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(BFM Bourse) – Le groupe d’édition musicale fait actuellement l’objet d’un projet de rachat de son fondateur et de plusieurs fonds d’investissement, en vue d’une sortie de cote. Mais le prix de 15 euros par action proposé par ce consortium ne fait pas l’unanimité.
Believe a annoncé son intention de se retirer de la Bourse le 12 février dernier. Son fondateur Denis Ladegaillerie, a donc fait appel à plusieurs fonds d’investissement en vue d’acquérir l’ensemble des titres de la maison d’édition musicale en circulation au prix de 15 euros par action. Le prix proposé par ce consortium a fait ressortir une prime de 21% sur le dernier cours de Bourse de clôture avant l’annonce de l’offre, qui était de 12,40 euros.
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Un retrait de cote sera ensuite déclenché si les initiateurs de l’offre parviennent à réunir plus de 90% du capital. Si ce projet venait à aboutir, Believe viendrait alimenter une liste déjà bien garnie d’entreprises ayant quitté la cote parisienne ces dernières années. En 2023, 31 entreprises ont tourné le dos à la Bourse de Paris, soit six de plus qu’en 2022, selon le 15e baromètre des offres publiques d’EY.
Fondée en 2005, Believe est un acteur majeur de la musique numérique et accompagne (en direct ou par l’intermédiaire de labels) plus de 850.000 artistes dans 50 pays à chaque étape de leur carrière. Le groupe fondé par Denis Ladegaillerie est le propriétaire du label de heavy metal allemand Nuclear Blast ou du label Naïve fondé à Paris en 1998.
L’entreprise offre différents services aux artistes et aux labels, tels que de la distribution sur les plateformes digitales, des outils de collecte de revenus, de l’analyse de performances de catalogues musicaux, des stratégies de développement d’audience, ou un support financier.
Fausse note
La société a connu un parcours boursier peu flatteur depuis son entrée en Bourse en juin 2021. Avant l’annonce de l’offre publique d’achat, Believe cotait donc 12,40 euros, et était même tombé sous les 8 euros, fin octobre 2023.
On est bien loin du prix de 19,50 euros par action retenu pour son introduction en Bourse. Ce prix était déjà fixé dans la borne basse de la fourchette indicative qui allait jusqu’à 22,50 euros. Il s’agissait d’ailleurs de la première entreprise bénéficiant du label « French Tech » à s’introduire sur le marché tricolore.
Son dirigeant déplore que le parcours de sa société en Bourse ne reflète pas la dynamique opérationnelle de son groupe. « Depuis son introduction en Bourse, Believe poursuit une excellente dynamique de croissance, lui ayant permis d’atteindre, deux ans en avance, les objectifs fixés lors de la cotation. Cependant, la solidité de sa performance opérationnelle ne s’est pas reflétée dans l’évolution du cours de Bourse », avait alors expliqué Denis Ladegaillerie.
Plusieurs observateurs de marché estiment que le prix de 15 euros proposé dans le cadre de cette offre ne traduit pas la juste valeur de Believe. Dans sa note sobrement titrée « Pourquoi ne pas apporter à l’offre de 15 euros? », Stifel estime que la proposition est le résultat d’une négociation déséquilibrée. « Nous pensons que cette offre est essentiellement le résultat de la vente des participations de 12% et 6,3% dans Believe détenues par Ventech et XAnge (les actionnaires historiques de Believe, NDLR). Ils étaient manifestement pressés de vendre et donc mal placés pour le faire », souligne l’intermédiaire financier.
D’autant que sur le plan opérationnel, Believe est irréprochable. Grâce notamment « à sa position dans le numérique », à son portefeuille d’artistes prometteurs « et aux marchés émergents, Believe croît plus vite que le marché de la musique et gagne constamment des parts de marché sur les majors », rappelle Stifel, qui signale par ailleurs que le groupe a quadruplé son chiffre d’affaires sur les cinq dernières années.
Des multiples trop bas
Selon Stifel, le marché devrait assigner une meilleure valorisation au groupe d’édition musicale, à au moins à 15 fois son Ebitda (excédent brut d’exploitation) attendu pour 2025, soit 18,5 euros par action.
