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Publié le 3 sept. 2023 à 11:40Mis à jour le 3 sept. 2023 à 13:20
On est jamais mieux trahi que par les siens. Le destin du général Brice Clotaire Oligui Nguema, 48 ans, qui sera intronisé lundi à Libreville « président de transition » du Gabon, est profondément lié à celui du clan Bongo, qu’il vient de faire tomber en une heure, le 30 août, après plus de 55 ans à la tête du pays.
Militaire comme son père, élevé par sa mère dans la province historique de la famille Bongo (dont on le dit cousin) et pris sous son aile par un influent général, il se taille vite une place de choix auprès d’Omar Bongo, leader du pays de 1967 à 2009. Repéré au sein de la garde républicaine, Nguema, jeune officier discret mais ambitieux et efficace, formé à la prestigieuse académie du Maroc (comme Ali Bongo), devient son aide de camp.
Les « petits » d’Omar Bongo
« Il faisait partie des ‘petits’ du président, qu’on voyait passer dans les couloirs », témoigne dans « Jeune Afrique » une ex-collaboratrice d’Omar Bongo. La grande proximité qu’on leur prête alors durera jusqu’au dernier souffle du dirigeant.
L’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo marque une première rupture. Le fils d’Omar place ses hommes et Brice Oligui Nguema est exilé comme attaché militaire au Gabon, au Maroc et au Sénégal. Le retour en grâce et au pays prendra dix ans : en 2019, il est rappelé pour diriger les services spéciaux.
Un manoeuvrier habile
On ne l’arrêtera plus. Habile manoeuvrier, il obtient le commandement de la puissante garde républicaine, où, plus royaliste alors que le roi, il renforce les effectifs dédiés au maintien du régime et modifie même le slogan de la garde : elle ne jure plus fidélité à la patrie, mais au président.
Cette fidélité a pris fin le 30 août, quand, une heure après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo pour un troisième mandat, le général Nguema a jugé temps de « tourner la page », de contrer une élection « truquée » et de reprendre en main « une gouvernance irresponsable et imprévisible ».
L’opération a été menée vite et bien, sans effusion de sang apparente et avec le soutien sans faille de ses hommes, qui lui savent gré d’avoir amélioré leurs conditions de travail. « C’était clairement bien préparé, on n’est pas dans un acte spontané », analyse Florence Bernault, historienne du Gabon et enseignante à Sciences Po.
L’ombre de Pascaline Bongo
Le général Nguema a, pour l’instant, réussi à réunir le soutien de l’armée et celui de l’opinion. Jusqu’au putsch, « il restait un personnage de l’ombre plutôt méconnu du grand public, mais le peuple lui sait gré d’avoir fait tomber Ali Bongo », poursuit Florence Bernault.
Le nouvel homme fort du Gabon n’a pas encore dévoilé tout son jeu. Il n’a pas avancé de durée pour la « transition » qu’il veut incarner et s’est d’abord attaché à rassurer la population en promettant de nouvelles élections, et les grands argentiers, en garantissant « le respect des engagements » du Gabon.
Accusé de corruption
Il soigne son image en annonçant une guerre totale à la corruption et a fait arrêter, à ce titre, Noureddin Bongo Valentin, fils d’Ali Bongo, et six autres membres de la « jeune garde » du Palais. Une manière de s’acheter une virginité ? Brice Oligui Nguema a lui même déjà accumulé une jolie fortune et en 2020, l’organisation américaine OCCRP l’a accusé d’avoir acheté en liquide des propriétés aux Etats-Unis. « La vie privée doit rester privée », a-t-il répondu à ces accusations.
Riche, proche des Bongo et accusé de corruption, il lui sera difficile d’incarner le renouveau qu’il dit vouloir pour son pays. Libreville bruisse déjà de rumeurs l’accusant de n’être que le bras armé de Pascaline Bongo, la soeur d’Ali, dans ce qui ne serait en réalité qu’une révolution de palais entre branches rivales de la famille Bongo. Jeudi, l’opposition a remercié l’armée de s’être « dressée contre un coup d’Etat électoral »… mais lui a surtout demandé de reconnaître à présent la « victoire » de son candidat, Albert Ondo Ossa, lors de l’élection présidentielle.
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