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Publié le 4 janv. 2024 à 17:57Mis à jour le 7 janv. 2024 à 18:36
Ce dimanche, 120 millions de Bangladais étaient appelés aux urnes pour élire leurs députés qui désigneront à leur tour le Premier ministre. Le verdict de ce scrutin, très contesté pour son manque de transparence et boycotté par le principal parti d’opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), s’est concrétisé par l’annonce dimanche soir de la victoire du parti de la Première ministre, Sheikh Hasina, selon la commission électorale nationale.
Au pouvoir sans interruption depuis 2009, Sheikh Hasina, à la tête du parti de la Ligue Awami, se dirige donc vers un cinquième mandat. Pour ses détracteurs, la « dame de fer » s’est employée à saper les fondements de la démocratie bangladaise, à son profit, faisant des élections un « simulacre ».
Boycott de l’opposition
La principale formation d’opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), a annoncé qu’elle boycotterait les élections après le refus du gouvernement de nommer un gouvernement intérimaire neutre afin d’assurer la transparence et l’équité du scrutin. Cette méthode, utilisée lors de trois des cinq dernières élections générales, a été bannie en 2011 par le gouvernement de Sheikh Hasina, après que la Cour suprême l’a jugée anticonstitutionnelle.
Le dernier gouvernement intérimaire, en 2006, avait en effet laissé un mauvais souvenir. Sous son autorité, il avait fallu attendre deux ans pour que des élections soient préparées, au lieu des trois mois réglementaires !
Répression des partis d’opposition
Voilà des mois que le BNP organise de gigantesques manifestations et d’importants blocus pour forcer Sheikh Hasina à laisser la main à un gouvernement intérimaire. La Première ministre n’a pas cédé. Au contraire, elle a accentué la répression.
Rien qu’au mois de novembre, 10.000 figures de l’opposition ont été arrêtées, dont Mirza Fakhrul Islam Alamgir, le secrétaire général du BNP. Dans la foulée, Human Rights Watch a dénoncé une « violente répression autocratique ». De leur côté, les autorités justifient ce serrage de vis en accusant les partis d’opposition d’organiser des émeutes.
Des leaders mis hors-jeu
Les deux leaders du BNP, Khaleda Zia et son fils, Tarique Rahman, ont écopé de longues peines de prison. Agée de 78 ans et malade, Khaleda Zia purge actuellement une peine en résidence surveillée. Tarique Rahman, quant à lui, est en exil à Londres depuis qu’il a été condamné pour son implication présumée dans une attaque à la grenade qui a blessé Sheikh Hasina dans un meeting en 2004.
Pour le BNP, il n’est pas question de participer à ce scrutin. « Une élection doit être libre et équitable. Mais aucune de ces conditions n’est réunie », fait valoir Rumeen Farhana, l’une des leaders du BNP. Cette élégante femme avait reçu les « Echos » chez elle à Dacca au début du mois de décembre.
Pour cette avocate formée au Royaume-Uni, la réticence de la Première ministre de nommer un gouvernement intérimaire tient à sa peur de voir le pouvoir lui échapper : « Elle sait que si les élections se tiennent dans des conditions justes et équitables, alors elle n’obtiendra pas plus de 10 sièges au Parlement. Elle est très impopulaire. Elle veut le pouvoir, de n’importe quelle manière », dénonce Rumeen Farhana.
Sheikh Hasina n’a « pas peur »
« La Première ministre jouit d’un taux de popularité de 70 %. Citez-moi un autre leader aussi populaire après 15 ans au pouvoir », rétorque Mohammad A. Arafat, un député de l’Awami League, le parti de Sheikh Hasina. « Elle n’a pas peur. Au contraire. »
Pour l’Awami League, la nomination d’un gouvernement intérimaire demandée par le BNP est anticonstitutionnelle et antidémocratique. « Vous ne verrez ce type de mécanisme nulle part ailleurs, à part peut-être au Pakistan. Et le Pakistan n’est pas un bon exemple à suivre », fait valoir Mohammad A. Arafat, qui assure que son parti a « tout fait » pour que le BNP participe aux élections.
Pour le député, le refus du BNP de participer aux élections tient à des frictions au sein même du parti d’opposition. « Tarique Rahman ne vit pas au Bangladesh, il ne peut donc pas se présenter. Sa crainte, c’est que son parti participe aux élections et remporte un nombre satisfaisant de sièges. Il perdrait alors le contrôle de son parti », veut croire Mohammad A. Arafat.
Des candidats marionnettes
Pour donner l’illusion d’une élection juste, l’Awami League aurait mandaté plusieurs centaines de ses membres pour se présenter en tant que candidats « indépendants » face à ses candidats officiels. Le but : éviter le scénario de 2014, où le parti de Sheikh Hasina avait remporté 153 sièges… sans aucun adversaire crédible, puisque le BNP avait cette fois aussi boycotté le scrutin.
Michael Kugelman, le directeur des études sur l’Asie du Sud du Wilson Center, a récemment expliqué que le boycott du BNP rendait « un grand service à l’Awami League ». Plus besoin, en effet, de bourrer les urnes lorsqu’il n’y a pas d’adversaire. « Cette élection est une mascarade », a récemment expliqué l’activiste Shahidul Alam à « Al Jazeera ». « C’est une parodie de notre démocratie. Enfin de ce qu’il en reste. »
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