De son côté, Eric Lewin, rédacteur en chef des Publications Agora, se « sent à l’aise » avec un prix de 18 euros. Il recommande de ne pas apporter les titres à l’offre pour le moment, « afin de pousser l’acheteur à revoir (la) proposition à la hausse ».
« En effet, lorsqu’on observe les autres comparables, on se rend compte qu’un groupe comme Spotify, sans doute la société la plus similaire sur le plan de l’activité, se paye tout de même sur un multiple de 2,6 fois le chiffre d’affaires. Que dire également des valorisations de Warner Music, 3,5 fois le chiffre d’affaires, ou encore d’Universal Music, 4,4 fois… », développe Eric Lewin.
Or, selon Stifel, l’OPA valorise Believe à 1,15 fois son chiffre d’affaires attendu pour 2024. Ce qui, confirme le bureau d’études, est bien en deçà des multiples sur lesquels s’échangent Spotify (2,6 fois), Warner Music (3,5 fois) ou Universal Music (4,4 fois). Ce bien que la société française affiche une croissance supérieure à celles du secteur et de ses concurrents. « Ce multiple pourrait facilement être payé par une major en cas d’acquisition », avance l’intermédiaire financier.
« J’ai toujours pensé que la société a été introduite en Bourse sur une valorisation stratosphérique, mais a contrario, je considère que compte tenu des efforts faits depuis trois ans, la prime offerte est un peu chiche », fait valoir Eric Lewin.
Un prix d’introduction trop élevé?
Le problème pourrait donc remonter aux origines boursières de Believe. Une piste qui est d’ailleurs soulevée par Pascal Quiry. Dans une publication LinkedIn, l’auteur de la lettre financière Vernimmen et professeur à HEC, juge qu' »on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a soit un problème avec le cours d’introduction en 2021, soit avec le prix de sortie proposé en 2024″.
« En effet, si Believe est en avance de deux ans sur son plan d’affaires moins de trois ans après son introduction, la logique voudrait que le prix de 2024 (15 euros) soit plus élevé que celui de 2021 (19,5 euros), d’autant que dans l’intervalle la Bourse a été bonne : +20 % pour le SBF 120 (dividendes réinvestis) », s’interroge le spécialiste.
Alors comment expliquer cette anomalie? Soit « le prix de l’introduction était bon et dans ce cas le prix de sortie est sous-évalué, et on lira avec intérêt le rapport de l’expert indépendant (charger de se prononcer sur le caractère équitable d’une offre publique d’achat, NDLR). Soit il n’était pas bon, et le prix de sortie est correct », poursuit-il.
La première hypothèse « ne serait pas une surprise », selon Pascal Quiry, avançant qu’à fin 2022, sur les 139 entreprises qui se sont introduites sur la Bourse de Paris depuis 2014 et encore existantes, 77 % avaient un cours inférieur à leur prix d’introduction.
Pour Believe, les premiers pas boursiers étaient déjà annonciateurs d’une vie mouvementée. L’action avait dégringolé de près de 14% pour son premier jour de cotation, par rapport à un prix d’introduction de 19 euros, qui rappelons-le était déjà fixé dans le bas de la fourchette indicative.
« En voyant la chute du cours à l’ouverture, le premier réflexe est de penser à une valorisation poussée au plus haut, mais qui peut paraître chère », avait commenté à l’époque auprès de l’AFP Mikaël Jacoby, responsable du courtage Europe continentale chez Oddo Securities.
Le cas Believe soulève surtout une question récurrente: les nouveaux venus en Bourse ont-ils tendance à être trop gourmands avec le marché? Beaucoup d’introductions en Bourse du millésime 2021 s’étaient alors faites sur des niveaux de valorisations très élevées.
C’est ce que pense Pascal Quiry, qui se demande donc si « les banquiers introducteurs ne devraient pas se poser des questions sur leurs pratiques en matière de conseil sur le prix d’introduction, où la bataille pour obtenir le mandat peut les conduire à surenchérir sur les évaluations et à sur-promettre ».
Sabrina Sadgui – ©2024 BFM Bourse
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