[ad_1]
Des responsables occidentaux indiquent au New York Times que la Russie est progressivement parvenue à surmonter les sanctions occidentales pour redresser sa production de missiles et même l’accroître par rapport à la période d’avant-guerre.
Vers une nouvelle escalade du conflit russo-ukrainien cet hiver? C’est en tout cas ce que craignent des responsables américains, européens et ukrainiens dans les colonnes du New York Times. Ils s’inquiètent plus particulièrement du rebond de la production de missiles de la Russie qui a non seulement retrouvé son niveau d’avant-guerre mais l’a même d’ores et déjà dépassé. De quoi redouter une intensification des attaques russes sur le sol ukrainien dans les mois à venir.
Dès le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pays occidentaux ont entrepris des sanctions à l’encontre du pays agresseur, lesquelles ont considérablement ralenti la production de missiles et autres armes durant au moins les six premiers mois de la guerre. Concrètement, les pays étaient dissuadés d’envoyer en Russie des micropuces, des circuits imprimés, des processeurs informatiques et d’autres composants nécessaires à la fabrication d’armes guidées avec précision.
Mais dès la fin de l’année 2022, la production militaro-industrielle russe a commencé à reprendre des couleurs, ce qui s’est traduit sur le terrain par des attaques à répétition sur le réseau électrique et d’autres infrastructures critiques, notamment militaires, de l’Ukraine.
L’Arménie et la Turquie comme zones de transit
Pour contourner les contrôles américains à l’exportation, les services de renseignement et le ministère de la défense russes ont sollicité des réseaux illicites afin de faire transiter des composants clés par d’autres pays, comme l’Arménie ou la Turquie, pour les importer plus facilement en Russie et fabriquer des missiles de croisière et d’autres armes guidées avec précision.
Un procédé qui n’est pas sans rappeler les exportations de pétrole brut russe vers l’Inde où cet or noir est raffiné puis vendu aux pays occidentaux qui appliquent un embargo depuis plusieurs mois. Les revenus issus des prix élevés de l’énergie ont particulièrement aidé le pays de Vladimir Poutine dans ce sens.
« Ils [les Russes] sont devenus de plus en plus créatifs dans leurs tentatives d’esquive », explique Matthew S. Axelrod, secrétaire adjoint du département du commerce chargé de l’application de la législation sur les exportations.
Malgré leurs efforts conjoints pour limiter l’exportation de puces vers la Russie, les régulateurs américains et européens ont du mal à contrôler ces circuits avec intermédiaires. Ce blocage est d’autant plus complexe que les puces nécessaires à la fabrication de plusieurs centaines de missiles de croisière tiendraient dans quelques sacs à dos comme le rappelle au New York Times Dmitri Alperovitch, expert en sécurité internationale et président de Silverado Policy Accelerator, un groupe de réflexion basé à Washington.
Par ailleurs, il s’agit souvent non pas de puces haut de gamme, plus faciles à tracer, mais de puces banalisées qui peuvent être utilisées dans un large éventail de produits et pas forcément à des fins militaires.
C’est dans cette optique de neutralisation des missiles russes dont la production est en hausse que le Pentagone a fourni des systèmes de défense aérienne Patriot ou encore le système Avenger et le système de défense aérienne Hawk à l’Ukraine. Mais malgré les progrès de ses infrastructures, le pays ne dispose toujours pas de systèmes de défense aérienne suffisants pour couvrir l’ensemble de son territoire et doit encore sélectionner les sites qu’il défend en priorité, ce qui fait redouter une intensification des frappes russes.
Deux fois plus de chars et d’obus d’artillerie fabriqués
Concrètement, cette augmentation de la production militaro-industrielle se manifeste par des doublements des capacités de fabrication russes par rapport à l’avant-guerre: d’une part pour le nombre de chars, passé de 100 à 200 par an aujourd’hui, et d’autre part pour le nombre d’obus d’artillerie qui atteint les deux millions par an selon des responsables occidentaux cités par le journal américain.
Ce rebond permet à Moscou de produire désormais plus de munitions que les États-Unis et l’Europe combinés, le haut fonctionnaire du ministère estonien de la défense Kusti Salm estimant qu’elle est sept fois supérieure. Selon lui, la Russie est aussi aidée dans cette progression fulgurante par des coûts de production bien inférieurs à ceux de l’Occident aux prix d’une sécurité et d’une qualité moindres. La fabrication d’un obus d’artillerie de quelque 150 millimètres coûte 600 dollars à la Russie, soit presque dix fois moins qu’à un pays occidental.
Cependant, cette forte hausse de la production doit être mise en relation avec leur niveau d’utilisation par les forces russes. La Russie n’a pas en réalité d’importants stocks de missiles car elle en consomme énormément, environ 10 millions d’obus d’artillerie ont été tirés l’année dernière. Dès lors, Moscou doit trouver d’autres sources pour augmenter ses stocks et ses tentatives pour conclure un accord sur les armes avec la Corée du Nord s’inscrit dans cette logique.
Une pénurie de propergol et d’explosifs de base qui pourrait poser problème
Les États-Unis et l’Union européenne disposent d’une liste commune de 38 catégories d’articles dont l’exportation vers la Russie est restreinte, neuf d’entre elles étant à bloquer en priorité car il s’agit principalement de produits microélectroniques nécessaires à la fabrication de missiles et de drones.
Les responsables américains et européens ont également collaboré avec le système financier afin de mettre au point un système d’alerte pour avertir les gouvernements en cas de violations des sanctions. Outre-Atlantique, les banques ont ainsi identifié 400 transactions suspectes qui ont fait l’objet d’une alerte. Il y a quinze jours, Arthur Petrov a été arrêté et inculpé par le ministère de la Justice en raison d’accusations selon lesquelles il aurait acquis des puces microélectroniques auprès d’exportateurs sur le sol américain pour les envoyer à Chypre, en Lettonie ou au Tadjikistan où d’autres entreprises ont pris le relai pour les acheminer vers la Russie.
Mais l’action des pays occidentaux, que la Russie arrive donc bien souvent à contourner, n’est pas forcément la principale menace qui pèse sur la production russe de munitions, de missiles et de bombes. Et pour cause, le pays est confronté en interne à une pénurie de propergol et d’explosifs de base qui sont des matériaux plus difficiles à faire transiter en contrebande que les circuits imprimés. Enfin, la forte augmentation des taux d’intérêt russes alourdit considérablement le coût de la hausse de la production militaire russe. A ce niveau, les sanctions occidentales et la persistance de Moscou à vouloir les contourner ont directement pesé sur la santé globale de l’économie russe.
[ad_2]
Source link