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(BFM Bourse) – Après une année 2022 déjà difficile, le marché mondial des introductions en Bourse ne s’est pas repris en 2023. Les montants levés à la Bourse de Paris n’ont pas dépassé les 300 millions d’euros depuis le début de l’année.
L’année 2022 était un cru à oublier sur le front des introductions en Bourse. Les espoirs étaient permis sur une reprise des opérations en 2023. Las, ce scénario ne s’est pas du réalisé, selon les dernières données du cabinet EY qui évoque « une année contrastée ».
En 2023, le nombre d’introductions en Bourse dans le monde est passé sous la barre des 1.300 opérations, à 1298, pour un montant total levé de 123,2 milliards de dollars. Cette activité s’inscrit en baisse de 8% en volume et de 33% en valeur par rapport aux 179,5 milliards de dollars levés en 2022.
Rappelons que l’an dernier, le nombre d’opérations s’était écroulé de 45% à 1.333 en raison d’un contexte macroéconomique et géopolitique n’incitant pas les entreprises à se jeter dans le grand bain boursier.
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Du mieux en Asie-Pacifique
Pour revenir à 2023, la zone Asie-Pacifique a comptabilisé 732 introductions en Bourse pour un montant total de 69,4 milliards de dollars, et enregistre ainsi des baisses de 18% en volume et 44% en valeur.
Par contre, le marché américain fait preuve d’une meilleure résistance, note EY avec 153 transactions pour 22,7 milliards de dollars, soit une hausse de 15% en volume et 155% en valeur. Il faut dire que Wall Street a été animé par des opérations d’envergure, notamment en septembre et octobre avec Arm, le concepteur de microprocesseurs britannique dont l’entrée en Bourse a été plus que remarquée. L’entrée du fleuron britannique constituait alors la plus importante entrée en Bourse dans le monde depuis novembre 2021 et l’arrivée à Wall Street du constructeur de véhicules électriques Rivian, valorisé 77 milliards de dollars, à l’époque.
Surtout, Arm a plutôt préféré se lancer aux Etats-Unis plutôt que sur sa place d’origine, soit Londres. C’est également le choix qui a été privilégié par Birkenstock, le spécialiste allemand des sandales fondé en 1774, qui a levé environ 1,5 milliard de dollars à Wall Street.
Un mauvais cru à Paris
Et comment se comporte le marché à Paris? Encore une fois, l’année sera à oublier puisque seules 6 entreprises ont tenté leur chance cette année pour un montant total de 291,3 millions de dollars, explique EY. Ce qui représente deux fois moins de transaction qu’en 2022, qui n’était déjà pas un bon millésime sur le front des introductions en Bourse sur la place parisienne.
Le spécialiste des protections contre les risques d’explosion Stif, dont le résultat de l’offre sera connu vendredi matin, va très vraisemblalement clôturer le bal des introductions en Bourse de l’année.
Avant Stif, la dernière opération remontait au mois de juillet avec l’arrivée du spécialiste des ingrédients naturels Vinpai sur Euronext Growth. Ce compartiment phare des petites et moyennes entreprises a abrité l’ensemble des introductions de l’année 2023, soit 5.
En revanche, sur le compartiment réglementé d’Euronext Paris, c’est tout simplement une année blanche. Aucune opération avec une offre au public n’a été recensée depuis l’introduction en Bourse de Lhyfe, en mai 2022. En octobre, Planisware était en piste pour débloquer ce compteur et intégrer le compartiment A d’Euronext Paris – réservé aux capitalisations de plus d’1 milliard d’euros – qui n’avait plus vu de nouveaux entrants depuis OVHcloud, le leader européen des services de cloud computing, en octobre 2021.
Mais coup de tonnerre, l’éditeur de logiciels s’est ravisé la veille de son entrée en Bourse, évoquant des conditions de marché adverses.
Le spécialiste américain des cosmétiques Coty quant à lui a privilégié le compartiment professionnel d’Euronext, pour s’offrir une double cotation à Paris (en plus de celle à New York) . Ce compartiment spécifique offre une souplesse aux sociétés étrangères souhaitant s’acclimater au marché parisien, en permettant depuis 2017 aux émetteurs l’admission de leurs titres sur un marché réglementé sans émission, ni cession dans le public.
Une reprise des IPO en 2024?
Quel sera la tendance pour 2024? Le cabinet EY se veut optimiste et estime que l’appétence pour les introductions en bourse reste élevée, « portée notamment par le dynamisme des plus petites transactions ».
« Tandis que de nombreux gouvernements prennent des mesures visant à dynamiser les marchés financiers, l’activité est particulièrement forte au Japon, en Inde et sur le marché américain. Face à une politique monétaire qui se stabilise, les candidats à la bourse pourrait se préparer à des fenêtres plus favorables sur l’année 2024 », explique Franck Sebag, associé chez EY.
Quelques entreprises ont manifesté directement ou par voie de presse leur intention de se lancer en Bourse l’an prochain. Le mastodonte de l’ultra fast-fashion Shein envisagerait de s’introduire en Bourse à New-York, rapportait fin novembre la presse américaine. L’opération considérée comme « la plus importante depuis des années » est attendue pour 2024.
Dans un tout autre domaine, le réseau social Reddit envisage également de se lancer sur les marchés et serait à la tête d’une cohorte de candidats « tâtant le terrain », rapportait pour sa part Bloomberg. Skims, l’entreprise de vêtements de Kim Kardashian, étudie également les options possibles, y compris une introduction en Bourse, ajoutait également Bloomberg.
En France, des groupes pourraient aussi faire leurs premiers pas en Bourse en 2024 par le biais de scission. Renault compte toujours mettre en Bourse Ampere sa filiale dédiée à l’électrique au premier semestre 2024. Mais l’opération ne se fera pas dans n’importe quelles conditions, rappelait la marque au losange mi-novembre, citant la valorisation qui pourrait être assignée à Ampere. Son directeur général, Luca de Meo, avait indiqué que le groupe visait une valorisation de à 8 milliards à 10 milliards d’euros.
Sanofi, une autre société du CAC 40, a fait part fin octobre de sa décision de se séparer de son activité Santé Grand Public, qui réunit les produits contre les allergies, le rhume, la toux, les diarrhées, la constipation…. Cela passera par l’introduction en Bourse de cette entité, une opération qui interviendra au plus tard au quatrième trimestre 2024.
Du côté du SBF 120, Sodexo va aussi va opérer une scission d’une activité via une introduction en Bourse. Le spécialiste de la restauraiton collective, prévoit de coter en Bourse son activité de titres restaurant et titres cadeaux l’an prochain. Et il l’a renommée « Pluxee » en vue de cette future scission.
Pathé ambitionne pour sa part de rejoindre la Bourse de Paris à horizon 2024, avait indiqué Jérôme Seydoux aux Echos en septembre 2022. Le doyen des cinémas français fondé par les frères Pathé en 1896 souhaite ainsi attirer de nouveaux actionnaires en vue de financer d’importants investissements à la fois dans les salles et les contenus.
Sabrina Sadgui – ©2023 BFM Bourse
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