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(BFM Bourse) – Riyad a pris de court le marché mardi en annonçant la prolongation de ses réductions de production de sorte à soutenir les cours de l’or noir. Le Royaume a besoin actuellement de prix élevés de sorte à pouvoir financer le plan d’investissements ambitieux du prince Mohammed ben Salmane.
Riyad a encore une fois montré sa détermination à soutenir les prix du pétrole. L’Arabie saoudite a annoncé mardi maintenir la prolongation de ses coupes de production, d’une ampleur d’un million de barils par jour, pour trois mois.
Cette annonce a apporté un coup de pouce aux cours de l’or noir, permettant notamment au baril de Brent de dépasser les 90 dollars, ce pour la première fois depuis novembre 2022.
Les coupes de l’Arabie saoudite avaient été annoncées pour la première fois en juin et ont pris effet en juillet. La production du royaume se situe désormais à 9 millions de barils par jour. La Russie a, elle, annoncé le maintien de la réduction de ses exportations pour trois mois.
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Déficit sur le marché
Avec les prolongations de ces réductions de production de la part de l’Arabie saoudite et de la Russie (23% de la production mondiale à eux deux), UBS s’attend à ce que le marché du pétrole accuse un déficit du côté de l’offre de plus de 1,5 million de barils par jour au quatrième trimestre de cette année. « Ainsi, les stocks de pétrole devant continuer à baisser au cours des prochains mois, nous prévoyons une hausse du Brent à 95 dollars le baril d’ici à la fin de l’année », souligne la banque suisse.
C’est justement la stratégie de l’Arabie saoudite: tenter de faire remonter les prix et d’éviter des cours trop bas, d’ici à ce que le marché se stabilise à des niveaux élevés.
« Nous continuons à penser que l’Arabie saoudite ne réduira la baisse sa production que lorsqu’elle estimera que le marché pétrolier est suffisamment stable pour le justifier (c’est-à-dire lorsque les stocks mondiaux de pétrole sont plus bas qu’aujourd’hui) », explique UBS.
Diversification et ville futuriste
C’est que des cours élevés du pétrole sont une nécessité pour Riyad. « L’Arabie saoudite est en train de maximiser son revenu pétrolier car elle a besoin de cet argent pour investir dans d’autres secteurs, notamment dans les ressources minières. Le pays est en train d’accorder des licences de recherches de minerai sur son territoire, car les métaux seront le pétrole de demain en raison de la transition énergétique », souligne Benjamin Louvet, directeur de la gestion des matières premières chez OFI Invest Asset Management.
« L’Arabie saoudite souhaite maintenir les prix à un niveau plus élevé, car elle a des dépenses massives en termes d’engagement dans ses projets d’infrastructures, qui vont changer le pays pour toujours », rappelle de son côté Naeem Aslam, de Zaye Capital.
En 2016, le prince héritier du royaume, Mohammed ben Salmane (surnommé « MBS ») a lancé un important plan « Vision 2030 », qui doit permettre au pays de préparer l’après-pétrole, en hissant le secteur privé non pétrolier comme le principal moteur de croissance du pays. Selon Goldman Sachs, plus de 2000 milliards de dollars d’investissements (200% du PIB de l’Arabie Saoudite) d’ici à 2030 ont été annoncés dans le cadre de ce plan. Un chiffre impressionnant, d’autant qu’il s’ajoute, selon la banque américaine, à un autre programme d’investissement dans le secteur privé (programme appelé Shareek) de 1300 milliards de dollars, soit un total de 3300 milliards de dollars.
Evidemment le projet le plus emblématique du Royaume demeure probablement celui de la ville futuriste Neom, avec des gratte-ciels massifs recouverts de miroirs et estimé à 500 milliards de dollars, selon Goldman Sachs. On peut également citer les vastes projets de développement immobiliers du promoteur Roshn, à 90 milliards de dollars. « Il reste à voir quelle partie de ces investissements seront financés via le budget (du pays, NDLR). Mais nous pensons qu’une augmentation significative des dépenses d’investissement du gouvernement est probable dans les années à venir. Ces dépenses seront principalement financées par les recettes pétrolières », expose Goldman Sachs.
Selon les calculs de Bloomberg Intelligence, l’Arabie Saoudite aurait besoin d’un baril proche des 100 dollars pour financer ces lourds investissements.
Des risques limités pour Riyad
D’où cette stratégie qui consiste à maximiser la valeur plutôt que les volumes. D’autant que Riyad a des marges de manœuvre.
« L’Arabie saoudite peut se permettre de privilégier les prix face aux volumes, car leur influence de marché s’est renforcée. Les découvertes de pétrole dans le monde se font de plus en plus rares et les Occidentaux investissent de moins en moins. Cela a renforcé les pays dont les coûts d’extraction sont plus faibles ainsi que les sociétés pétrolières nationales (par exemple Saudi Aramco). Leur importance a grandi et il est plus facile pour eux de contrôler le marché. D’autant qu’ils agissent de concert avec la Russie », développe Benjamin Louvet.
L’expert relativise également le risque de perte de part de marché auquel fait face le pays. « Si l’Arabie Saoudite baisse sa production et que d’autres pays la maintiennent, elle perd évidemment des parts de marché, mais cela reste marginal (moins de 1% de la production mondiale). Et, compte tenu des hausses de prix, l’effet est neutre pour eux. De plus, il existe peu de candidats qui peuvent rapidement augmenter leur production pour grignoter des parts de marché, si ce n’est les pétroliers de schiste américain. Sauf qu’on constate que les forages dans le schiste américaine tardent à remonter et commencent même à reculer ».
Reste que fin juillet, le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé sa prévision de croissance de l’Arabie saoudite à 1,9% cette année, alors qu’il tablait encore sur 3,1% en mai, en raison des baisses de production. Par ailleurs, les recettes fiscales se tassent. Selon le Trésor français, l’Arabie saoudite a accusé un léger déficit budgétaire au premier trimestre et table sur un excédent pour cette année de 4,3 milliards de dollars, contre 27 milliards en 2022, une année qui constituait certes un record.
Y a-t-il un risque budgétaire pour le pays? « Ce n’est pas vraiment un sujet, car l’Arabie dispose de réserves dans lesquelles elle peut puiser si besoin », tranche Benjamin Louvet
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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