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(BFM Bourse) – Il n’est pas rare que des sociétés se refusent à verser un coupon à leurs actionnaires, estimant que la création de valeur passe par l’investissement. Cela ne les empêche pas pour autant d’effectuer des rachats d’actions.
C’est une image d’Epinal qui est loin d’être juste. Une entreprise qui ne verse pas de dividende et qui donc ne rémunère pas ses actionnaires, n’a pas confiance dans l’avenir et n’est pas robuste. Cela revient à oublier que nombreuses sont les entreprises qui ne versent pas de coupon à leurs actionnaires. Et pas pour des problèmes ponctuels (on peut penser à la suspension du dividende lors de la crise sanitaire) mais bien par choix.
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C’est le cas d’Alphabet, la maison-mère de Google, qui n’a jamais versé de dividende depuis son entrée à la Bourse de New York (à l’époque l’action s’échangeait encore sous le nom « Google »), en 2004. Même chose pour Meta (maison-mère de Facebook) depuis son introduction en Bourse, en 2012, et Amazon, dont l’arrivée sur le marché remonte à…1997. En réalité, les sociétés dans cette situation se comptent par dizaines voire par centaines (le site dividende.com en recense un peu moins d’une centaine sur le S&P 500).
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Financer la croissance
Pourquoi ne pas verser de dividendes? Tout simplement parce que quand bien même ces entreprises ont pour certaines les moyens de verser un coupon (c’est le cas d’Alphabet), elles considèrent que les actionnaires sont avant tout rémunérés par la hausse du cours. Ces sociétés préfèrent surtout consacrer leur cash à des investissements stratégiques, comme le développement dans un nouveau pays prometteur, de la R&D, de nouveaux produits, ou encore des rachats d’autres entreprises.
« Le dividende reste avant toute une question d’affectation des capitaux propres nouveaux créés par la génération des résultats. La problématique pour les entreprises est de savoir si elles ont des opportunités d’investissement qui rapportent au moins le coût du capital. Si oui, elles peuvent se passer de verser un dividende, sinon autant en payer un plutôt que de mal investir », explique Pascal Quiry, professeur de finance à HEC et co-auteur du Vernimmen.
Dans cette optique, il ne faut pas s’étonner que les entreprises « tech » refusent de verser un coupon. « Les sociétés du secteur technologique connaissent des taux de croissance important et ont donc besoin d’affecter des capitaux propres pour générer de la croissance, tant de façon interne qu’externe », souligne l’universitaire. « Alphabet avait par exemple racheté Youtube ce qui a été un succès, tout comme Meta (Facebook) avait eu l’intelligence d’acquérir Whatsapp et Instagram », poursuit-il.
Réagir en cas de tempête
L’unique exemple au sein du CAC 40 est parlant: une seule entreprise de l’indice parisien ne verse pas de dividende, et ce depuis son introduction en Bourse de 2014: le groupe de paiements Worldline. Or justement Worldline évolue sur un secteur en forte croissance (notamment avec la fin progressive des paiements en cash) dans lequel de nombreuses opportunités doivent être saisies.
Le groupe l’a très bien expliqué dans une réponse écrite à une question d’un actionnaire, lors de sa dernière assemblée générale. Le versement d’un coupon n’est un objectif que « dans la mesure où cela est compatible avec la mise en œuvre de la politique de croissance externe du groupe », indiquait alors Worldline. « Pour l’instant, le conseil d’administration considère que le groupe doit continuer à jouer un rôle actif dans la consolidation du marché des paiements et poursuivre la réalisation d’acquisitions créatrices de valeur », poursuivait la société.
Autre particularité pour les groupes de tech, note Pascal Quiry: « un nouvel intervenant peut un jour créer un produit qui vient marquer une rupture totale. Par exemple, avec sa création, Google avait bouleversé le paysage de la recherche en ligne dont le précédent grand acteur était AlltheWeb.com. »
« Le jour où ce risque se concrétise, ces groupes veulent avoir du cash disponible immédiatement pour réagir, investir ou racheter des entreprises. Cela peut être une affaire de quelques jours », explique-t-il.
L’exemple d’Apple
Rappelons au passage que le versement du dividende, selon la théorie financière, n’enrichit pas l’actionnaire puisque le dividende est détaché du titre lors du paiement. Donc en théorie le porteur reçoit dans une poche ce qu’il perd dans l’autre.
C’est d’ailleurs l’un des arguments que mettait en avant Steve Jobs, le célèbre ex-directeur général d’Apple. Sous sa direction, le groupe à la pomme n’a pas versé de dividende (en réalité de 1995, soit un peu avant sa prise de pouvoir, jusqu’à son décès en 2012).
Le concepteur de l’iPhone insistait sur le fait que la politique de dividende n’augmente pas la valeur d’une entreprise, comme le rapporte Bloomberg. « Que préféreriez-vous que nous soyons? Une entreprise avec notre cours de bourse et 40 milliards de dollars en banque? Ou une entreprise dont le cours de l’action est le même et qui n’a pas de liquidités en banque? », avait-il déclaré en 2010, selon l’agence de presse américaine.
Warren Buffett lui-même s’est toujours refusé à verser un dividende avec sa société Berkshire Hathaway. Le plus célèbre investisseur au monde avait livré un long argumentaire, dans sa lettre aux actionnaires de 2012, pour expliquer – en résumé – qu’il préférait les investissements aux paiements de dividendes pour créer de la valeur.
Mais, comme d’ailleurs Alphabet, Amazon ou Meta, Warren Buffett a en revanche recours aux programmes de rachats d’actions, qu’il apprécie, jugeant qu’ils peuvent créer de la valeur s’ils sont exécutés correctement au bon cours.
« Les rachats d’actions ont une flexibilité importante pour ces entreprises car ils peuvent être arrêtés à tout moment, sans conséquence, et ne constituent pas un engagement, au contraire d’une politique de dividende », explique Pascal Quiry.
Par ailleurs, les sociétés peuvent très bien changer de braquet. Après le décès de Steve Jobs, son successeur Tim Cook avait lui décidé de réinstaurer le versement d’un coupon. Comme l’expose le Los Angeles Times, l’actuel patron d’Apple tendait davantage l’oreille aux investisseurs qui plaidaient pour avoir enfin du retour à l’actionnaire alors que Steve Jobs percevait plutôt le marché comme un mal nécessaire.
« Tout le débat de la fin des années 2000 et début des années 2010, est qu’Apple thésaurisait des milliards de dollars – autour de 150 milliards- et c’était du gaspillage. Car on savait que le groupe ne procéderait jamais à d’importantes acquisitions. Leur croissance ralentissant ils ont fini par verser un dividende ce qui était la bonne décision », souligne Pascal Quiry.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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