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Publié le 4 janv. 2024 à 9:24Mis à jour le 4 janv. 2024 à 9:25
Les spéculations allaient bon train depuis plusieurs jours. Mercredi soir, les noms de personnalités liées au financier américain Jeffrey Epstein, accusé de crimes sexuels et qui s’est donné la mort en 2019 avant d’être jugé, ont commencé à être dévoilés par la justice new-yorkaise.
Parmi les quelque 150 à 180 noms, issus d’un millier de pages de documents judiciaires rendues publiques par la justice fédérale de Manhattan, se trouvent ceux des anciens présidents démocrate Bill Clinton et républicain Donald Trump. Sans toutefois qu’il soit fait mention d’une quelconque action répréhensible de leur part.
Ces révélations judiciaires étaient prévues et attendues depuis une ordonnance du 18 décembre 2023 de la juge new-yorkaise Loretta Preska. Celle-ci avait ordonné que les identités – listées sous des numéros et le pseudonyme « Doe » – soient « complètement » dévoilées « quatorze jours » après les 18 et 19 décembre, soit le 2 ou 3 janvier.
Réseau Epstein
Le document a fait l’effet d’une bombe à retardement dans la capitale financière américaine. Pour justifier le dévoilement de noms, dont des personnalités déjà citées dans la presse, la justice s’appuie sur le fait que certaines personnes sont facilement identifiables dans des interviews publiées ces dernières années.
Dans le cas de Donald Trump, le milliardaire new-yorkais est ainsi mentionné dans les documents comme une connaissance d’Epstein, mais aucune mention n’est faite sur un éventuel comportement délictuel ou criminel. Quant à Bill Clinton, beaucoup plus proche du financier et qui voyageait avec lui dans les années 2000, son nom est cité des dizaines de fois mais, là encore, sans indice clair de faits illégaux.
Si beaucoup espéraient voir les documents révéler une liste de clients d’Epstein, bon nombre des noms y figurant sont en réalité d’anciens associés du défunt financier. Des victimes sont aussi identifiées. Les premiers documents comprennent ainsi des courriels, des transcriptions de dépositions et des documents juridiques.
Le témoignage de l’ancien majordome d’Epstein, Alfredo Rodriquez, y figure notamment. L’homme soutenait avoir payé en espèces des jeunes filles qui visitaient la propriété d’Epstein à Palm Beach, en Floride, et de Johanna Sjoberg, qui affirmait que le prince Andrew avait posé une main sur sa poitrine une fois chez Epstein.
Agressions sexuelles, viols et trafic
Cet acte judiciaire résulte d’une procédure en diffamation à l’encontre de l’ex-maîtresse et complice de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell – qui purge depuis 2022 à une peine de 20 ans de prison – et portée par une plaignante américaine contre le couple, Virginia Giuffre. Ghislaine Maxwell et Jeffrey Epstein étaient en couple au début des années 1990 avant de devenir collaborateurs professionnels. L’ex-mondaine britannico-franco-américaine de 61 ans a été reconnue coupable en décembre 2021 de trafic sexuel de mineures pour le compte d’Epstein et condamnée en juin 2022 à 20 ans d’emprisonnement.
L’homme aux puissants relais économiques et politiques aux Etats-Unis et à l’étranger était lui-même accusé d’avoir agressé sexuellement et violé des jeunes filles. Son suicide par pendaison en prison à New York en août 2019 a éteint l’action publique à son encontre.
Un prince déchu
Dans un volet distinct de ce dossier international, le prince britannique Andrew, ami de la paire Maxwell-Epstein, a scellé en février 2022 un accord à l’amiable, pour 13 millions de dollars selon le « Daily Telegraph », avec Virginia Giuffre, qui l’accusait de l’avoir agressée sexuellement en 2001 quand elle avait 17 ans. Le prince de 63 ans, tombé en disgrâce, a toujours contesté ces accusations.
Autre proche d’Epstein, l’agent français de mannequins Jean-Luc Brunel, inculpé pour viols sur mineurs, a été retrouvé mort pendu en prison à Paris en février 2022. Les liens avec Epstein ont aussi conduit à la chute du cofondateur d’Apollo Global Management, Leon Black, et ont terni la réputation des milliardaires Bill Gates et Leslie Wexner et de nombreux autres hommes éminents.
Du côté des banques internationales qui avaient des liens avec Epstein, l’ex-patron de Barclays James Staley a été banni de la profession bancaire en octobre dernier et JPMorgan et Deutsche Bank ont versé respectivement au printemps 290 millions et 75 millions de dollars à des victimes pour clore leurs passifs sur leurs relations avec le financier mort à 66 ans.
Avec agences
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