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(BFM Bourse) – Ce principe est revenu avec insistance ces dernières semaines pour décrire une économie où les banques centrales parviennent à remettre sous contrôle l’inflation sans pénaliser trop fortement l’activité. Si ce scénario idéal a pu permettre au marché de grimper récemment, il n’en demeure pas moins hypothétique et fragile.
Le monde de la Bourse et de l’économie en règle générale aime les idées simples inspirées de mythes ou de concepts imagés. Citons par exemple la théorie du « cygne noir », qui désigne une menace censée être improbable jusqu’au moment où elle se concrétise. La grande crise financière de 2008 peut à ce titre être considérée comme un cygne noir.
Dans la même veine, un terme est revenu avec insistance ces dernières semaines, à savoir le « scénario Boucle d’or », qui fait référence au célèbre conte « Boucle d’or et les trois ours ».
Comme souvent avec ces histoires anciennes, différentes versions existent. Mais dans la plus connue, celle qui nous intéresse, une jeune fille aux cheveux blonds (d’où le nom « Boucle d’or ») entre dans une maison habitée par une famille de trois ours (le père, la mère et l’ourson) qui se sont absentés. Elle va alors goûter les trois bols de porridge, préférant celui de l’ourson, ni trop chaud comme celui du père, ni trop froid comme celui de la mère. Même chose pour le lit: elle préfère là encore celui de l’ourson, ni trop dur comme celui du père ni trop moelleux comme le lit de la mère.
Cette histoire illustre le processus dialectique (thèse, antithèse, synthèse) et a surtout donné naissance au « goldilocks principle », soit le « principe Boucle d’or » qui évoque la zone d’équilibre optimale. Ce principe se retrouve dans de nombreux domaines, que ce soit la psychologie – les enfants aimeraient porter leur attention à des évènements ni trop simplistes ni trop complexes, selon ce principe – la médecine, l’astrobiologie ou encore la communication.
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Une économie optimale
En économie, le principe « Boucle d’or », décrit une conjoncture où la croissance atteint un rythme modeste mais réel, sans créer de trop grande inflation. Autrement dit, l’activité n’est ni en surchauffe ni en phase de ralentissement qui laisserait entrevoir une récession menaçant l’emploi. Ce qui n’est pas sans rappeler le « carré magique » de l’économiste Nicholas Kaldor, où l’économie croît, l’inflation est maîtrisée, le chômage reste bas, et la balance des transactions courantes est positive.
Ce scénario « Boucle d’or » est donc récemment revenu dans les commentaires de marché pour évoquer un certain optimisme à la lueur de plusieurs indicateurs, notamment le dernier rapport sur l’emploi américain, début août, comme le note Stephen Innes de Spi Asset Management.
Le marché a ainsi voulu croire à l’idée que les banques centrales et surtout la Réserve fédérale (Fed) américaine parviendraient à ramener l’inflation au niveau des 2% à un horizon acceptable sans avoir besoin d’appuyer davantage sur la pédale de la politique monétaire restrictive, permettant ainsi à l’économie d’éviter une contraction économique.
« Le scénario ‘Boucle d’or’ d’une inflation plus faible, d’une croissance lente (mais pas de récession) et de l’absence de nouvelles hausses de taux d’intérêt a fait grimper les actifs à risque au cours des dernières semaines », relevait Bank of America au début du mois.
« Le marché a pleinement accepté le scénario qu’il souhaitait, à savoir celui de ‘Boucle d’or’. Tant que nous n’aurons pas de données qui les effraient, il est difficile de voir comment cela va changer », jugeait de son côté fin juillet Bob Kalman, gestionnaire de portefeuille senior chez Miramar Capital, cité par Reuters.
Un scénario qui nécessite des confirmations
Reste que ce scénario, si plaisant soit-il, n’est pas inscrit dans le marbre. La dégradation de la note de crédit des Etats-Unis par l’agence de notation Fitch a fait office de piqûre de rappel face à l’excès d’optimisme.
Dans une récente note consacrée aux changes, UBS juge ainsi que « les quatre dernières semaines ont montré à quel point les attentes ‘Boucles d’or’ peuvent être instables pour les investisseurs en devises. « La dégradation de la note des États-Unis, la baisse des données d’activité principalement en dehors des États-Unis, et la hausse des prix du pétrole ont permis au dollar américain (devise considérée comme une valeur refuge et donc soutenue par les incertitudes économiques, NDLR) de se raffermir », poursuit la banque suisse.
Les inquiétudes sur la conjoncture chinoise et la progression des rendements obligataires ont par ailleurs pesé sur les marchés et réduit l’optimisme des investisseurs, ces derniers jours.
« Nous mettons (…) en garde contre l’autosatisfaction. Les marchés s’attendent à une économie « Boucle d’or », le personnel de la Fed et le consensus ne prévoyant plus de récession, l’inflation devant reculer rapidement au cours de l’année à venir et le consensus sur les bénéfices prévoyant de fortes hausses (de l’ordre de 10 % aux États-Unis) en 2024 et en 2025. Toutefois, le chemin qui mène à cette perfection est étroit », ont récemment prévenu les équipes de Generali Insurance asset management, menées par Vincent Chaigneau.
« Si les taux d’inflation exorbitants semblent derrière-nous, la dernière ligne droite à parcourir pour atteindre l’objectif de 2% pourrait s’avérer la plus difficile (…) Notre hypothèse de base reste que le resserrement monétaire brutal des États-Unis au cours des 16 derniers mois conduira à une récession modérée d’ici fin 2023 ou début 2024. Dans le même temps, la zone euro, qui a déjà connu une récession technique, n’échappera que lentement à la stagnation, dans un contexte de ralentissement de l’expansion du crédit et de resserrement des normes de prêt », anticipent-elles.
Il faudra donc encore des avancées pour que ce scénario ‘Boucle d’or’ gagne en crédibilité. « Le scénario « Boucle d’or » aura besoin de statistiques favorables et de l’absence de surprises négatives afin de maintenir les ‘bears’ (les investisseurs qui parient sur une baisse du marché, NDLR) à distance », conclut la banque Barclays dans une note publiée la semaine dernière.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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