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Agnès Pannier-Runacher estime qu’une « passoire thermique classée G, c’est en moyenne 7.500 euros par an de facture d’énergie, soit 3 fois plus qu’un logement bien isolé ». Ces chiffres sont-ils réalistes?
« Je voudrais quand même dire ce que c’est qu’une passoire thermique classée G. Une passoire thermique classée G c’est 7.500 euros, en moyenne, de coût de chauffage. C’est plus de 3 fois ce que paie en moyenne un Français pour la même catégorie de logement. Je prends sur un 100 m² », a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, sur le plateau de Dimanche en politique sur France 3. Sur BFM Business, elle a ensuite estimé que les ménages payaient une facture d’énergie trois fois supérieure dans une passoire thermique que dans un logement moyen.
Ce chiffre de 7.500 euros de facture a particulièrement fait réagir. La ministre a-t-elle raison? Déjà, elle semble en réalité ne pas faire référence à l’ensemble des logements classés G (à partir de 420 kWh/m² par an) mais aux pires d’entre eux (surnommés les « G+ »), qui consomment plus de 450 kWh/m² par an.
Ces logements G+ sont ceux qui sont déjà interdits à la location depuis le 1er janvier 2023. Ce sera ensuite le tour de l’ensemble des logements G en 2025, puis les F en 2028 et enfin les E en 2034. « À compter du 1er janvier 2023, un logement est qualifié d’énergétiquement décent lorsque sa consommation d’énergie (chauffage, éclairage, eau chaude, ventilation, refroidissement…), estimée par le DPE et exprimée en énergie finale par mètre carré de surface habitable et par an, est inférieure à 450 kWh/m2 en France métropolitaine », rappelle ainsi le site service public.
Si on retient qu’il s’agit d’un logemetn G+ (avec une consommation de 450 kWh/m² par an), la ministre parle d’un appartement ou d’une maison de 100 m². Donc ce logement va nécessiter 45.000 kWh par an. Le prix du kWh EDF (Tarif Bleu) est de 0,2276 euros en option base et pour un compteur de 6 kVA. Donc il semblerait que les habitants de ce logement devront débourser même plus de 7.500 euros: ils devraient payer 10.242 euros par an en moyenne.
D’ailleurs EDF lui-même, dans un document intitulé « Tout savoir sur la consommation d’une maison chauffée à l’électricité » précisait que pour un logement classé G (dont font partie les logement G+, qui sont les pires passoires thermiques) le montant de la facture de chauffage électrique au tarif réglementé d’EDF en option base au 1er novembre 2022 était de 7.847,4 euros. Ce qui est cohérent avec les calculs précédents.
Une différence entre énergie primaire et finale
Sauf que ces calculs ont été réalisés sans prendre en compte une donnée importante: la différence entre énergie primaire et énergie finale. Le site Coénove explique: « L’énergie primaire est l’énergie contenue dans les ressources naturelles, avant une éventuelle transformation. (…) L’énergie finale est la quantité d’énergie consommée et facturée à son point d’utilisation. L’énergie primaire représente la quantité totale d’énergie nécessaire pour fournir la quantité d’énergie finale consommée par l’utilisateur, c’est-à-dire en rajoutant à cette énergie finale l’énergie nécessaire à sa production et à son transport, en intégrant les notions de rendement de production et les pertes ».
Engie précise que, « en France, depuis l’entrée en vigueur de la réglementation thermique 2020, le coefficient d’énergie primaire pour l’électricité a été établi à 2,3: cela signifie que pour 1 kWh d’électricité en énergie finale, 2,3 kWh d’énergie primaire auront été consommés en moyenne ».
Plutôt 3.700 euros de consommation théorique
Olivier Sidler, porte-parole de Négawatt, a refait les caculs pour BFM Immo. Ainsi pour un logement classé G+ de 100m², la consommation électrique du chauffage électrique sera de 3.741 euros. Elle monte à 4.492 euros avec tous les autres usages du logement (réfrigérateur, eau chaude sanitaire, plaques de cuisson, etc.). « Cela reste très élevé », déplore Olivier Sidler, mais pas autant que ce qu’annonçait la ministre. Le porte-parole de Négawatt ajoute cependant qu’il « partage le reste de son analyse ».
En cas de chauffage au gaz, la facture théorique grimperait à 5.100 euros (pour le chauffage donc et l’eau chaude sanitaire ainsi que les usages électriques restants), dont 4.335 euros pour le seul chauffage au gaz, toujours selon les calculs de Négawatt.
Toutefois, il convient de rappeler que le DPE estime une consommation d’énergie théorique, qui n’est pas nécessairement représentative de la facture effectivement payée par les résidents (qui peuvent par exemple préférer chauffer au minimum ou au contraire davantage que ce qui est recommandé).
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