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Dans le deuxième État le plus riche du monde, les difficultés pour trouver un logement sont de plus en plus fortes. Au point que de plus en plus de personnes choisissent de franchir la frontière.
« De plus en plus de Luxembourgeois traversent la frontière pour habiter en Allemagne, en Belgique ou en France, juste parce que les loyers et les prix de vente sont moins élevés ».
Pour Antoine Paccoud, chercheur à l’Observatoire de l’habitat, le constat est sans appel. Au Luxembourg, où la chambre des députés est renouvelée dimanche, le logement est le sujet numéro un de la campagne électorale. De plus en plus inaccessibles, les loyers et les prix d’achat sont des facteurs d’exclusion dans ce pays à la réputation d’eldorado européen.
Une situation dont la classe politique a pris conscience et qui paraît paradoxale, dans ce pays de 660.00 habitants classé deuxième État le plus riche au monde par le FMI, et où le salaire médian est le plus élevé de l’Union européenne (UE), à 47.678 euros annuels en 2022 selon l’institut Eurostat.
« Sur le marché privé, louer un appartement avec deux chambres coûte au moins 2.000 euros, c’est difficile avec un seul revenu! », déplore Pascale Zaourou, une éducatrice qui milite dans une association de lutte contre l’exclusion.
Cette mère célibataire de trois enfants, croisée lors d’une manifestation à Luxembourg-Ville, explique avoir attendu cinq ans avant de pouvoir accéder en 2022 au logement social qu’elle convoitait. « Les logements abordables manquent, surtout pour les jeunes et les familles monoparentales », déplore-t-elle.
Taxer les biens non loués
Le parti libéral du Premier ministre Xavier Bettel a présenté lundi son projet de création d’un superministère du Logement, insistant aussi sur son souhait de taxer davantage les biens non loués et d’investir dans le logement social.
Dans le camp socialiste, Paulette Lenert -actuelle ministre de la Santé dans le gouvernement de coalition- a affirmé de son côté vouloir s’inspirer de « Vienne la rouge » et des investissements massifs réalisés par les sociaux-démocrates dans la capitale autrichienne dès l’entre-deux-guerres.
A l’approche des élections législatives au Grand-duché, le logement est « la question qui écrase toutes les autres », déclare à l’AFP le politologue Philippe Poirier, pointant du doigt « la rareté des logements et des terrains, le coût à bâtir ou à l’achat, ainsi que la cherté des loyers ».
Plus de 10.000 euros du mètre carré
13.000 euros le mètre carré à l’achat pour un appartement en construction dans la capitale, 10.700 dans l’ancien. Dans le canton de Luxembourg, le prix de vente moyen d’une maison s’élève à 1.480.000 euros, deux fois plus élevé que dans le nord du pays, selon l’Observatoire de l’habitat.
Les loyers, eux, ont augmenté de 6,7% entre juin 2022 et juin 2023, bien plus vite que l’inflation (+3,4% sur la période). Le loyer moyen se stabilise désormais autour de 38 euros par mètre carré dans la capitale, 33 euros à l’échelle nationale.
Facteur aggravant: la hausse récente des taux d’emprunt a crispé encore davantage le marché. Les acquisitions ont chuté depuis l’an dernier. Or l’absence d’impôt sur les successions et une taxe foncière symbolique favorisaient déjà depuis des années « la rétention de terrains » par une poignée de propriétaires, rappelle Antoine Paccoud.
« 0,5 pour cent de la population résidente, soit 3.000 personnes, détiennent la moitié des terrains constructibles », détaille l’expert. « Ces propriétaires gardent leurs terrains le plus longtemps possible parce que les prix augmentent ».
Un fort risque de pauvreté
Avec une économie florissante, reposant en grande partie sur sa place financière, le Grand-duché attire beaucoup de travailleurs étrangers (près de la moitié des résidents ne sont pas luxembourgeois), mais les prix des logements risquent de nuire à cette attractivité, selon les témoignages recueillis par l’AFP.
Le taux de propriété, qui est de 80% parmi les citoyens luxembourgeois, tombe à 50% chez les résidents étrangers. Une des explications est que de très nombreux Luxembourgeois travaillent pour l’Etat, les communes ou les administrations para-publiques, et « ont un emploi assuré », souligne Philippe Poirier, titulaire de la chaire de recherche en études parlementaires à l’université du Luxembourg.
« Ceux qui sont dans le bas de l’échelle au Luxembourg, ce sont plutôt les étrangers résidents », fait valoir le politologue.
Depuis 2006, le pays figure dans le trio de tête de la zone euro en matière de risque de pauvreté pour les familles monoparentales, bénéficiant d’un seul revenu, selon un récent rapport la Chambre des salariés. Malgré un Smic à 2.571 euros (3.085 euros pour les adultes qualifiés), le « taux de risque de pauvreté » pour les personnes seules avec enfant à charge s’élève à 42,4%, précisait ce rapport.
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