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INTERVIEW BFM CRYPTO – Le fondateur de Paymium, l’une des plus vieilles bourses cryptos au monde, explique comment sa société entend se faire une place dans un écosystème crypto bouleversé.
Pierre Noizat est le fondateur de la bourse crypto française et internationale Paymium, l’une des premières bourses cryptos au monde. Toujours à sa tête, celui qui défend principalement la cryptomonnaie bitcoin livre sur sa vision de l’écosystème crypto en proie à de fortes turbulences.BFM Crypto: Pouvez-vous revenir sur la fondation de Paymium?
Pierre Noizat: Nous sommes les premiers à nous être lancés en 2011 dans la foulée de Mt Gox. A l’époque, on avait choisi de rester en France, ce qui explique que nous n’avons pas eu la croissance rapide qu’ont eu certaines bourses en étant offshore. Aujourd’hui cela nous sert aussi. Par exemple, nous avons un historique avec le régulateur en n’ayant jamais facilité le blanchiment d’argent.
Comment vous distinguez-vous de la concurrence?
Nous avons démarré avec la paire euro/bitcoin, en traçant notre route avant tout pour les bitcoiners. Après la vague des ICO en 2018, nous avons décidé d’ajouter l’ether et d’autres tokens. Mais nous faisons le choix de rester sur des cryptomonnaies qui minimisent les risques pour les investisseurs. De même nous ne faisons aucun staking, car il y a aussi un risque de perte en capital. Tout le monde a vu ce qu’il s’est passé avec FTX. Les promesses de rendement sont une chimère, la valeur d’une cryptomonnaie pouvant varier fortement à la hausse ou à la baisse, parfois de 10 ou 20% dans une journée. De même, si les brokers qui achètent et vendent pour les clients avec des cryptomonnaies détenues en propre, nous agissons comme une bourse, en mettant simplement en relation des acheteurs et des vendeurs.
Quel est votre business model?
Nous prélevons en moyenne 0,7 % des flux de trading dans le cadre de notre activité de spot trading, avec un carnet d’ordres propre à nous. Au début, on était quasiment les moins chers du marché, mais les exigences du régulateur ont augmenté.
Vous comptez aujourd’hui 250.000 clients. C’est peu face à des acteurs qui se sont lancés plus tard que vous. Comment l’expliquez-vous?
Il y a des concurrents internationaux qui sont respectables, comme Kraken. Par contre, Binance a des pratiques opaques sur différents sujets, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent ou encore sur son positionnement géographique. De même, en ce qui concerne les plateformes françaises, la plupart sont des brokers qui privilégient le gain à court terme. A ce titre, je pense que Coinhouse a causé du tort à l’écosystème: ils ont mis en danger les avoirs de leurs clients en les plaçant chez FTX. A l’inverse, nous nous inscrivons sur le long terme, nous serons encore là quand certains concurrents auront disparu.
Qu’est-ce qui vous faire dire cela?
Nous sommes en croissance et nous dépensons en fonction de nos moyens. Nous ne cherchons pas à faire de l’acquisition rapide de clients. Les pratiques de certaines plateformes françaises sont des pratiques de la finance traditionnelle. Elles sont dans les vieux schémas mentaux. Certains patrons de bourses cryptos sont dans le secteur pour les mauvaises raisons. Ils ne sont pas là pour la souveraineté numérique et monétaire des clients, mais juste pour faire de l’argent. De notre côté, nous ne sommes pas là pour faire de l’argent, ce ne sera jamais un objectif. Notre croissance reste liée à celle de bitcoin, on s’inscrit dans la durée. On a une dizaine d’années avant d’atteindre la démocratisation de masse. On est en train de basculer de la niche à l’adoption de masse progressive. La régulation est d’ailleurs un signe que nous sommes en phase d’adoption de masse.
A ce sujet, la future règlementation européenne MiCA aura-t-elle un impact sur votre activité?
Cela ne changera pas grand-chose pour nous, mais cela changera pour les bourses offshore. Nous serons encore là car nous avons intégré de bonnes pratiques, tandis que les autres acteurs peuvent disparaître. On l’a vu avec Coinhouse durant la chute de FTX. De même, la situation de Binance s’aggrave mois après mois.
Avez-vous fait une demande d’agrément PSAN?
Nous le ferons quand ce sera vraiment nécessaire. Aujourd’hui l’enregistrement nous va bien, si l’agrément devient une nécessité, nous le demanderons mais nous n’en sommes pas là. L’enregistrement est suffisant à ce stade pour nous, nos pratiques sont au carré.
Pensez-vous pouvoir obtenir un tel statut?
Nous étudions la question, mais nous n’en sommes pas certains. L’agrément ne garantit pas par ailleurs l’accès à un compte bancaire, le verrou règlementaire c’est aussi l’accès à un compte bancaire. Si on est bancarisé au nom des contraintes de conformité, c’est comme s’enregistrer mais sans travailler avec l’euro.
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