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Publié le 3 nov. 2023 à 19:34
Alors que l’Ukraine continue de subir les attaques soutenues de drones et de missiles russes, la tenue dune élection présidentielle, prévue en mars 2024, semble de plus en plus difficile à organiser. Le président Volodymyr Zelensky s’y était dit favorable il y a quelques semaines.
Interrogé lors de la World Policy Conference à Abou Dhabi, Dmytro Kubela, le ministre des affaires étrangères ukrainien, a expliqué via un lien vidéo les « énormes difficultés » que représente la mise en place du scrutin. Il faudrait notamment changer la législation, la loi martiale en cours depuis l’invasion russe interdisant toute élection.
Avec une population partie en exil depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, ils sont 5 à 6 millions d’Ukrainiens – principalement des femmes et des enfants – qui sont maintenant partiellement ou complètement domiciliés à l’étranger. Pour offrir un accès adéquat aux électeurs, il faudrait installer des centaines de milliers de bureaux de vote dans toute l’Europe, et les pays étrangers ne sauraient accepter des bureaux hors des consulats ou ambassades. Ensuite « comment éviter que ces bureaux de vote ne deviennent des cibles pour les drones russes ? », observe Dmytro Kubela.
Autre difficulté : faire voter les Ukrainiens encore localisés dans le Donbass, en plein coeur du champ de bataille. Même problématique en ce qui concerne les soldats dans les tranchées. Rien n’est encore décidé : « nous réfléchissons à la tenue de ces élections, qui représentent des défis sans précédent », commente le ministre des affaires étrangères. « Nous sommes une démocratie, et nous voulons nous développer en tant que telle, mais vous devez comprendre les énormes difficultés que cela pose », poursuit-il.
Diplomatie
L’urgence, pour l’instant est ailleurs. Il s’agit de « persuader le Congrès américain, qui doit allouer des fonds, de continuer à soutenir l’Ukraine », explique Dmytro Kubela. Un impératif, avant la tenue de l’élection présidentielle américaine en novembre prochain. L’administration Biden propose en effet un « package » de 92 milliards de dollars pour soutenir ses alliés . Il y aurait 61,4 milliards dévolus à l’Ukraine – dont 30 milliards d’équipements et 14,4 milliards pour le renseignement et le soutien militaire via le département de la défense-.
Des fonds sont également destinés à Israël (14,3 milliards de dollars) et à Taïwan (7,4 milliards). Mais le nouveau Speaker de la Chambre des représentants, Mike Johnson, propose de découpler l’aide à l’Ukraine et à Israël , et lie la première à des économies sur l’administration fiscale.
Un autre enjeu mobilise les diplomates ukrainiens : l’élargissement de l’Union européenne à l’Ukraine. Le sujet sera abordé à Bruxelles la semaine prochaine. « Nous sommes tous européens », plaide Dmytro Kubela. « La sécurité et la prospérité de l’Union européenne dépendent de l’issue de la guerre en Ukraine et de son entrée dans l’UE », assure-t-il.
Une entrée dans l’Otan, également désirée, se fera « quand les conditions de sécurité le permettront. Pendant une phase active de conflit, ce n’est pas possible », explique-t-il.
Kiev se refuse toujours à l’ouverture de négociations avec la Russie. « Entre 2014 avec l’annexion de Crimée et février 2022, il y a eu 200 rounds de négociations, avec la France et l’Allemagne en médiateurs avec le soutien des Etats-Unis. 26 cessez-le-feu ont été annoncés. Tous ont été violés par la Russie ».
L’Ukraine refuse une paix qui se ferait au prix de l’intégrité territoriale ou de la souveraineté du pays. Selon un récent sondage, 73 % des Ukrainiens refusent toute concession territoriale et 58 % sont prêts à endurer la guerre le temps qu’il faudra.
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