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Au milieu des cendres il ne reste que quelques bouts de tissu colorés, seuls rescapés des flammes qui ont ravagé un stock de vêtements sur un marché du centre de Dakar. Bâton en main, Jaraf Diop, propriétaire de la boutique, tente de sauver ce qu’il peut. « Tout a brûlé ! Des centaines de milliers de francs CFA [plusieurs centaines d’euros] sont parties en fumée ! », s’alarme le jeune homme d’une vingtaine d’années.
La veille, plusieurs centaines de manifestants sont sorties dans les rues de Dakar, protestant encore contre le report de l’élection présidentielle par le président Macky Sall à la fin de l’année, avant d’être violemment réprimés par les forces de sécurité. Pour ralentir les gendarmes, des dizaines de pneus ont été brûlés sur cette artère commerçante du quartier de Liberté 6, provoquant accidentellement l’incendie qui a détruit les marchandises de Jaraf Diop et d’autres vendeurs du quartier. « C’est mauvais pour les affaires, on risque la faillite » soupire-t-il au milieu d’un attroupement de curieux.
« 90 % de la population vit du secteur informel »
Les manifestations de vendredi dernier qui ont dégénéré à Dakar et dans d’autres villes du pays ont déjà fait trois morts. Dans certains quartiers de la capitale, les commerçants s’étaient barricadés en prévision des débordements, fermant leurs grilles et baissant leur rideau métallique pour éviter les dégradations. « Dans un pays où le secteur informel concerne presque 90 % de la population, qui gagne de quoi vivre au jour le jour, ces mises à l’arrêt, même ponctuelles, pourraient avoir des répercussions sur la croissance, qui plafonne à 4 %, et sur le PIB » s’inquiète Meïssa Babou, économiste à l’université de Dakar.
Autre risque pour l’économie : la paralysie des transports publics. Les Dem Dikk, ces autobus qui sillonnent la capitale et desservent tout le pays, cessent de rouler pendant les manifestations tandis que les « Jakartas », les moto-taxis prisées des livreurs sont interdites pour « raisons de sécurité. » « Plusieurs milliers de personnes dépendent de ces transports pour aller travailler, et s’ils se retrouvent immobilisés, la productivité est menacée. Or, le Sénégal a une jeune économie, qui dépend majoritairement de sa force productive » ajoute Meïssa Babou.
« Eroder la confiance »
Pendant un peu plus de 24 heures la semaine dernière , la coupure des données internet mobiles avait déjà stoppé net les échanges commerciaux en ligne, dans un pays où près de 97 % des connexions se font via un téléphone portable. Selon l’organisme de surveillance Netblocks, chaque jour de coupure correspondrait à des pertes pour l’économie du pays de près de 5 milliards de francs CFA, soit plus de 7 millions d’euros.
Certains experts craignent également que la crise actuelle fasse fuir les capitaux hors du Sénégal. Il y a quelques jours, l’agence de notation Standards & Poor avait alerté sur les risques de l’instabilité politique, qui pouvait « éroder la confiance dans les institutions du pays » auprès des investisseurs, et « ralentir l’activité économique ». À l’heure actuelle, la note du Sénégal auprès de l’agence n’a pas encore été dégradée et reste stable au niveau B +, mais de nouvelles violences pourraient à terme changer la donne.
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