en réjouissent, d’autres ne cachent pas leurs réserves. Collègues oubliés, cadeaux ratés, moments de malaise et même harcèlement sexuel… Des salariés ont raconté à BFMTV.com leurs pires expériences.
Un an après, Maxime a encore du mal à oublier le « trauma de la boule à neige ». L’hiver dernier, le jeune homme a reçu d’une collègue « le cadeau le plus nul » de l’histoire des Secret Santa organisés en entreprise: une petite boule à neige en plastique sur laquelle est inscrite « Bonheur de Noël en famille ».
Une babiole « ni belle, ni utile, ni drôle, ni assez nulle pour provoquer le rire », comme soulignait une internaute en réponse à la publication sarcastique de ce développeur informatique de 33 ans sur le réseau social X (ex-Twitter).
« Entre humiliation et sensation d’échec personnel, je comptais le jeter mais j’ai décidé de le garder toute ma vie comme vecteur de rage et d’énergie. Même la typographie me donne envie de vomir. Dans un autre univers je deviens méchant et je vais brûler tous les sapins de Noël de la ville de Paris », écrivait avec humour le Parisien, non sans une pointe d’exagération.
Rires et gêne au milieu de l’open-space
« L’effort est minimal », râlait-il encore, avant d’apprendre que ce gadget était vendu en ligne au prix de 6,5 euros les quatre boules, puis de découvrir qu’elles étaient même distribuées gratuitement aux enfants avant les fêtes à la sortie d’un supermarché.
Tout droit venue des pays anglo-saxons, la tradition du Secret Santa se fraye une place dans le milieu professionnel français ces dernières années. L’idée est simple: chacun tire au sort le nom de l’un de ses collègues et lui offre un cadeau, souvent avec un budget limité.
« C’est assez cool, ça permet de partager un moment de convivialité sympa avant les fêtes », salue Selma, chargée d’assistance dans un cabinet d’assurance lyonnais.
« Mais ça peut vite virer au cringe (malaise, NDLR) », nuance cette femme de 32 ans, « si tout le monde ne joue pas le jeu ou quand le cadeau fait un flop ».
C’est pour ça que chaque année, Selma appréhende au moment de piocher le nom de celui ou celle à qui elle devra offrir un cadeau. Ce que certains présentent comme un moment convivial est aussi vécu comme une pression pour d’autres salariés, qui savent qu’ils seront scrutés – et parfois jugés – sur le cadeau qu’ils choisiront.
Selma redoute ainsi leur ouverture devant tout le monde. Un moment aussi « stressant que gênant » pour elle, où tout le monde est scruté. « Il y a toujours des petits moments de flottement… une réflexion gênante au milieu de nulle part. »
Mauvais goût et messages cachés
C’est ce qui s’est passé l’an dernier dans l’organisme de formation où travaille Lydia, à Montbéliard (Doubs). Cette prof d’anglais raconte le malaise qui s’est installé lorsqu’une collègue s’est vu offrir… des collants. Ou quand à l’autre bout de l’open-space, un autre collègue a reçu un brassard de téléphone pour la course à pied – alors que tout le monde sait pertinemment qu’il ne fait pas de sport… et qu’il a même pris un peu de poids dernièrement.
« Ils ont tous les deux gardé un sourire de façade mais on a tout de suite vu qu’ils n’étaient pas emballés, se souvient-elle. Ils avaient la mine décomposée… Pire, quelqu’un a eu la bonne idée de lancer à voix haute: ‘je crois qu’on essaie de vous faire passer un message! »
Un peu comme cet employé de la SNCF qui s’est dit que ce serait une bonne idée d’offrir un plumeau, une serpière et des lingettes nettoyantes à sa collègue qui avait l’habitude de s’illustrer par ses positions féministes. Une « douche froide » pour Marie, community manager de 31 ans, qui n’a même pas réussi à réagir tant elle a été choquée par la démarche.
« J’ai ri jaune, puis je suis partie en pleurant de rage », raconte-t-elle, encore écœurée deux ans après.
