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Publié le 11 sept. 2023 à 17:37Mis à jour le 11 sept. 2023 à 21:19
Au Maroc, le drame humain (plus de 2.800 morts selon un bilan provisoire) va se doubler d’un drame économique. La grande majorité des victimes du tremblement de terre de vendredi dernier n’était pas assurée en cas de destruction de leur maison, véhicule ou bien professionnel.
Le sinistre est difficile à quantifier, jugent les assureurs et réassureurs réunis à Monaco ces jours-ci pour les traditionnels Rendez-vous de septembre, qui ouvrent les négociations annuelles et dressent le bilan des catastrophes naturelles. Seule certitude : « les pertes pour les assureurs seront bien moindres qu’en Turquie », affirme Jean-Paul Conoscente, directeur général de la branche dommages de SCOR.
Grand écart
Le séisme qui a frappé le Turquie et la Syrie en février dernier est à ce jour la catastrophe naturelle la plus meurtrière depuis 2010 (séisme à Haïti et vague de chaleur en Russie), avec plus de 50.000 morts. Il a aussi coûté 40 milliards de dollars à la Turquie et 5 milliards à la Syrie, selon Munich Re.
Sur ces pertes financières totales, seuls 5 milliards de dollars devraient être payés aux victimes par les assureurs, a calculé l’organisme indépendant Cresta. Soit à peine plus de 10 % des sinistres.
Au Maroc, « l’écart entre pertes économiques et pertes assurées devrait être encore plus important qu’en Turquie, juge Robert Mazzuoli, analyste chez Fitch Ratings. Nous nous attendons à une couverture très basse des assureurs et des réassureurs. La situation est, hélas, avant tout une catastrophe humanitaire. »
Hormis Marrakech, l’événement a surtout touché des zones rurales et pauvres, où l’assurance est méconnue et inaccessible. Qui plus est, « les maisons ne sont pas construites pour résister aux séismes, rappelle Thierry Léger, directeur général de SCOR. S’ils cherchent à s’assurer, il est très difficile de couvrir une maison qui peut tout simplement s’effondrer lors d’un tremblement de terre. »
Fonds public
Le Maroc dispose d’un Fonds de lutte contre les effets des catastrophes naturelles (FLCN), mais son action a été réorientée de l’indemnisation vers la prévention des sinistres. En 2020, le pays a instauré un nouveau régime indemnitaire pour les personnes assuréeset un fonds national de solidarité pour les plus pauvres, mais les régimes privé et public combinés peuvent seulement verser « environ 100 millions de dollars d’indemnités chaque année », indique la Banque mondiale. Or, les inondations, sécheresses et séismes coûtent chaque année plus de 575 millions de dollars au pays, selon l’institution.
La situation de crise au Maroc « nous rappelle le déficit de protection » qui touche la plupart des régions du monde, pointe Jean-Jacques Henchoz, directeur général d’Hannover Re. Swiss Re estime que 76 % des richesses exposées aux catastrophes naturelles n’étaient pas assurées en 2022, soit un déficit de primes d’assurance de 368 milliards de dollars. Un montant en hausse de 50 % en dix ans, sous le double effet de la hausse du PIB mondial et du dérèglement climatique.
Pour améliorer la situation, les réassureurs veulent promouvoir l’assurance paramétrique (produits d’assurances dont la garantie entre en jeu dès qu’un seuil préétabli est atteint, qu’il s’agisse de sécheresse ou d’inondations, par exemple), jugée moins coûteuse car le traitement du dossier ne nécessite pas l’intervention d’un expert, ou la création de groupements de partage des risques entre Etats et assureurs.
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