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« Tax the rich », faisons payer les riches, clamait en 2021 la députée de gauche Alexandria Ocasio-Cortez, en lettres rouge sang sur sa robe blanche, lors d’une soirée de gala. La provocation, réussie, est restée sans lendemain dans l’Amérique de Joe Biden. Et l’opinion publique aux Etats-Unis conteste assez peu le niveau de rémunération des patrons.
C’est pourtant le pays des superlatifs. Selon un palmarès Bloomberg portant sur la rémunération totale en 2021, Elon Musk arrivait en tête du classement avec 10 milliards de dollars de revenus chez Tesla, grâce à des stock-options liées à la performance. Une juge du Delaware l’a finalement privé de cette manne en janvier 2024 : il a dû faire une croix sur un pactole potentiel de 56 milliards.
Robert Scaringe, de Rivian (un fabricant de véhicules électriques) était numéro deux du classement avec un gain de 2,3 milliards (encore des options), et Tim Cook d’Apple, numéro trois, avec 850 millions de dollars grâce aux attributions d’actions.
Faire profiter actionnaires et salariés
Mais ce ne sont pas forcément ces « coups » liés aux performances boursières du titre qui scandalisent les Américains. Ils savent apprécier la prise de risque et prennent pour modèle les entrepreneurs devenus richissimes. Ce qu’ils n’aiment pas, ce sont les patrons salariés qui prospèrent sans en faire profiter les actionnaires ou les salariés.
L’année dernière, lors de la grande grève de l’automobile à Detroit, les syndicats ont attaqué les patrons de GM, Ford et Stellantis sur leurs émoluments. Leur rémunération a bondi de 40 % de 2013 à 2022 alors que le salaire horaire moyen a chuté de 19 %, selon le think tank de gauche Economic Policy Institute .
L’EPI a également calculé qu’entre 1978 et 2021, la rémunération des PDG avait bondi de 1.460 %, plus que l’indice S&P (1.063 %) et que le salaire moyen (18 %).
Les plus grands banquiers de Wall Street viennent de se faire attribuer de juteuses augmentations au titre de 2023, une année marquée par la crise bancaire, l’intervention des pouvoirs publics, et des profits faciles liés aux taux d’intérêt élevés : +4 % pour Jamie Dimon, de JP Morgan (36 millions), +17 % pour James Gorman, de Morgan Stanley (37 millions)…
La transparence sans effet
La règle instaurée en 2017 aux Etats-Unis, imposant aux grandes entreprises de dévoiler chaque année le ratio entre la rémunération du patron et celle du salarié médian, n’a en rien modéré les augmentations. Au demeurant, chacun compte à sa façon. Selon les estimations, le patron moyen est payé entre 200 et 400 fois plus qu’un salarié ( Equilar , EPI ).
Par conséquent, le sénateur de gauche Bernie Sanders a présenté en janvier une proposition de loi visant à prélever des taxes supplémentaires sur les entreprises où ce ratio est supérieur à 1 pour 50. Elle n’a aucune chance d’être votée, dans un Congrès divisé.
Quant au président Joe Biden, candidat à la réélection, il a indiqué dans son discours annuel sur l’état de l’Union, en mars, qu’il voulait que les grandes entreprises « paient leur juste part », via une hausse de l’impôt minimum sur les sociétés, mais aussi en mettant fin aux exemptions fiscales liées à la rémunération des dirigeants.
Les entreprises dans le viseur
Le débat qui monte, c’est surtout la contribution à l’impôt des entreprises – celles qui se paient des super-patrons mais excellent dans l’optimisation fiscale.
Une étude de Institute for Policy Studies et d’Americans for Tax Fairness vient de dénoncer 35 profiteurs de la baisse de l’impôt sur les sociétés de Donald Trump : en cinq ans, des groupes comme Tesla, Ford, Netflix ou AIG ont davantage dépensé dans la rémunération de leurs cinq principaux dirigeants que dans les impôts aux Etats-Unis.
Si Donald Trump est élu, il compte à nouveau baisser les taxes, alors que Joe Biden veut les relever. Quelle que soit l’issue, il y aura des répercussions sur le salaire des grands patrons.
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