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Publié le 9 sept. 2023 à 10:00Mis à jour le 10 sept. 2023 à 15:03
Quand elle a officialisé sa candidature à la présidence de la Banque européenne d’investissement (BEI), le 12 août, Nadia Calvino a changé la physionomie de la course, ravissant à la commissaire européenne Margrethe Vestager la position de favorite. A 54 ans, la ministre de l’Economie et des Finances de Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, a de solides atouts dans sa manche.
D’abord, une connaissance intime de la « banque des Etats membres », puisqu’elle en est gouverneure depuis 2018, comme tous les autres argentiers des Vingt-Sept. Ensuite, une belle reconnaissance des milieux européens, qui se souviennent de son efficacité à divers postes de plusieurs directions générales économiques de la Commission. Enfin, un positionnement politique en phase avec le nouvel interventionnisme, notamment industriel, de l’Union européenne.
Certes, Nadia Calvino a également une réputation, sinon d’inflexibilité, du moins de grande fermeté. Cela lui a coûté la présidence de l’Eurogroupe, qu’elle convoitait en 2020, avec le soutien d’Angela Merkel. Elle s’était fait barrer la route par les « frugaux » du nord de l’Europe, qui redoutaient ses élans trop intégrateurs, craignaient de subir l’indiscipline fiscale des pays du Sud, et qui voulaient montrer aux « grands » Etats membres qu’ils ne pouvaient pas toujours s’imposer.
Equilibre budgétaire
Depuis, la Galicienne, diplômée en économie de la Complutense, a prouvé sa capacité à arrondir les angles. Elle a ainsi contribué au débat sur de nouvelles règles budgétaires plus flexibles en trouvant des points d’entente avec son homologue néerlandaise, Sigrid Kaag. Le « papier » commun des deux ministres d’avril 2022, qui effaçait l’opposition caricaturale entre le Nord économe et le Sud dispendieux, fut très remarqué.
Nadia Calvino a prouvé, durant ses cinq ans à la tête du ministère espagnol de l’Economie et des Finances, sa capacité à naviguer entre la discipline fiscale et la sensibilité sociale, en évitant la tentation des dérapages budgétaires.
En 2018, Pedro Sanchez l’a d’ailleurs recrutée pour donner des gages de stabilité à Bruxelles et rassurer des marchés préoccupés face à un gouvernement de coalition avec l’extrême gauche Podemos. Inconnue du grand public espagnol, elle était celle qui saurait faire entendre les positions de l’Espagne au sein de l’UE.
« La discipline budgétaire n’empêche pas de réduire les inégalités et de construire une croissance inclusive », affirmait-elle aux « Echos » peu après son entrée en fonction. Dans les cinq dernières années, elle a prouvé qu’elle a su garder le cap, en résistant aux pressions de l’aile Podemos : le pays a réussi à déployer la politique sociale la plus généreuse de son histoire sans pour autant grever les finances de l’Etat.
Rapidité d’exécution
C’est aussi sous sa férule que l’Espagne est aujourd’hui le pays le plus avancé dans le déploiement sur le terrain de son plan de relance financé par le grand fonds européen post-Covid, NextGenEU. Grâce à cette célérité, la croissance du PIB espagnol pourrait atteindre 2,4 % cette année, selon la banque BBVA, quand l’Allemagne est en récession.
Même si, à Madrid, on a souvent décrié la ministre comme trop à l’écoute des sensibilités patronales, cela ne l’a pas empêchée de rappeler à l’ordre les banques et de leur réclamer plus de sensibilité pour les emprunteurs en difficulté face à la hausse des taux d’intérêt. Elle n’exclut pas non plus de prolonger la contribution exceptionnelle appliquée aux entités financières et aux énergéticiens, afin d’aider à financer le soutien aux classes moyennes face à l’inflation.
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