Antisémitisme : Harvard maintient sa présidente malgré les appels à la démission

Après une semaine de suspense, le conseil d’administration de Harvard s’est prononcé ce lundi : Claudine Gay est maintenue comme présidente de la prestigieuse université américaine. L’information a été rapportée ce mardi par la revue étudiante « The Harvard Crimson » et a été confirmée dans la matinée par l’université.

La dirigeante était sur la sellette suite à une audition parlementaire désastreuse, mardi 5 décembre. Elle et deux autres présidentes d’universités de renom ont louvoyé et répondu par des arguties juridiques alors qu’on leur demandait simplement si appeler au génocide des juifs constituait une violation des règles de leur école.

Cette prestation a suscité un tollé dans le pays. Des élus républicains ou démocrates et des donateurs influents ont appelé à la démission des trois présidentes. Le gérant de hedge fund Bill Ackman, un ancien élève de Harvard, en a fait une affaire personnelle. Il a donné une ample publicité à ses démarches via son compte X, très suivi.

« Aider notre communauté à guérir »

Liz Magill de l’université de Pennsylvanie a démissionné samedi, alors que le conseil s’apprêtait à la limoger. Elle était déjà sous surveillance après que U-Penn a accueilli en septembre des intervenants antisémites pour un festival consacré aux droits palestiniens. En revanche, Sally Kornbluth du MIT a été confirmée par le conseil du MIT.

Dans un communiqué , les administrateurs de Harvard réaffirment à l’unanimité leur « confiance dans le fait que la présidente Gay est le bon leader pour aider notre communauté à guérir et pour s’attaquer aux difficultés sociétales très sérieuses qui se présentent ».

Suite à l’attaque brutale du Hamas, la réponse initiale de l’université « aurait dû être une condamnation immédiate, directe et sans équivoque », regrettent-ils, tout en notant les excuses de Claudine Gay suite à son audition, et son engagement à combattre l’antisémitisme.

« A Harvard, nous défendons la libre parole et la liberté académique et nous sommes unis dans notre forte conviction que les appels à la violence contre nos étudiants et les interruptions de cours ne seront pas tolérés », poursuivent-ils.

Pétition en soutien

Claudine Gay ayant récemment été accusée de plagiat, une enquête a été menée, qui conclut à « quelques exemples de citations inadéquates ». La présidente s’est engagée à effectuer quatre corrections dans deux articles en insérant des guillemets et des références de bas de page.

Le conseil d’administration de Harvard a été soumis à des pressions adverses pendant cette semaine tumultueuse. Plus de 700 enseignants ont signé une pétition pour les appeler à résister aux appels à la démission de Claudine Gay. L’association des anciens élèves a également apporté son soutien à l’actuelle présidente.

« La question de savoir si elle est la bonne personne pour le job est complètement différente de celle de savoir si Harvard doit céder à la pression de gens comme [la députée républicaine] Elise Stefanik, qui bataille depuis longtemps contre toutes les formes de libéralisme sur les campus et ailleurs », a déclaré à NBC Laurence Tribe, un constitutionnaliste réputé qui avait critiqué le témoignage de Laurence Gay via X.