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(BFM Bourse) – Le groupe vendéen a agréablement surpris les marchés avec des résultats annuels historiques et supérieurs aux attentes. Pour l’année en cours, Beneteau confirme cependant s’attendre à des déstockages chez les concessionnaires. Ce phénomène est appelé à se normaliser en 2025
Toutes voiles dehors, Beneteau est parvenu à déjouer les mauvais éléments macroéconomiques de l’année 2023 à la faveur d’une stratégie de montée en gamme payante et d’une meilleure anticipation des tensions inflationnistes.
Le leader mondial des industries nautiques avait publié le mois dernier, des ventes à un niveau record en 2023 une performance qui l’avait autorisé à relever ses objectifs de résultat opérationnel et de marge pour ce même exercice.
Un ROC solide
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Et le groupe vendéen a tenu ses promesses. Mieux encore, il dépasse les attentes du marché. Pour un chiffre d’affaires déjà publié de 1,785 milliard d’euros, Beneteau dévoile un résultat brut d’exploitation (Ebitda) en hausse de 33,6% sur un an à 306,3 millions d’euros, ce qui s’avère légèrement supérieur aux estimations d’Oddo BHF qui visait 297 millions d’euros d’Ebitda.
Ce qui laisse apparaître une marge en amélioration de 200 points de base sur un an (soit 2 points de pourcentage) à 17.2% après 15,2% en 2022. Le résultat opérationnel courant (ROC) suit la même tendance et progresse pour sa part de 59,2% sur un an à 246,1 millions d’euros en 2023. La société a plus que « sensiblement » dépassé sa dernière prévision de résultat opérationnel courant de 210 millions d’euros sur l’exercice 2023.
Ce nouvel objectif s’entendait avant l’application d’une norme comptable liée au processus de cession de l’activité habitat à Trigano, dont une décision finale des autorités de la concurrence pourrait intervenir d’ici fin juin.
Le ROC affiché par Beneteau au titre de 2023 dépasse aussi les 223 millions d’euros projetés par Oddo BHF. La marge correspondante ressort donc à 13,8% du chiffre d’affaires, soit une amélioration conséquente de 350 points de base, soit 3,5 points de pourcentage sur un an.
Beneteau attribue principalement cette progression au dynamisme de l’activité de la division bateau, dont le résultat opérationnel courant a atteint un niveau « record » de 206,8 millions d’euros en 2023, en progression de 57% par rapport à l’exercice précédent (131,8 millions d’euros). La marge opérationnelle correspondante ressort donc supérieure à 14% du chiffre d’affaires sur l’exercice, soit une hausse de 75 millions d’euros sur un an.
« La stratégie de création de valeur contribue à hauteur de 22 millions d’euros dans cette progression structurelle, tandis que l’amélioration de la performance opérationnelle représente une amélioration complémentaire de 3 millions d’euros », ajoute Beneteau.
Le résultat net part du groupe a bondi pour sa part de 79% sur un an, pour atteindre 185 millions d’euros. Beneteau précise que ses profits intègrent un résultat financier positif de 6,4 millions d’euros, qui a alors bénéficié de l’évolution des taux d’intérêt, tandis que celui de l’exercice précédent avait été pénalisé à hauteur de 10 millions d’euros par le résultat des couvertures de change.
Du coté du bilan, le groupe affiche une position de trésorerie nette de 247,3 millions d’euros, avec un flux de trésorerie libre de 81,6 millions d’euros. En ce qui concerne ce dernier point, Oddo BHF était « plus ambitieux », avec un flux de trésorerie libre attendu à 114,9 millions d’euros, l’écart étant essentiellement lié à l’évolution du besoin en fonds de roulement (-55 millions d’euros), ajoute le bureau d’études.
A la Bourse de Paris, le leader mondial des industries nautiques gagne 5,8% vers 12h40, signant l’une des plus fortes hausses du marché parisien après ces résultats qualifiés « d’excellents » par Oddo BHF.
Prudence et déstockages en 2024
Mais le contexte macroéconomique va venir quelque peu brouiller la visibilité de Beneteau, notamment sur les volumes de commandes pour les petits bateaux. La société ne s’aventure pas à donner des objectifs chiffrés dans la mesure où elle va subir des effets de déstockages, dans certains réseaux de distribution en 2024, alors qu’une évolution des taux d’intérêt provoque de l’attentisme chez certains plaisanciers
Lors de sa dernière publication, Beneteau avait chiffré cet effet de déstockage. Il évalue entre 100 à 150 millions d’euros l’impact de ce phénomène sur ses comptes en 2024, avant une normalisation de ces fortes variations de stocks en 2025.
« Avec hausses de taux d’intérêt, le financement d’achat des bateaux est plus onéreux. Cela pénalise à la fois la demande finale, c’est-à-dire les clients, mais aussi les concessionnaires qui ont besoin de financer leurs stocks », indiquait en septembre Emmanuel Parot, responsable de la recherche actions chez Gilbert Dupont.
« Compte tenu des incertitudes sur les stocks distributeurs, nous avions déjà intégré une baisse du chiffre d’affaires bateaux en 2024 de 25% ce qui nous semble toujours être un scénario suffisamment prudent », évalue pour sa part Oddo BHF.
Malgré tout, Beneteau compte sur la poursuite de la montée en gamme de son offre produit, ainsi que sur un outil industriel plus flexible pour préserver sa rentabilité. Il estime que sa division bateau est en mesure de générer en 2024 une marge opérationnelle courante comprise entre 7% et 10%, conformément à son plan stratégique « Let’s go beyond » lancé en 2020, qui consacre les ambitions du groupe de Saint-Gilles-Croix-de-Vie à horizon 2025
L’intermédiaire financier est pour sa part un plus prudent avec un scénario qui reste basé sur la borne basse des objectifs annoncés par Beneteau. « Une marge opérationnelle courante plus haute dépendra de la croissance de l’activité sous-jacente, c’est à dire hors effets de stocks », remarque Oddo BHF qui reconnaît que ses estimations 2024 « intègrent déjà un scénario très prudent ».
Beneteau confirme aussi sa trajectoire de marge opérationnelle à deux chiffres en 2025. Pour accompagner « la reconstitution des marges à moyen terme », Oddo BHF reconduit son opinion à surperformance avec un objectif de cours relevé à 15 euros contre 14,1 euros, précedemment.
Sabrina Sadgui – ©2024 BFM Bourse
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