« On ouvrait les cadeaux tour à tour, donc j’étais vraiment le spectacle », se souvient la jeune femme. « Un certain nombre de personnes étaient au courant et attendaient la petite blague avec impatience. » Depuis, ce collègue s’est « vaguement excusé », mais Marie ne lui a plus jamais adressé la parole.
Quand le sexisme brise l’esprit de Noël
Le Secret Santa peut être l’occasion de dérives encore plus graves, comme il y a deux ans dans le service de psychiatrie de l’Essonne où travaillait Émilie. Cette secrétaire médicale se souvient de « la franche rigolade » de ses collègues lorsqu’elle a reçu une peluche en forme de sexe masculin de la part de son chef, médecin. « Serre-moi fort », pouvait-on lire dessus.
L’attention a fait rire tout le monde, sauf l’intéressée: et pour cause cette femme de 38 ans était déjà régulièrement la cible de réflexions à caractère sexuel dans son service. Un comportement qui s’apparente à du harcèlement sexuel sur le lieu de travail – une infraction passible de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.
« Quand j’ai ouvert le paquet, ça m’a tellement gênée que je l’ai tout de suite remballé et remis dans son sac », raconte Émilie. La trentenaire s’est sentie publiquement « humiliée » en place publique, d’autant que ses collègues savaient qu’elle n’était « pas réceptive à leurs blagues » sur ces sujets-là.
« Mais sur le coup je me suis quand même remise en question et me suis demandée si c’est moi qui n’avait pas d’humour », se rémémore-t-elle. « C’est mon mari qui le soir-même, m’a fait réaliser à quel point c’était mal placé, surtout de la part d’un supérieur. »
Cet échange de cadeaux a été le comportement de trop pour Emilie. Depuis, elle a complètement arrêté de participer aux pots, cadeaux d’anniversaires, dîners à l’extérieur avec ses collègues. « Je m’en tiens désormais à des rapports strictement professionnels », confie-t-elle.
Les grands oubliés du Secret Santa
Cet hiver, Carine non plus n’a pas le cœur à organiser un Secret Santa dans sa petite agence immobilière du Gard. La gérante de 47 ans a encore en travers de la gorge le pauvre petit rodin de bois qu’elle a reçue d’une collègue l’année dernière. « Ça m’a un peu vaccinée, je n’ai plus trop l’envie de me lancer là-dedans », confie la directrice d’agence.
« Un rondin… Elle m’a offert un rondin de bois », répète, aussi dépitée qu’amusée, Carine, qui a encore en tête le silence gêné et pesant qui a suivi l’ouverture de son cadeau. « J’ai même eu du mal à comprendre ce que c’était. Je crois que tout le monde a vu ma tête rouler par terre. Ça n’avait aucun sens. »
« Le pire, c’est que c’était une collègue que j’appréciais! », s’exclame-t-elle, désormais persuadée que « ce n’était pas réciproque ».
Vexée par ce qu’elle considère comme un manque d’investissement de sa collègue, Carine a à peine fait l’effort de la remercier. « La seule chose qu’elle m’a dite, c’est qu’elle ne savait pas quoi me prendre… Je lui ai répondu: ‘Ah bah oui je vois ça' ». « Que dire d’autre? », s’interroge Carine, qui a rangé dans un tiroir ce rondin, censé être un petit dessous de table. « Ce n’est pas tant le prix du cadeau en soi que je déplore, c’est le cadeau acheté par défaut. Ce n’est pas du tout personnel. »
D’autres, encore, s’avèrent être les grands oubliés de la tournée du père Noël. Émilie, jeune salariée de 28 ans à Paris, n’a par exemple reçu aucun cadeau l’année dernière, elle qui se faisait pourtant une joie de partager son tout premier Secret Santa en entreprise.
« Tous les jours qui ont suivi la remise des cadeaux, j’allais voir au pied du sapin installé au milieu de l’open-space au cas où mon cadeau avait du retard mais rien. Je n’ai jamais rien eu… », déplore la jeune femme, qui avait pourtant acheté un cadeau. Selon elle, la personne qui avait pioché son nom – dont elle ignore encore l’identité aujourd’hui – était probablement en arrêt de travail à cette période. Pour elle, ce qui devait être un moment de partage s’est avéré au final « un peu triste ».
[ad_2]
Source link