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Publié le 4 sept. 2023 à 14:00Mis à jour le 4 sept. 2023 à 14:26
Elle est magnifique, avec ses belles fleurs bleu lavande, et ses feuilles d’un vert profond. Et pourtant, la jacinthe d’eau est particulièrement nocive. Proliférant à vitesse grand V dans des atmosphères tropicales, elle détruit les écosystèmes aquatiques en étouffant les autres plantes, complique les déplacements en bateau (donc la pêche dans certaines régions), favorise la reproduction de moustiques porteurs de maladies… Une calamité.
La jacinthe d’eau est la plus répandue des espèces exotiques envahissantes de la planète, mais c’est loin d’être la seule. Le renard roux, la fourmi folle, l’escargot géant africain, la rascasse volante, mais aussi, en France, l’ambroisie, le frelon asiatique, ou le moustique tigre : tous figurent également parmi les milliers d’espèces invasives recensées dans le rapport que vient de publier la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémique, l’IPBES – le pendant du Giec pour la biodiversité.
Dommages irréversibles
Un rapport en forme de cri d’alarme : plantes, animaux, ou microorganismes invasifs constituent une menace mondiale majeure, pour la biodiversité, l’économie, ou encore la santé humaine. Ces espèces« peuvent causer des dommages irréversibles à la nature […] et menacent le bien-être humain », a insisté la Britannique Helen Roy, coprésidente de l’évaluation, à l’issue de la session de l’IPBES qui s’est tenue la semaine dernière sous l’égide de l’ONU à Bonn, en Allemagne.
Publié ce lundi, le rapport de l’IPBES est accompagné d’un résumé pour décideurs, dont chaque terme a été approuvé par les 143 Etats membres de l’IPBES. « Il s’agit de l’évaluation la plus complète jamais réalisée sur le sujet », insiste Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES. « C’est le résultat de 4 ans et demi de travail, mené par 86 auteurs experts, à partir de 13.000 articles scientifiques. »
L’IPBES a décidé de se pencher sur le sujet après la publication de son rapport fondateur, en 2019 : les scientifiques avaient alors identifié les espèces exotiques invasives comme le cinquième facteur de perte de biodiversité dans le monde (derrière la destruction des milieux naturels pour l’urbanisation ou le transport, la surexploitation des espèces, les pollutions, et le changement climatique). « C’était l’une des causes les moins bien connues et les moins bien décrites », indique Anne Larigauderie.
Synthèse des connaissances scientifiques à ce jour, le rapport de l’IPBES recense 37.000 espèces exotiques dans le monde, dont plus de 3.500, soit environ 10 %, ont un impact négatif sur la biodiversité, l’économie, la sécurité alimentaire, ou la santé humaine.
Extinctions d’espèces
Introduits, volontairement ou non, dans des milieux naturels qui n’étaient pas les leurs, ces espèces invasives ont ainsi joué un rôle majeur dans 60 % des extinctions mondiales constatées, et ont même été le seul facteur pour 16 % d’entre elles. Notamment sur les îles : le rat noir a par exemple causé la disparition du rat Oryzomyini (rat du riz), endémique des Galapagos.
Certaines espèces, importées pour répondre à des besoins de la population, ont causé plus de mal que de bien. Utilisé comme appât pour la pêche, le crabe enragé (ou crabe vert) a été introduit sur de nombreux littoraux, et menace désormais le commerce de coquillages de la Nouvelle-Angleterre, aux Etats-Unis, et du Canada. D’autres circulent involontairement, comme le moustique tigre (qui se développe en France, introduit via le commerce de pneus usagés), porteur de maladies comme la malaria, la dengue, la fièvre jaune, ou encore la fièvre du Nil occidental.
Tous les pays, et tous les milieux sont concernés. Selon le rapport, 34 % des impacts ont été signalés dans les Amériques, 31 % en Europe et en Asie centrale, 25 % en Asie-Pacifique, et environ 7 % en Afrique. « Il s’agit du pourcentage d’études documentées, or les pays africains ont insisté sur le fait que ce dernier chiffre est sans doute largement sous estimé… », rapporte Anne Larigauderie.
Impact économique énorme
Ces espèces ont déjà un impact énorme sur les économies. L’IPBES estime leur coût annuel à 423 milliards de dollars, « et il augmente de façon exponentielle : il est multiplié par quatre tous les dix ans », insiste Franck Courchamp, chercheur au CNRS et auteur de l’IPBES.
Si une petite partie de ces dépenses est liée à la prévention ou au contrôle, l’essentiel provient des dommages : « les pertes agricoles, l’impact sur la santé, sur l’infrastructure lorsque des animaux abîment des bâtiments ou des berges, ou encore sur l’immobilier en cas d’invasion de fourmis, par exemple », énumère le chercheur. « Et encore, ce chiffre n’est que la partie émergée de l’iceberg, car il n’est qu’une compilation des études réalisées. Or il y a encore d’énormes trous béants dans la recherche. »
Les solutions existent
Si l’objectif du rapport est de sensibiliser le grand public à la question, il est aussi d’inciter les gouvernements à prendre le taureau par les cornes. De la prévention à l’éradication, les solutions existent. La COP15 sur la biodiversité , qui s’est tenue en décembre à Montréal au Canada, a d’ailleurs fixé pour objectif de réduire l’introduction et l’implantation des principales espèces exotiques envahissantes de 50 % d’ici à 2030.
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