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C’est l’un des principaux thèmes du sommet des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, ainsi que l’Afrique du Sud qui a rejoint le groupe en 2011), qui débute ce mardi à Johannesburg. Au côté de l’ouverture à de nouveaux membres, ou de la sécurité alimentaire, la question de la monnaie constitue un enjeu économique et géopolitique majeur, obsession des BRICS.
Les BRICS se veulent l’avant-garde du mouvement de dédollarisation (la contestation de l’hégémonie du billet vert), relancé par la guerre en Ukraine. Le dollar pèse pour 44 % des transactions sur les devises et maintient sa domination dans la finance mondiale et le commerce. Déjà en 2009, les BRIC (qui n’étaient alors que quatre) avaient appelé à la création d’une nouvelle monnaie globale, alternative au dollar, sans qu’elle ait vu le jour depuis. Le projet d’une unité de compte commune (équivalente au droit de tirage spécial du FMI) a refait surface, mais ne suscite pas l’enthousiasme de tous les concernés. Il s’agit d’un chantier complexe qui attise les divergences et luttes de pouvoir .
Les BRICS veulent favoriser l’utilisation de leurs devises (commerce, flux financiers) et la coopération. Et ce, que ce soit au sein de leur « club » ou au-dehors (Afrique, Asie, Amérique latine) où ils affrontent la chasse gardée du dollar. Dans cette lutte, les cinq devises des BRICS ne font pas front commun. Elles sont très peu corrélées entre elles, un reflet des très fortes diversités économiques de leurs pays.
Depuis treize ans, la part des cinq monnaies des BRICS dans les volumes quotidiens sur le marché des changes a certes plus que doublé que 2 % à 5,4 %, mais essentiellement du fait de l’explosion de l’activité sur la monnaie chinoise. Pour Pékin l’objectif prioritaire reste à terme l’internationalisation de sa devise. La Chine soutient actuellement sa monnaie pénalisée par les inquiétudes sur le potentiel de croissance et la crise immobilière.
En 2021, pour l’anniversaire des vingt ans de l’acronyme « BRIC » qu’il avait créé, Jim O’Neill, stratège de Goldman Sachs, avait rappelé dans « Projet Syndicate » son idée essentielle. La hausse du poids dans l’économie mondiale de certains grands pays émergents allait avoir des implications importantes pour la gouvernance économique et financière mondiale.
Face au G7 des 7 plus grands pays industrialisés et leurs monnaies (dollar, euro, livre sterling…) une nouvelle coalition portant leurs devises alternatives allait se dresser. Mais ces monnaies émergentes, volatiles, ne sont pas parvenues à susciter la confiance des marchés et encore moins à obtenir le statut de monnaie de réserve concurrente du dollar, euro, yen ou livre sterling.
Guerre des changes
Depuis l’invention du terme BRIC, le real brésilien a perdu 46 % par rapport au dollar, le rouble 68 % et la roupie indienne 42 %. Le yuan a en revanche progressé de 13 %. Sur la même période, l’euro avait gagné 22 % face au dollar. L’Afrique du Sud a rejoint les quatre autres BRIC le 24 décembre 2010. Ce fut loin de profiter à sa monnaie, le rand, qui a cédé les trois quarts de son cours depuis que son pays a rejoint ce groupe.
Des monnaies sous-évaluées ont un bienfait en favorisant la compétitivité de leurs exportations et permettent de « conquérir le monde ». Durant la première décennie 2000, la croissance annuelle moyenne des exportations des BRIC a été deux fois supérieure à celle du reste du monde, 18 % contre 8 %, et la faiblesse de leur devise y a contribué. Championne toutes catégories (20 % par an), la Chine a eu recours à des dévaluations compétitives cachées (la fameuse « guerre des changes ») et répétées durant près d’une quinzaine d’années (2004-2014). Sa banque centrale limitait l’appréciation du yuan ou orientait franchement son cours à la baisse. Les exportations étaient alors le moteur clef de la croissance chinoise plus que sa demande intérieure.
Les autres BRICS ont eu moins fréquemment recours à ce « dumping monétaire » très mal vu de leurs partenaires commerciaux et qui peut entraîner des représailles et rétorsions (droits de douane…). L’envolée du dollar entre 2011 et 2022 les a conduits plus souvent à soutenir leur monnaie pour limiter les fuites de capitaux étrangers et tenter de restaurer la confiance des marchés.
BRIC, un acronyme d’abord marketing
A l’origine l’acronyme relevait plus du marketing que de l’économie face à la diversité des quatre puis des cinq pays qui le composent. Il visait à inciter les investisseurs à diversifier leur agent vers les pays émergents les plus prometteurs. Un afflux d’argent qui aurait été de nature à soutenir davantage les devises des BRIC s’il s’était poursuivi dans la durée. Dès 2015, Goldman Sachs – à l’origine du terme – a fermé son fonds BRIC en raison du manque d’intérêt de la part des investisseurs. Jim O’Neill estimait alors que le déclassement économique du Brésil et de la Russie pourrait rendre caduc le concept même de BRIC dès 2019.
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