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Publié le 26 sept. 2023 à 18:03Mis à jour le 26 sept. 2023 à 18:12
L’enclave du Haut-Karabakh se vide et l’Arménie s’inquiète pour sa propre survie. La quasi-totalité des 140.000 Arméniens vivant dans l’enclave, rattachée à l’Azerbaïdjan en 1920 par les bolcheviques, est en train de prendre le chemin de l’exil, selon des sources concordantes sur place.
Près de 20.000 d’entre eux, dont la plupart n’ont pu emmener que quelques affaires personnelles, sont arrivés en Arménie lundi et mardi, selon Erevan. Une file de véhicules de plusieurs dizaines de kilomètres de long patiente en amont de l’unique poste-frontière ouvert. Les passagers masculins sont contraints de descendre des véhicules pour être filmés par les soldats qui disent rechercher des criminels de guerre.
Nettoyage ethnique
Les forces azerbaïdjanaises continuent de se déployer dans l’enclave, une semaine après leur offensive éclair. Lâchées par l’Arménie, qui les avait soutenus en vain lors du précédent conflit de l’automne 2020, les forces armées du Haut-Karabakh, fortes d’à peine 6.000 soldats, ont dû signer leur reddition mercredi dernier.
L’enclave était soumise à un blocus total de Bakou depuis juin, y compris de nourriture et de médicaments, via le blocage du corridor de Latchine. Les réfugiés ont livré mardi des récits d’exécutions de civils, tortures, viols et pillages comparables aux crimes déjà commis par les soldats azerbaïdjanais il y a trois ans. Erevan a dénoncé un nettoyage ethnique. De toute façon « aucun Arménien ne voudra vivre sous la botte de Bakou », ont estimé les intervenants à un colloque organisé lundi à l’Assemblée nationale, hormis sans doute quelques personnes âgées voulant être enterrées sur la terre de leurs ancêtres. Le Haut-Karabakh est une région emblématique de l’histoire arménienne depuis le Ve siècle.
La trahison de Moscou
La France, troisième pays d’accueil de la diaspora arménienne depuis le génocide de 1915-1916, a rappelé mardi qu’elle tiendrait « pleinement responsable l’Azerbaïdjan du sort » des civils de l’enclave. Elle a ajouté que leur exode se déroulait « sous l’oeil complice de la Russie ». Cette dernière avait déployé, aux termes du cessez-le-feu de 2020, une force de 3.000 soldats qui ne s’est pas interposée durant les combats il y a huit jours. Le Kremlin estime avoir davantage besoin de bonnes relations avec la Turquie, parrain de l’Azerbaïdjan, qu’avec son allié historique mais minuscule (3 millions d’habitants), l’Arménie, souligne l’écrivain et journaliste Vahé Ter Minassian.
L’exécutif arménien contesté
Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, qui négocie depuis des mois le rétablissement de relations diplomatiques avec Ankara et la réouverture de la frontière commune, fermée depuis 1993 à cause de la dispute sur le Haut-Karabakh, devrait rencontrer le président azerbaïdjanais le 5 octobre à Grenade, en Espagne, avec la participation du président français, Emmanuel Macron, du chancelier allemand, Olaf Scholz, et du président du Conseil européen, Charles Michel. Une rencontre prévue de longue date qui n’a pas été annulée. Des manifestants réclament journellement à Erevan la destitution de Nikol Pachinian, qu’ils qualifient de traître.
Parallèlement, le président turc, Tayyip Recep Erdogan, a rencontré son allié et homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, lundi soir, au Nakhitchevan, une enclave azerbaïdjanaise en Arménie et frontalière de la Turquie. L’Azerbaïdjan revendique le contrôle du corridor de Zangezur, en territoire arménien, qui relie son territoire au Nakhitchevan. Un prélude probable à d’autres tentatives de dépecer l’Arménie : le président de l’Azerbaïdjan a déjà déclaré à plusieurs reprises qu’ Erevan était historiquement une terre azerbaïdjanaise .
Le Haut-Karabakh est seulement un « hors-d’oeuvre pour l’Azerbaïdjan », confirme à l’Assemblée nationale Tigrane Yegavian, du Centre Français de recherche sur le renseignement. Ce dernier, dont le seul budget militaire est depuis trente ans, grâce à ses hydrocarbures, équivalent à l’intégralité du budget arménien, pourrait conquérir en quelques jours le sud de l’Arménie s’il déclenchait une offensive.
Au vu de la passivité occidentale, « Aliyev a constaté que le crime paye, et va continuer », a estimé Ara Toranian, coprésident du Comité de coordination des organisations arméniennes françaises (CCAF). D’autant plus qu’il est soutenu inconditionnellement par la Turquie, bénéficie de livraisons d’armes israéliennes et que l’Europe ne semble pas mécontente de voir la zone d’influence de Moscou dans le Caucase se réduire. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait salué en Bakou un ami de l’Europe lors d’une visite à l’été 2022.
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