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(BFM Bourse) – Le gros de la saison des résultats est désormais passé et de nombreux groupes ont vu leurs cours réagir à la génération de trésorerie. Cet indicateur est probablement devenu le plus pertinent à regarder, même si cela va dépendre des secteurs.
La saison des résultats touche désormais à sa fin, même si quelques entreprises du CAC 40 (Vivendi, Thales par exemple) doivent encore livrer leurs comptes annuels sur la semaine à venir.
Durant le point culminant de cette vague de publications, nous avions demandé sur les réseaux sociaux à nos lecteurs et auditeurs quel était, selon eux, le « vrai » indicateur à regarder lorsqu’une entreprise publie ses résultats. La croissance était ressortie en tête de ce questionnaire, devançant légèrement le free cash-flow (ou « flux de trésorerie libre » en bon français).
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Dans les faits, cela dépend des secteurs. Dans le luxe ou la tech, le marché a tendance à se concentrer sur la progression des revenus en données comparables. Mais pour nombre d’autres groupes, les investisseurs regardent avec attention la génération de cash. C’est ce qui est ressorti de cette saison de résultats, durant laquelle beaucoup d’entreprises ont été portées par leur génération de trésorerie.
Avant même le coup d’envoi de la vague de publications, le groupe de BTP et de concessions Vinci avait surpris les investisseurs, en prévenant mi-janvier que son flux de trésorerie libre atteindrait un nouveau record en 2023. Le titre a pris alors 2%.
Autre exemple: le fabricant de pneumatiques Michelin avait été plombé par son cash en 2022. Lors de cette saison, le groupe au bibendum a au contraire déjoué les pronostics avec un flux de trésorerie libre avant acquisitions de 3 milliards d’euros, contre 2,6 milliards d’euros attendus par les analystes. Michelin avait bondi de près de 7% à la suite de sa publication.
L’indicateur « le plus pertinent »
Encore cette semaine, le laboratoire d’analyses pharmaceutiques et alimentaires Eurofins a chuté en Bourse (-6,7%) à la suite de la publication de ses résultats annuels. Le compte de résultat n’a pas réservé de mauvaises surprises, mais la génération de trésorerie est ressortie loin des attentes des analystes et des propres prévisions de la société.
A contrario, le conglomérat Bouygues a lui ravi le marché (+8%) car son cash-flow robuste lui a permis de réduire fortement sa dette nette, surprenant ainsi les bureaux d’études.
Rappelons que le cash-flow libre ne fait pas partie du compte de résultat mais est inclus dans un tableau à part. Cet indicateur permet in fine de savoir si un groupe a brûlé ou emmagasiné du cash sur un exercice donné.
« Pour calculer le free cash-flow on part de l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) auquel on va retrancher la variation de besoin de fonds de roulement (les créances clients et les stocks diminués des dettes fournisseurs), vous passez ainsi d’un indicateur patrimonial à sa contrepartie cash. Puis vous ôtez les débours obligatoires: les impôts et les investissements », explique Pascal Quiry, professeur de Finance à HEC et co-auteur du Vernimmen.
Il s’agit ainsi d’une mesure de performance assez « pure ». « Le free cash-flow est l’indicateur le plus pertinent car à la fin des fins cet indicateur montre l’argent que l’on a pour investir encore plus, pour se désendetter, ou pour payer des dividendes ou financer des rachats d’actions », ajoute l’universitaire.
Un cash plus fort permet donc de rémunérer davantage les actionnaires. C’est le point commun entre deux entreprises qui n’ont absolument rien à voir en termes d’activité: Renault et Carrefour. Toutes deux ont publié un flux de trésorerie libre nettement supérieur aux attentes lors de cette saison des résultats.
Ce qui leur a permis de proposer un dividende bien plus fort qu’anticipé par les analystes: Renault propose 1,85 euro par action au titre de 2023, Carrefour 87 centimes. Ces coupons ont dépassé le attentes des analystes de respectivement 33% et 55%. Leurs actions ont en conséquence nettement progressé: Renault s’est adjugé 6,5% dans la foulée de ses résultats, Carrefour 5%. Dans le cas du distributeur, l’annonce a été d’autant plus été appréciée par les investisseurs que la société a maintenu son engagement d’augmenter en moyenne son dividende de 5% par an sur les prochaines années.
On peut également citer Stellantis. Avec un flux de trésorerie libre industriel de près de 13 milliards d’euros en 2023, le constructeur franco-italo-américain va rendre plus de 7,7 milliards d’euros de cash à ses actionnaires cette année sous forme de dividendes et de rachats d’actions.
Pas une panacée pour autant
« L’autre point important est que pour des sociétés difficiles à analyser – on peut penser à Bouygues qui est un conglomérat avec de nombreuses activités – cet indicateur a le mérite de conserver sa pertinence. Car le cash ne ment pas et on ne peut pas le manipuler sauf escroqueries du type Wirecard (un groupe de paiement allemand qui a disparu à la suite d’irrégularités comptables, NDLR) qui sont très rares », poursuit Pascal Quiry. « En somme, que le marché se concentre sur le free cash-flow est à la fois logique et sain », conclut l’universitaire.
Reste que livrer un flux de trésorerie libre supérieur aux attentes ne constitue pas une panacée pour autant. L’équipementier automobile Forvia (ex-Faurecia) a beau avoir largement dépassé le consensus sur le cash-flow libre, son action a chuté de plus de 20% en deux séances.
Comme le notait Deutsche Bank, le marché s’est interrogé sur la qualité de l’amélioration du besoin en fonds de roulement, redoutant que cette variation cache un loup. Quand bien même rien ne l’indiquait en l’état. La direction a dû tenir une conférence avec des analystes deux jours plus tard pour éclaircir plusieurs points. Notamment le fait que l’affacturage inversé, un mécanisme permettant à ses fournisseurs de recevoir immédiatement le paiement d’une facture via un tiers (le « facteur » qui encaisse lui plus tard l’argent), était bien inscrit dans son bilan et ne constituait que 10% de sa dette fournisseurs. L’action a regagné du terrain et Stifel a loué une intervention « bienvenue ». « La direction de Forvia a corrigé toutes les interprétations erronées et les inexactitudes qui ont circulé » deux jours plus tôt, a apprécié le bureau d’études.
L’un des grands groupes du CAC 40 dont le cash se trouve dans le viseur du marché reste Alstom. Son action avait plongé de près de 38% à l’automne après que le groupe a annoncé avoir brûlé plus d’un milliard d’euros de trésorerie sur les six premiers mois de son exercice décalé. Un flux de trésorerie solide lors de la publication de ses résultats annuels, le 8 mai prochain, constitue un impératif pour débuter sa rédemption boursière…
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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