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Le coup d’arrêt est net. Le cours du constructeur automobile VinFast s’est effondré de plus de 50 % depuis mardi, ce qui correspond à plus de 100 milliards de dollars de capitalisation effacés. Un crash largement attendu sur les marchés. Le célèbre vendeur à découvert Jim Chanos l’avait ainsi décrit lundi comme « un meme stock à 200 milliards de dollars ». Une référence à ces valeurs aux fondamentaux économiques désastreux, tirées uniquement par l’enthousiasme des boursicoteurs.
De fait, il y a peu de chances de croiser ses véhicules sur les routes. VinFast n’a écoulé que 7.400 voitures électriques l’an dernier, tous au Vietnam. Il espère en livrer 50.000 cette année dans le monde. Et pourtant, même après ce violent retournement boursier, sa capitalisation de 83 milliards de dollars reste supérieure à celle de la plus grande banque européenne, BNP Paribas. VinFast demeure ainsi l’un des constructeurs automobiles les mieux valorisés en Bourse, derrière Tesla, Toyota, Porsche et BYD. Il devançait encore ces deux derniers en début de semaine.
Des professionnels atterrés
Un véritable tour de force pour cette marque créée en 2017 et largement inconnue du grand public. Son entrée en Bourse est encore plus récente. VinFast s’est introduit sur le Nasdaq en fusionnant avec un Spac le 15 août dernier. Son ascension boursière fulgurante a fasciné les boursicoteurs et atterré des professionnels, depuis longtemps sceptiques face à cette entreprise.
C’est notamment le cas de Xiadong Bao, un gérant d’Edmond de Rothschild AM, qui est allé visiter les locaux de l’entreprise au Vietnam. « Ils ont mis le paquet sur les relations avec les investisseurs, leur priorité était clairement d’entrer en Bourse, alors qu’ils restaient vagues sur l’opérationnel », explique-t-il. Le développement commercial effréné du groupe vietnamien, sans commune mesure avec ses capacités de production, l’a également alerté.
Rien qu’en France, la société a déjà ouvert deux « showrooms » à Paris, dont l’un dans le très chic triangle d’or. Il en compte d’autres à Rennes, Nice, Aix-en-Provence ou encore Montpellier. « C’est un modèle qui risque de brûler du cash à grande vitesse », cingle-t-il. Les résultats financiers s’en ressentent, avec des pertes colossales ces dernières années, dont près de 600 millions de dollars au premier trimestre.
Flottant limité
VinFast avait évoqué son désir de s’introduire en Bourse aux Etats-Unis dès la fin 2021. La société avait même entamé des démarches en vue d’une IPO traditionnelle et enrôlé de grandes banques pour préparer le terrain auprès des investisseurs, dont Citigroup, Credit Suisse et JPMorgan. « Face au peu d’appétit des investisseurs, ils ont choisi la voie du Spac par défaut », estime David Autin de Richelieu Gestion.
Mais même-là, les investisseurs n’ont pas montré un enthousiasme démesuré. Le Spac en question, Black Spade, approchait de la date limite pour trouver une cible lorsque VinFast s’est présenté. Le constructeur de véhicules électriques est apparu comme l’opération de la dernière chance. Et lorsque les investisseurs ont eu l’opportunité de retirer leurs fonds en amont de la fusion avec VinFast, 84 % d’entre eux ont choisi de quitter le navire…
Résultat, le flottant, c’est-à-dire la proportion du capital effectivement en circulation sur le marché, est extrêmement faible, à 0,3 % environ. Le reste est directement ou indirectement entre les mains du fondateur, l’homme le plus riche du Vietnam, qui a fait fortune dans l’immobilier notamment.
Volatilité extrême
Un flottant aussi réduit favorise la spéculation. Un investisseur peut facilement faire bouger les cours, même avec des ordres de taille modeste. « Certains jours, les volumes échangés sur le titre sont supérieurs à son flottant, ce qui contribue à la volatilité extrême du titre », note David Autin.
La très faible liquidité du titre lui offre également une sorte de protection face aux fonds spéculatifs. Pour vendre des titres à découvert, il faut en effet pouvoir les emprunter. Or, les actionnaires de VinFast ne se pressent pas pour les proposer.
Seuls 20.000 titres sont disponibles à l’emprunt, selon S3 Partners, pour 7,2 millions d’actions en circulation et un capital composé de 2,3 milliards de titres au total. Avec des frais d’emprunt extrêmement élevés, à plus de 200 % du nominal, contre une moyenne de 0,3 % pour les actions en général.
En l’absence de vendeurs à découvert pour corriger les excès de valorisation, VinFast pourrait bien poursuivre les embardées violentes en Bourse, quitte à risquer la sortie de route.
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