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Publié le 18 déc. 2023 à 10:44Mis à jour le 18 déc. 2023 à 13:50
Deux anciens présidents péruviens en prison pour corruption. Un autre, confronté à des accusations similaires, qui met fin à ses jours en 2019. La présidente actuelle, Dina Boluarte, sous le coup d’une enquête pour « génocide, homicide et blessures graves ». Et maintenant la procureure générale, Patricia Benavides, en plein conflit avec la présidente, suspendue pour trafic d’influence et faveurs politiques présumées.
Le Pérou ne se sort pas d’une situation politique dramatique, à la limite du grotesque. Et ce n’est pas la libération début décembre d’Alberto Fujimori – à la tête de l’Etat de 1990 à 2000 et qui purgeait une peine pour crimes contre l’humanité – qui devrait arranger les choses.
« Jeu de massacre »
Une situation qui découle « des instrumentalisations successives des affaires » par des groupes qui n’en finissent plus de s’étriper dans « d’obscures luttes de pouvoirs », estime Jean-Jacques Kourliandsky, directeur de l’Observatoire de l’Amérique latine à la Fondation Jean-Jaurès.
« On assiste depuis 2000 à un jeu de massacre. Dès qu’un président essaie d’exister, on lui colle des accusations de corruption, observe le chercheur. C’est comme des cartels qui se disputent un marché. Il n’y a pas de cohérence politique mais des intérêts personnels. »
Sommets d’impopularité
La cheffe de l’Etat, Dina Boluarte, a succédé en décembre de l’année dernière à Pedro Castillo – destitué après avoir tenté de dissoudre le Parlement -, dont elle était la vice-présidente. Son arrivée au pouvoir avait provoqué une vague de manifestations qui a fait des dizaines de morts. Elle atteint depuis des sommets d’impopularité.
Dina Boluarte ne brille pas non plus par son bilan économique : sur les six premiers mois de 2023, le PIB péruvien s’est contracté de 0,5 point, selon la Banque mondiale. Le Pérou est pourtant assis sur des ressources en métaux, notamment en cuivre, qui ont porté sa croissance par le passé.
« Elle a été présidente un peu par hasard, constate Jean-Jacques Kourliandsky. Elle n’a pas d’assise politique, pas de parti […] Elle a été élue avec un président de gauche, et maintenant elle gouverne avec une majorité de droite soutenue par l’extrême gauche… Ça n’a plus de sens. »
Une caste « qui ne représente plus rien »
Le Parlement est lui aussi confronté à la désaffection générale de l’opinion publique. Mais les membres du Congrès, qui ne peuvent pas effectuer plusieurs mandats consécutifs, ne veulent pas entendre parler d’élections anticipées.
« Le Parlement ne représente plus rien. Il suffit de voir le groupe actuel qui tient le pouvoir : c’est le groupe de Keiko Fujimori [la fille d’Alberto Fujimori], donc très à droite, et le groupe de Vladimir Cerron [également accusé de corruption, en cavale], qui est une espèce de marxiste-léniniste radical, observe Jean-Jacques Kourliandsky. C’est difficile de trouver d’autres cohérences que celle de gens qui veulent se perpétuer au pouvoir… »
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