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Publié le 9 oct. 2023 à 7:02
C’est une rencontre qui se veut « très informelle », mais sera tout de même sous les feux des projecteurs, tant les relations entre la France et l’Allemagne inquiètent. Emmanuel Macron sera à Hambourg, lundi et mardi, accompagné d’une vingtaine de ministres français.
Ils seront reçus par le chancelier Scholz et leurs homologues allemands pour une « retraite », un « format totalement nouveau » pour les relations entre les deux pays, souligne-t-on à l’Elysée, « plus intime, qui permet de nourrir la relation au-delà des affaires courantes ».
La relation en question en a bien besoin, car les sujets de tension sont nombreux. « Aucun autre couple de pays n’a une telle intensité de rapports à tous les niveaux, mais la France et l’Allemagne sont de moins en moins alignées », résume Stéphane Beemelmans, fin connaisseur du tandem franco-allemand qui fut notamment secrétaire d’Etat à la Défense sous la chancellerie d’Angela Merkel. « Ce n’est pas tant de la défiance, selon moi, qu’un manque d’intérêt et d’empathie de part et d’autre, ce qui est presque plus difficile à gérer. »
Les sujets qui fâchent
Pourquoi Hambourg et pas Berlin ? Le lieu se veut « symbolique », indique-t-on outre-Rhin, puisque c’est à la fois la ville dont Olaf Scholz a été maire pendant sept ans et un site clé d’Airbus , l’exemple le plus emblématique de la coopération industrielle franco-allemande.
A leur arrivée, Emmanuel Macron et Olaf Scholz visiteront l’usine avant de faire une croisière sur l’Elbe. Aucune déclaration finale ni annonces ne sont prévues. Seulement une conférence de presse commune mardi. Une façon de ne pas mettre la barre trop haut. Des deux côtés, on s’est employé ces derniers jours à minimiser l’impact concret de la rencontre, en tout cas dans l’immédiat.
Pendant une journée et demie, des « sessions de travail » sont prévues pour parler « intelligence artificielle », « souveraineté technologique » et « transformation des sociétés industrielles », explique-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.
Les sujets qui fâchent – énergie, défense … – seront abordés lors d’échanges en tête-à-tête entre Scholz et Macron et les « couples » de ministres. La réforme du marché européen de l’électricité , en négociation depuis le mois de mars, est toujours aussi difficile, la question des subventions au nucléaire divisant profondément les deux pays. « Les positions des deux côtés paraissent sans appel », commente Stéphane Beemelmans. Toutes les tentatives de compromis, sous l’égide de la présidence espagnole de l’UE, ont échoué à ce jour.
Craintes de désindustrialisation
« On n’est plus du tout dans l’opposition idéologique nucléaire contre renouvelables », décrypte un expert des questions énergétiques européennes. « La vraie question, c’est celle de la compétitivité : jusqu’où la France peut-elle aller en réglementant les tarifs de son électricité ? ».
Le sujet est devenu d’autant plus sensible que l’envolée des prix de l’énergie a suscité des craintes de désindustrialisation outre-Rhin. Pour les deux nations, c’est une question fondamentale. « L’énergie est comme une plaie purulente qui risque de s’infecter de plus en plus », soupire un expert.
Char du futur
La défense fait aussi partie des sujets de tension. Promu par Berlin, le projet de système de défense aérien Sky Shield, basé sur un recours à des missiles israéliens et américains, a hérissé Paris. Si le Système de combat aérien du futur (SCAF) franco-allemand est sanctuarisé d’ici fin 2025 avec l’étude de plusieurs architectures associant avion de combat et drones, le char de combat du futur (MGCS) suscite plus d’interrogations.
Lancé en 2017, le projet ne verra pas l’arrivée d’un premier système opérationnel en 2035 mais 2040. Soucieuse de répondre à un marché en plein essor, l’industrie allemande multiplie les initiatives en la matière, afin de répondre à la concurrence américaine et coréenne.
« Changer de méthode »
Au final, la France et l’Allemagne tentent de gérer de front la protection de leurs actifs économiques et la poursuite d’un partenariat politique. Sauf que ces deux dynamiques apparaissent moins compatibles qu’avant, du fait de l’impact économique et géopolitique de la guerre en Ukraine. Une pente dangereuse, car cela sous-entend qu’on n’a plus grand-chose à faire ensemble.
« Dans la relation franco-allemande, il faut probablement changer de méthode, sortir de la logique des grands projets politiques et opter pour une logique bottom-up, qui permette d’associer des acteurs de la société civile », estime Eric-André Martin, secrétaire général du comité d’études des relations franco-allemandes, à l’Ifri. Destiné à créer de l’alchimie entre les deux dirigeants, le format de lundi est un premier pas en la matière.
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