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Confirmée dans la nuit par le groupe Wagner qu’il avait créé, la mort d’Evgueni Prigojine et de son principal bras droit, suscite peu d’éloges funèbres et d’hommages. Bien au contraire. Personnage ambigu, souvent chargé des basses oeuvres de Vladimir Poutine, la mort du patron de Wagner est avant tout vue comme, le résultat d’une probable vengeance du maître du Kremlin.
A Washington, le président américain Joe Biden s’est ainsi dit « pas surpris » de la mort, qui n’était pas encore confirmée, du patron de Wagner. « Peu de choses ne se passent en Russie sans que Poutine n’y soit pour quelque chose », a-t-il lancé.
Les « doutes raisonnables » de Paris
C’est donc la thèse d’une probable punition décidée par Moscou qui domine les premiers commentaires, alors que l ‘enquête des autorités russes ne fait que commencer , et que la presse russe ne fait pas sa Une sur cette histoire et la traite comme un fait divers.
A Paris, Olivier Véran, interrogé sur France 2, a estimé que si « on ne connaît pas encore les conditions dans lesquelles ce crash a eu lieu. On peut avoir des doutes raisonnables ». Et d’ajouter qu’Evguéni Prigojine était avant tout « l’homme des basses oeuvres de Poutine. Ce qu’il a commis est indissociable de la politique de Poutine qui lui avait confié la responsabilité de mener ces exactions à la tête du groupe Wagner ». Pour le porte-parole du gouvernement, « Prigojine laisse derrière lui des charniers. Il laisse derrière lui une pagaille dans une grande partie du globe, je pense à l’Afrique, à l’Ukraine, à la Russie elle-même ».
La même prudence est de mise à Berlin où la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a mis en garde contre la tentation de spéculations hâtives. « L’accident s’est produit il y a seulement quelques heures, on ne peut donc pas tirer des conclusions rapides », a-t-elle déclaré au micro de la radio Deutschlandfunk. Pour autant, a-t-elle encore souligné, «ce n’est pas un hasard que le monde entier regarde maintenant vers le Kremlin quand un ex-proche de Poutine en disgrâce tombe littéralement subitement du ciel deux mois après avoir tenté une rébellion».
Avant de conclure que cet incident démontre une nouvelle fois « qu’un système, qu’un pouvoir, qu’une dictature construite sur la violence, ne connaît que la violence ». Et de rappeler que par le passé « des membres de l’opposition, des journalistes ou des gens ordinaires tombaient par les fenêtres ou étaient empoisonnés ».
Même à Moscou, la thèse de l’élimination n’est pas totalement écartée, du moins officieusement. Un responsable du gouvernement russe, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a ainsi rappelé au quotidien « The Moscow Times » que non loin du lieu de l’accident sont postées quatre divisions de systèmes de défense antimissile. « Regardez comment (l’avion) est tombé : il est tombé du ciel, il a été abattu » explique encore cette source au quotidien indépendant lancé en 1992 pour la communauté étrangère de Moscou et les hommes d’affaires russes.
Un signal de Poutine aux élites russes, selon Kiev
La thèse de l’élimination du patron de Wagner ne fait également aucun doute pour Kiev. « L’élimination spectaculaire de Prigojine et du commandement de Wagner deux mois après (leur) tentative de coup d’Etat est un signal de Poutine aux élites russes avant les élections de 2024 », a ainsi écrit sur X (ex-Twitter), Mykhailo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne. « Poutine ne pardonne à personne », a-t-il expliqué en faisant allusion à la courte rébellion menée au début de l’été.
Sa mort pourrait démanteler la présence de Wagner au Bélarusse »
Svetlana Tikhanovskaïa Meneuse de l’opposition bélarusse en exil
De son côté, Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron en disgrâce d’Ioukos qui vit désormais en exil reprend aussi cette idée. Pour lui cette mort, « semble être la dernière exécution extrajudiciaire en date. Si la Russie était un pays normal, une rébellion devrait faire l’objet d’un procès, voire d’une amnistie. Quoi que vous pensiez du personnage, il est inadmissible de tuer quelqu’un sans procès, surtout s’il ne se cachait pas. Mais dans le monde dans lequel Poutine opère – le monde des gangsters – c’est la seule façon de faire les choses ».
Quant à Abbas Gallyamov, ancienne « plume » de Vladimir Poutine devenu opposant au Kremlin et que les autorités russes considèrent comme un « agent étranger », il suggère que Vladimir Poutine aurait orchestré l’incident et renforcé ainsi son autorité. Alors qu’il devrait briguer l’an prochain un nouveau mandat à la tête du pays.
Quant à la meneuse de l’opposition bélarusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, elle assène, en guise d’éloge funèbre qu’Evgueni Prigojine, était un « meurtrier » qui « ne manquera à personne ». Et espère sur X que « sa mort pourrait démanteler la présence de Wagner au Bélarusse », pays allié de Moscou.
De son côté, le maître du Kremlin n’a mentionné ni le crash de l’appareil, ni le nom d’Evgueni Prigojine, ni même celui du groupe Wagner. Au moment du crash, il a pourtant prononcé un discours à l’occasion du 80e anniversaire de la bataille de Koursk au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il a toutefois salué le « dévouement » et la « loyauté » des soldats russes en Ukraine, qui « combattent avec courage et détermination ».
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