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(BFM Bourse) – Les cours de l’or noir ont récemment connu une forte progression due aux réductions de production de la Russie et de l’Arabie saoudite. A long terme, avec une demande qui risque de progresser encore pendant de nombreuses années et une offre qui pourrait atteindre son pic bientôt, le prix de baril risque de se maintenir à des prix élevés.
Après un début d’année en repli, le pétrole est assurément la matière première clé de cette rentrée. Le baril de Brent de mer du Nord a dépassé les 95 dollars cette semaine, et affiche une progression de 8,7% depuis le 1er janvier, mais surtout de 11% sur un mois et de 25,4% sur trois mois.
Ce rebond spectaculaire s’explique en grande partie par l’Arabie saoudite qui, pour financer des investissements colossaux, veut un prix du baril élevé quitte à sabrer sa production. Ainsi la hausse des cours des dernières semaines est survenue après que Riyad et la Russie ont décidé de maintenir jusqu’à la fin de l’année des coupes de production.
Ces prolongations vont entraîner un déficit du côté de l’offre pour le quatrième trimestre, pénurie sur laquelle l’Agence internationale de l’Energie et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont récemment alerté. La banque UBS avait, elle, auparavant chiffré ce déficit à plus de 1,5 million de barils par jour pour le quatrième trimestre. Mais l’Opep, elle, l’évalue à 3 millions de barils par jour.
« Et la hausse ne montre que peu de signes d’essoufflement. À moins que les données économiques ne se détériorent, le pétrole pourrait atteindre 100 dollars d’ici peu », prédit Craig Erlam d’Oanda.
« Nous pensons que les fondamentaux solides soutiendront le Brent autour des niveaux actuels, dans une fourchette de 90-100 dollars, le baril au cours des prochains mois », estime de son côté UBS.
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« Déplétion naturelle »
Mais au-delà du court et du moyen terme, il faut bien comprendre que le pétrole reste un marché où, sauf dégradation brutal de la conjoncture, les pressions s’exercent davantage en faveur d’une hausse des prix que d’une baisse.
La production des puits s’effrite d’année en année, en l’absence des dépenses nécessaires à leur maintien. C’est ce que l’on appelle la « déplétion naturelle ». Benjamin Louvet, directeur de la gestion des matières premières chez OFI Invest Asset Management, chiffrait l’an passé cette perte de production d’un puits entre 4% et 5% par an.
« Compte tenu des contraintes environnementales, de la nécessité de faire la transition énergétique pour prendre en compte le changement climatique, les investissements dans le secteur pétrolier ont été insuffisants ces cinq-six dernières années pour compenser cette baisse de la production », expliquait l’expert.
A voir si cette tendance aux sous-investissements ne va pas être stoppée dans les prochaines années. Pour l’heure Bank of America ne s’attend qu’à une progression de 3% en 2024 des dépenses d’investissements (capex) des groupes de secteurs pétrolier et gazier contre une progression de 6% en 2023. En juin, la major pétrolière Shell avait même annoncé une baisse de ses dépenses d’investissements (capex) pour 2024 et 2025.
Par ailleurs, la Russie pourrait dans les prochaines années voir sa production être pénalisée par les embargos technologiques, notamment au niveau des infrastructures de production. « Si la Russie rencontre la moindre difficulté technique, elle ne pourra bénéficier des pièces de rechange ou de l’expertise d’ingénierie des grandes entreprises occidentales. C’est ce qui s’est observé pour l’Iran et le Venezuela, qui ont eux aussi été frappés par des sanctions », expliquait en décembre à BFM Bourse Raphaël Dubois, analyste secteur analyste pétrole et gaz chez Société Générale.
Des prix qui montent pour détruire la demande
Surtout l’inadéquation entre l’offre et la demande risque de maintenir les cours à des prix élevés voire de les pousser davantage à la hausse, sur le long terme. Avec notamment le sujet du pic de production du pétrole de schiste.
« Beaucoup de questions se posent autour du gaz de schiste. On a récemment constaté une baisse de la productivité des puits et le pic de production risque d’arriver dès la fin 2024. Ce qui constitue un sujet important: le pic de la production de pétrole conventionnelle a été atteint en 2008. Autrement dit depuis 2008, c’est le pétrole de schiste qui permet à la production de suivre la croissance de la demande », explique à BFM Bourse Benjamin Louvet.
« Or, selon les prévisions de l’agence internationale de l’Energie, la demande de pétrole va continuer d’augmenter jusqu’en 2028 », poursuit-il. Selon l’AIE, la demande de pétrole devrait en effet progresser de 6% par an en moyenne entre 2022 et 2028 pour atteindre 105,7 millions de barils par jour.
« L’équation entre la demande et l’offre risque de coincer. Seul moyen de parvenir à un équilibre: que les prix montent pour détruire de la demande », conclut Benjamin Louvet.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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